Coupe du monde de rugby : les tops et les flops de l’édition 2023
Pendant toute la Coupe du monde, France 24 vous a proposé une émission hebdomadaire pour suivre les moments forts de cette compétition. La dernière, après la finale remportée par l'Afrique du Sud, a été l'occasion de passer en revue les tops et les flops de cette dixième édition marquée une fois de plus par la domination de l'hémisphère Sud.
Sept semaines de compétition, 48 matches dans neuf stades français, plusieurs centaines de milliers de supporters étrangers accueillis dans l’Hexagone... Le rideau vient de tomber sur la Coupe du monde 2023 avec la courte victoire de l’Afrique du Sud contre la Nouvelle-Zélande (12-11). Au côté du consultant Bakary Meïte, les journalistes Olivier Bras, Benoît Perrochais et Eliott Samuel, qui ont suivi cette Coupe du monde pour France 24, proposent leurs tops et leurs flops à l’issue de cette dixième édition. Ils les expliquent dans la vidéo ci-dessus.
Les tops
Will Jordan, le serial marqueur
L’ailier néo-zélandais a marqué de son empreinte cette compétition en égalant le record d’essais marqués sur une seule édition (huit) que détiennent ses compatriotes Jonah Lomu (1995) et Julian Savea (2015), à égalité avec le Sud-Africain Bryan Habana (2007). Il rêvait de le dépasser lors de la finale contre l’Afrique du Sud. Sevré de ballon, Will Jordan n'a pas pu se mettre en valeur et marquer. Arrivé chez les All Blacks il y a seulement trois ans, ce joueur de 25 ans devrait pouvoir signer d’autres records dans sa carrière internationale au vu de ses statistiques impressionnantes : en 31 matches avec les All Blacks, il a marqué 31 essais.
Le Portugal prend de la hauteur
Depuis le 15 octobre, les Lobos pointent à la 13e place du classement mondial, un record historique. Ils n’ont en effet jamais figuré aussi haut dans la hiérarchie mondiale. Dernière équipe qualifiée pour cette édition 2023 au terme d’un long parcours, les rugbymen portugais craignaient de manquer de temps de préparation pour réaliser une belle compétition. Après une défaite contre le pays de Galles (8-28), ils ont réussi à obtenir un superbe match nul contre la Géorgie (18-18) avant de créer l’exploit en battant les Fidji (24-23). En 2007, pour leur première Coupe du monde, les Portugais avaient subi quatre sévères défaites, dont une très dure contre la Nouvelle-Zélande (13-108). Ils terminent cette fois quatrièmes de leur poule, devant leur grand rival géorgien.
Louis Bielle-Biarrey à toute vitesse
Âgé de seulement 20 ans, l'ailier français a marqué les esprits. Nouveau venu chez les Bleus, il a réussi à s’imposer dans l’équipe type, disputant quatre des cinq matches des Bleus avec quatre essais marqués à la clef. Comme tous ses coéquipiers, il nourrit beaucoup de regrets depuis l'élimination des Bleus par l’Afrique du Sud en quarts de finale (16-15). Ses grandes qualités ont également été repérées par World Rugby, puisqu'il faisait partie des quatre nommés pour le titre de révélation de l’année. Une récompense qui a finalement été décernée au Néo-Zélandais Mark Tele’a.
L'ambiance dans les stades
Comme d’habitude dans le rugby, les supporters des différentes équipes ont pu se rendre dans les stades comme ils le souhaitaient, sans qu’aucune séparation ne soit mise en place. L'ambiance est restée festive entre les spectateurs des équipes en lice, qui étaient souvent assis les uns à côté des autres. Tous se sont globalement bien tenus, malgré une consommation d’alcool parfois très élevée, notamment chez les fans irlandais venus en nombre soutenir le XV du Trèfle.
L'abnégation d'Antoine Dupont
Blessé le 21 septembre contre la Namibie, le capitaine français a su faire preuve d’abnégation et de sens du collectif pour revenir dans le groupe français avant le quart de finale contre les Springboks. Au risque de se faire encore plus mal lors de cette rencontre finalement perdue d’un petit point par le XV de France. Âgé de 26 ans, Antoine Dupont compte déjà 51 sélections chez les Bleus. Il pourrait rejoindre dans les mois prochains l’équipe de France de rugby à sept en vue des Jeux olympiques 2024.
La coupe mulet
Elle est revenue en force dans cette édition 2023, pour le plus grand plaisir de différents médias qui se sont amusés des choix capillaires de différents joueurs. À commencer par celui du Samoan Jonathan Taumateine, dont la chevelure peroxydée n’est pas passée inaperçue.
Un "Zébulon" argentin
Un triplé contre le Japon, une charge spectaculaire contre l'Anglais Marcus Smith lors de la rencontre pour la troisième place malgré son petit gabarit (1 m 74) et une ribambelle de crochets ballon en main : l'ailier argentin Mateo Carreras a régalé le public tout au long de cette compétition. Et selon le quotidien argentin Olé, ce "petit géant" de 23 ans est devenu l'un des Pumas préférés des fans argentins.
L'art de la stratégie des Springboks
Cette équipe a montré une force mentale en phase finale, gagnant ses trois matches d’un petit point. Rassie Erasmus, directeur du rugby, et le sélectionneur sud-africain Jacques Nienaber ont su s'adapter à chaque rencontre avec des stratégies différentes, n'hésitant pas à modifier ses compositions. Les Springboks ont su gagner en équipe, en pratiquant un rugby peu spectaculaire mais efficace.
Un XV de la Rose qui refleurit
Elle a commencé mal en point cette Coupe du monde, après une année 2023 difficile et l’arrivée d’un nouveau sélectionneur, Steve Borthwick, chargé de limiter la casse. Profitant d’une partie de tableau plus favorable pour avancer dans cette compétition, le XV de la Rose a retrouvé progressivement de la confiance. Et il s'est finalement hissé en demi-finale, ne perdant que d'un point contre les Springboks. Il s'est même offert une troisième place grâce à une victoire en petite finale contre l'Argentine (26-23).
Une organisation au niveau
Le Comité d'organisation de la Coupe du monde 2023 a dressé un premier bilan de la compétition dix jours avant sa fin. Selon son président Jacques Rivoal, 1,5 million de personnes ont fréquenté les villages rugby installés dans dix villes de France. Près de 600 000 visiteurs étrangers étaient attendus dans l'Hexagone pendant les sept semaines de la compétition, dont les stades ont accueilli plus de 2,3 millions de spectateurs. La priorité était d’assurer leur sécurité, dans un contexte qui s’est tendu avec l'assassinat d'un professeur devant son lycée à Arras et le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas.
Seul le premier week-end a été marqué par de petits couacs, avec des fans qui ont raté les premières minutes de leur match à Marseille et à Bordeaux. Les supporters ont pu se déplacer sans problème majeur entre les différentes villes. Et les restaurateurs et cafetiers ont pu profiter de la grande convivialité de ce sport. Une Coupe du monde qui a permis à plusieurs acteurs de se rôder en vue des Jeux olympiques 2024, à l’instar de la SNCF, qui a peaufiné son dispositif de gestion de flux de voyageurs.
Les flops
Les hymnes massacrés et la cérémonie d’ouverture sépia
La cérémonie d'ouverture devait "célébrer l'art de vivre à la française", avec une action se déroulant dans les années 1950 et en personnage central l'acteur Jean Dujardin. Tricot blanc sur le dos et casquette sur la tête, il incarnait un boulanger enfournant son pain dans son fournil et le distribuant dans son village. Des scènes éloignées de la France actuelle qui ont déclenché les critiques de différents hommes politiques agacés par ce passéisme. Le choix de faire interpréter les hymnes en canon par un chœur d'enfants a lui aussi soulevé une polémique en début de compétition, le résultat étant inaudible. Le comité d’organisation a finalement opté pour une interprétation plus classique des hymnes par ces mêmes chorales d’enfants.
Un tableau trop déséquilibré
Cette édition 2023 a été marquée par un important déséquilibre sportif s’expliquant par la précocité du tirage au sort de cette compétition, organisé le 14 décembre 2020. Les noms des 20 équipes participantes ont alors été réparties dans les poules en fonction de leur classement du moment au niveau mondial. Or, cette hiérarchie a changé au fil des années suivantes, donnant deux poules très fortes et deux autres plus faibles. Consciente de ce manque d’équité sportive, World Rugby a annoncé son intention de retarder la date du tirage au sort en vue de la prochaine Coupe du monde. Il se produira en janvier 2026, environ vingt mois avant le début de la compétition.
Des Australiens privés de phase finale
Jamais les Australiens n’avaient été éliminés en phase de poule d’une Coupe du monde. Ils ont connu une édition 2023 très difficile et il est difficile de croire que leur sélectionneur Eddie Jones puisse leur permettre de relancer un nouveau cycle au fil des prochains mois. Le temps presse pourtant pour les Wallabies, la prochaine Coupe du monde se déroulant en Australie, comme en 2003. Les Australiens avaient alors disputé la finale à Sydney et s’étaient inclinés contre l’Angleterre de Sir Jonny Wilkinson.
Des arbitres mis sur le grill
Le dossier de l’arbitrage s’annonce prioritaire pour World Rugby tant les polémiques ont été nombreuses au cours de cette édition 2023. Le manque de cohérence entre les différents arbitres a suscité une vive polémique, tout comme l’utilisation défaillante de la vidéo au cours de certaines rencontres. Des arbitres ont été vivement critiqués pour leur prestation, à l’instar du Néo-Zélandais Ben O'Keeffe après le quart de finale entre la France et l'Afrique du Sud. Pour le capitaine Antoine Dupont, cet arbitre ne s’est pas montré "au niveau de l’enjeu" lors de cette rencontre éliminatoire.
Plusieurs sélectionneurs ont également publiquement critiqué certaines prestations arbitrales, dans le sillage du directeur du rugby sud-africain Rassie Erasmus, qui n’avait pas hésité à publier une vidéo en novembre 2022 pour dénoncer l’arbitrage de l’Anglais Wayne Barnes après un match perdu contre les Bleus. Une remise en question publique qui tranche avec l’un des principes de base de ce sport qui consiste à ne pas remettre en question les décisions arbitrales. Une attitude qui alimente un dangereux climat de défiance.
Le fiasco italien
L’équipe italienne rêvait de pouvoir accéder aux phases finales pour la première fois de son histoire. Après deux victoires bonifiées contre la Namibie et l’Uruguay, elle semblait bien partie dans cette compétition. Mais elle a explosé face à la Nouvelle-Zélande, qui lui a infligé une terrible défaite (96-17). Très vite dépassés, les Italiens n’ont pas su limiter les dégâts lors de cette rencontre. Et ils ont sombré une nouvelle fois une semaine plus tard, cette fois contre la France (7-60).
Les sifflets dans les stades
Des hymnes ou le haka des All Blacks couverts par des chansons et des sifflets, des buteurs hués… Le public de cette Coupe du monde a parfois manqué de fair-play dans cette édition. L’ouvreur anglais Owen Farrell, malgré l’inimitié qu’il suscite chez de nombreux spectateurs français, aurait ainsi mérité plus de respect lors de la petite finale gagnée par l’Angleterre au Stade de France.