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Covid-19 : la France va t-elle pouvoir se passer du vaccin AstraZeneca ?

Ce centre de vaccination a été contraint de fermer ses portes faute de volontaires pour recevoir le vaccin AstraZeneca, à Nice le 18 avril 2021. Mal-aimé des Français, le vaccin d’AstraZeneca est pourtant un pilier de la stratégie vaccinale du pays qui doit entamer son déconfinement au mois de mai. L’exécutif réfléchit actuellement aux moyens de calmer la défiance de la population en attendant de pouvoir miser sur d’autres sérums. Est-ce la chronique d'une mort annoncée ? Le vaccin AstraZeneca ne trouve plus preneur en France. Le week-end dernier à Nice, un centre de vaccination a été contraint de fermer ses portes plus tôt que prévu. Sur les 4 000 doses disponibles ce jour-là, seules 58 personnes se sont portées volontaires pour recevoir une injection du sérum anglo-suédois. De Paris à Amiens, en passant par Beauvais ou encore Tours, des centres proposant des doses d'AstraZeneca pour les personnes de plus de 55 ans enregistrent des flops retentissants. 
Si les autorités invoquent des problèmes d'organisation pour expliquer ces échecs, elles reconnaissent également une méfiance largement partagée au sein de la population vis-à-vis d'un vaccin soupçonné de provoquer de rares cas de thromboses. En mars, la France et d'autres pays avaient suspendu son utilisation quelques jours avant de reprendre les injections dans la foulée du feu vert de l'Agence européenne du médicament. D'abord recommandé pour les jeunes avant d'être réservé aux plus de 55 ans, AstraZeneca souffre d'une image catastrophique dans l'Hexagone. Selon un sondage Odoxa publié le 8 avril, 71 % des personnes interrogées ne souhaitent pas se faire vacciner avec AstraZeneca. Interrogé par le journal Le Monde, un proche du président Macron résume bien l'état d'esprit des Français. "Le résultat, c'est que tout le monde veut avoir le Pfizer, y compris des publics éligibles dès maintenant à 'l'Astra', mais qui préfèrent attendre le soi-disant 'bon' vaccin !". Emmanuel Macron a lui-même reconnu mardi 20 avril lors d'une réunion à l'Élysée "des difficultés pour convaincre sur l'AstraZeneca". >> À voir sur France 24 : L'ENTRETIEN - Pr Alain Fischer : "AstraZeneca est un vaccin sûr et efficace pour les plus de 55 ans" Rétablir la confiance Au somment de l'État, le désamour des Français vis-à-vis du vaccin mis au point par l'université d'Oxford est pris très au sérieux. Le gouvernement réfléchit actuellement à une campagne de communication portée par des célébrités ou des visages connus du petit écran pour rétablir la confiance dans ce vaccin. Matignon aurait notamment suggéré le nom de la chanteuse Sheila pour tenter de convaincre les plus de 55 ans. "Cela peut être intéressant, mais cela peut aussi avoir un effet boomerang, prévient le médecin Jean-Louis Koeck joint par France 24. "D'une manière générale, il faut avoir une communication plutôt sobre, qui doit passer par les meilleurs relais que sont les professionnels de santé de terrain", ajoute ce professeur à l'origine d'une plateforme numérique d'information et d'expertise sur les vaccins. En attendant, l'exécutif continue d'affirmer son attachement à AstraZeneca en relayant la parole des scientifiques : les bénéfices d'AstraZeneca sont largement supérieurs aux risques. Un message que Jean Castex devrait à nouveau marteler lors de sa conférence de presse sur le calendrier du déconfinement prévue à 18 heures. Pour le gouvernement, l'enjeu est de taille car AstraZeneca, malgré ses déboires, reste l'un des piliers de la stratégie vaccinale française. Prochaine étape clé de cette stratégie :  le 24 avril avec l'ouverture de la vaccination, à environ 400 000 travailleurs de plus de 55 ans jugés prioritaires comme les caissiers, les chauffeurs de taxi ou encore les agents d'entretien. Pour le moment, les autorités refusent de revenir sur les objectifs fixés, indissociables d'un allègement des restrictions sanitaires. Il s'agit toujours d'avoir vacciné 20 millions de personnes mi-mai et 30 millions dans le courant du mois de juin. Selon les données de Santé publique France, plus de 13 millions de Français avaient reçu au moins une dose mercredi soir.  Un outil utile dans l'immédiat Cependant, l'avenir d'AstraZeneca semble compromis en France et dans l'Union européenne qui préparerait contre le laboratoire une action en justice pour sanctionner notamment ses retards de livraisons. Désormais, Bruxelles miserait sur Pfizer. Selon le journal Les Échos, la Commission serait en train de négocier 900 millions de doses du vaccin élaboré par le géant pharmaceutique américain et son partenaire allemand BioNTech pour 2022, et autant pour 2023. Dans le même temps, l'UE a indiqué mercredi qu'elle n'exercerait pas ses options pour la livraison de 300 millions de doses supplémentaires de vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson contre le Covid-19, sans préciser si d'autres contrats seraient signés à l'avenir avec ces deux groupes. "La décision n'est pas tranchée", mais le plus probable est que l'UE ne fasse pas de nouvelles commandes a expliqué le 16 avril sur RMC la ministre de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher. Deux jours plus tôt, le Danemarkavait annoncé l'abandon pur et simple de l'utilisation du vaccin AstraZeneca pour des raisons de sécurité sanitaire, une première en Europe. "Chaque situation est différente. Au Danemark, vous avez très peu de circulation du virus. Cela peut donc être une décision raisonnable d'abandonner AstraZeneca, mais ce ne le serait pas chez nous où le virus circule beaucoup plus", tempère Jean-Louis Koeck. "Dans notre situation, il est clair qu'il est préférable d'être vacciné avec AstraZeneca à partir d'un certain âge que de ne pas être vacciné". Si l'objectif à long terme est donc de faire sans AstraZeneca, il est difficile de s'en passer dans l'immédiat et ceci malgré l'arrivée prochaine du sérum de Johnson and Johnson. Des effets secondaires rares, similaires à ceux observés chez des patients ayant reçu une dose d'AstraZeneca ont effet été enregistrés aux États-Unis. Ce nouveau venu pourrait donc susciter les mêmes craintes en France que son homologue anglo-suédois. Reste une question : que faire des doses qui n'ont pas trouvé preneur ? Certains professionnels s'inquiètent de voir leur date de péremption arriver à grand pas et craignent de devoir les jeter à la poubelle. Pour y remédier, des pharmaciens et des médecins appellent à une nouvelle répartition des doses d'AstraZeneca, trop nombreuses selon eux dans les centres de vaccination, mais insuffisantes en cabinet ou en officine.

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