Contre-la-montre : Vingegaard écrase le chrono et le Tour de France
16E ÉTAPE
de notre envoyée spéciale à Saint-Gervais Mont-Blanc – Un duel à distance emballant sur une étape originale : un contre-la-montre très court, 22,4 km seulement entre Passy et Combloux. Mais le leader Jonas Vingegaard n'a laissé aucun n'espoir, mardi, à son dauphin Tadej Pogacar, lui reprenant 1'48" au classement général. Un écart qui pourrait mettre fin au suspense de ce Tour de France.
Und omination sans partage : Jonas Vingegaard a terminé la 16e étape avec 1'38" d'avance sur son rival Tadej Pogacar, et pris une sérieuse option sur la victoire finale en écrasant le contre-la-montre. Au général, le Danois possède désormais 1'48" d'avance sur le Slovène à la veille de l'étape-reine de cette 110e édition, entre Saint-Gervais et Courchevel.
Une 16e étape courte, mardi 18 juillet, avec l'unique contre-la-montre de ce Tour de France 2023, au lendemain d’une journée de repos. Mais une étape au parcours exigeant, et notamment vers la fin la redoutable côte de Domancy : 2,5 km à 9,4%. Sans compter la chaleur accablante, mais aussi quelques gouttes de pluie et un vent capricieux.
Honneur réservé au maillot jaune, Jonas Vingegaard s’est élancé en dernier, à 17 h pile, deux minutes après son rival Tadej Pogacar.
Plutôt défensif depuis le début du Tour, Vingegaard est cette fois passé à l’attaque, prenant tous les risques pour distancer son rival et mettre fin au suspense. Au premier point intermédiaire, Vingagaard avait déjà 16'' d'avance sur Pogacar ! Puis l’écart est passé à 30” au second pointage, alors que comme pressenti, le Slovène changeait de vélo avant d’aborder la côte de Domancy, perdant encore de précieuses secondes.
En haut de la côte de Domancy, la domination du Danois est totale, au point qu'il aurait presque pu rejoindre le Slovène sur la ligne d'arrivée. Il termine finalement l'étape avec 1'38" d'avance sur Pogacar et 2'51" sur son coéquipier Wout Van Art, troisième aujourd'hui.
Le Danois Michael Morkov, qui pointe à plus de 4 h 45 de son compatriote Vingegaard, leader du général, a été le premier à s'élancer.
Le Français Rémi Cavagna a occupé le fauteuil de leader de l’étape pendant une très grande partie de la course Parti tôt, en 47e position, il a réalisé un chrono de 35'42", roulant à une moyenne de 37,647 km/h.
Mais logiquement, le belge Wout Van Aert lui a chipé la place, établissant un nouveau temps de référence en 35'27" (37,913 km/h), soit 15" de mieux que le champion de France.
Stefan Küng, annoncé parmi les favoris, termine finalement très loin. Le Suisse, parti trop vite, n'a pu maintenir son rythme dans la deuxième partie. Son changement de vélo n'a pas eu l'effet escompté.
Dans les pas de Bernard Hinault
Avant l’étape, les deux favoris, séparés seulement de 10 secondes au classement général, affirmaient tous deux "aimer beaucoup" le parcours. "Les changements de rythme me conviennent parfaitement", soulignait Vingegaard. "C'est le genre de chrono que j'adore", a répondu Pogacar.
"Il faudra vraiment être au sommet de son art. C'est fait pour les deux protagonistes là. Je ne vois pas qui pourrait jouer avec eux sur une telle longueur d'ascension", hésitait Bernard Hinault, le maître des lieux, auprès de l'AFP avant le départ. Domancy est si intimement lié à Bernard Hinault que la route porte aujourd'hui le nom du champion français.
C'est ici que le "Blaireau" est devenu champion du monde en 1980 sur un parcours monstrueusement dur, empruntant la côte de Domancy à... 20 reprises. Hinault s’était imposé avec une minute d'avance sur l'Italien Gianbattista Baronchelli après avoir broyé le peloton. Seuls quinze coureurs avaient alors réussi à finir.
Changement de vélo : le grand bluff
Changer de vélo ou pas avant la côte de Domancy ? C’est la question qui animait le paddock mardi matin. Le parcours, alternant montées et parties plates ou en légère descente, n’est pas celui d’un contre-la-montre classique. Mais si les coureurs se sont élancés avec un vélo “de chrono”, avec une roue pleine à l’arrière, les voitures suiveuses, elles, étaient chargées de vélos de route classiques, bien plus maniables dans les montées, anticipant un changement de monture avant la Côte de Domancy. Mais impossible de savoir si le changement aurait bien lieu, c’était silence radio du côté des directeurs sportifs.
Thibaut Pinot avait lui annoncé dit qu'il allait changer de vélo. À l'inverse, l'Espagnol Carlos Rodriguez (Ineos), troisième au général, avait renoncé : "Ça ne vaut pas le coup par rapport au risque que ça constitue et le temps qu'on perd" dans l'opération. Et Pogacar en a fait l'amère expérience. Pensant reprendre du temps dans la Côte de Domancy avec un vélo de route, il n'a pas pu en profiter, voyant fondre sur lui Vingegaard et son vélo à roue pleine dans le final de l'étape.
Il reste encore deux étapes très difficiles, mercredi dans les Alpes et samedi dans les Vosges. L'odyssée mercredi entre Saint-Gervais et Courchevel est, sur le papier, la plus difficile de toutes, avec notamment l'ascension du col de la Loze. Avec 5 100 mètres de dénivelé, le col des Saisies et le Cormet de Roseland en apéritif, avant l'arrivée sur la piste de l'altiport de Courchevel cabrée à 18%.
Avec AFP