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Concurrence : "Les États-Unis ont laissé les monopoles se développer", explique l’économiste Thomas Philippon

Pourquoi un forfait mobile est-il nettement plus cher aux États-Unis qu’en France ? Parce que la concurrence y est moins forte, selon l’économiste Thomas Philippon, qui publie Les gagnants de la concurrence aux éditions du Seuil. Le professeur à l’Université de New York a enquêté sur ce qu’il appelle un "renversement de l’histoire" : les États-Unis ne sont plus le royaume du marché libre, et les consommateurs en pâtissent.   Pour un forfait mobile, "si vous payez ici 20 euros", explique Thomas Philippon, invité éco de franceinfo mardi 25 janvier. "Pour le même service, assure-t-il, aujourd’hui, à New York, vous paierez entre 50 et 60 dollars". Il y a vingt ans, souligne le chercheur, "c’était l’inverse": "Les États-Unis sont partis d’un niveau de concurrence très élevé mais ils ont laissé leur système s’encroûter, ils ont laissé les monopoles se développer, ils ont arrêté d’avoir une politique de concurrence active".   Le poids du lobbying   Beaucoup d’entreprises, poursuit Thomas Philippon, ont "réussi à faire baisser la concurrence pour augmenter leurs profits". Elles ont notamment fait "exploser" leurs dépenses de lobbying auprès des politiques : "Les entreprises préfinancent les campagnes électorales, ce qui ensuite leur donne accès aux politiques une fois qu’ils sont élus ". Elles peuvent ensuite, selon l’économiste, faire pression sur ces politiques pour limiter la régulation.   Le chercheur explique que les géants du numériqueont pris le même chemin : " Apple et Google, il y a dix ans, n’avaient pas besoin de lobbying parce que tout le monde les adorait (…) Ils ont maintenant compris que le vent avait tourné et ils dépensent énormément en lobbying, surtout aujourd’hui avec les régulations sur le numérique qui sont discutées ".   L’Europe, à rebours des États-Unis Pendant que la concentration se développait aux États-Unis, la concurrence s’accentuait en Europe, dans des marchés-clés comme les télécoms : "Paradoxalement, dans la plupart des marchés, on fait mieux que les Américains" estime l’économiste : "Les consommateurs ont plus de choix, des prix plus bas, et plus de qualité".   Interrogé sur le secteur de l’énergie, sujet de tension, Thomas Philippon nuance : "Avec des coûts fixes qui sont énormes, on ne peut pas gérer ça comme un marché libre. De toute façon, il y aura une intervention de l’État"

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