Chantage à la vidéo intime à Saint-Étienne : "Les preuves de la réalité de la machination et du chantage sont accablantes", selon l'avocat de Gilles Artigues
Chantage à la vidéo intime à Saint-Étienne : "Les preuves de la réalité de la machination et du chantage sont accablantes", selon l'avocat de Gilles Artigues
Gilles Artigues, ancien adjoint Modem à la mairie affirme avoir été piégé et filmé à son insu par l'entourage du maire LR, Gaël Perdriau. L'édile a été auditionné plusieurs heures dans le cadre d'une garde à vue mardi.
"Il y a dans ce dossier des charges accablantes qui démontrent à la fois l'organisation d'un véritable guet-apens, puis une rémunération au profit de ceux qui l'ont réalisé et enfin, un chantage et des menaces exercés sur Gilles Artigues", a déclaré, mercredi 14 septembre sur franceinfo Maître André Buffard, l'avocat de l'ancien premier adjoint Modem à la mairie de Saint-Etienne. Gilles Artigues accuse Gaël Perdriau, le maire, de chantage à la vidéo intime."Aujourd'hui, les preuves de la réalité de la machination et du chantage sont accablantes", ajoute l'avocat.
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Selon le site Médiapart, qui a révélé l'affaire, un adjoint au maire de la ville stéphanoise, Samy Kéfi-Jérôme, a organisé fin 2014 un rendez-vous filmé avec un escort gay pour piéger Gilles Artigues, alors premier adjoint (UDI). À ses côtés, comme co-organisateur du complot et compagnon de l'époque, Gilles Rossary-Lenglet.
franceinfo : Que retenez-vous de la journée de mardi avec cette garde à vue de cinq personnes, dont celle du maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau ?
Le fait qu'il y ait eu cette audition, cela signifie effectivement que les enquêteurs étaient décidés à fixer les positions des différents protagonistes de cette affaire. Je rappelle que des perquisitions ont eu lieu la semaine dernière et que l'exploitation des éléments qui ont été récupérés lors de ces perquisitions est en cours. Et tout naturellement, lorsque cette exploitation sera finie, les enquêteurs reviendront auprès des protagonistes pour les entendre cette fois sérieusement, non seulement sur le fond, mais sur les éléments à charge qui ont été découverts.
Gaël Perdriau n'a pas été mis en examen à la suite de sa garde à vue et nie farouchement être impliqué dans cette affaire. Est-ce que cette ligne de défense vous parait crédible ?
Tout cela ne me paraît pas très crédible et il ne suffit pas d'affirmer les contre-vérités pour que ça devienne la vérité. Il y a dans ce dossier des charges accablantes qui démontrent à la fois l'organisation d'un véritable guet-apens, puis une rémunération au profit de ceux qui l'ont réalisé et enfin, un chantage et des menaces exercés sur Gilles Artigues. Les preuves abondent. On a d'abord un des co-organisateurs du film et du guet-apens qui reconnaît les faits et qui reconnaît qu'il a été mandaté pour le faire. Celui-ci explique qu'ensuite, il a été récompensé via le biais de deux subventions municipales versées à des associations plus ou moins bidon, qui lui ont reversé à lui et à M. Kéfi-Jérôme, son complice, une somme de l'ordre de 50 000 €. Il y a ensuite de très nombreux enregistrements à la fois de ceux de cet individu et aussi de Gilles Artigues auprès du maire ou de son directeur de cabinet qui prouve la réalité de la machination et du chantage. On peut encore une fois toujours affirmer des contre-vérités. C'est la position de son avocat, mais je le comprends. Il fait ce métier d'avocat. Cela n'empêche pas qu'aujourd'hui, les preuves de la réalité et de la machination et du chantage sont accablantes.
Pour contrecarrer ce chantage, votre client, Gilles Artigues a lui-même enregistré des conversations avec Gaël Perdriau et son directeur de cabinet, ces enregistrements paraissent accablants. Sont-ils recevables par la justice ?
Ils sont tout à fait recevables. Gilles Artigues s'est retrouvé dans une situation effroyable. Il ne savait pas comment sortir de ce piège qu'on lui avait tendu. Il n'avait aucun moyen de prouver la réalité de ce qu'il subissait. Il a même pensé mettre fin à ses jours. Dans cette perspective, il s'est dit "si je dois disparaître, il faut qu'il y ait au moins une trace. Il faut qu'il y ait au moins quelque chose qui puisse expliquer les raisons de mon geste". Alors il a enregistré quelques conversations avec le maire ou son directeur de cabinet. Conversations au cours desquelles on voit apparaître encore une fois tout le caractère odieux de cette affaire. Vous avez entendu les derniers enregistrements? Vous avez entendu la façon dont le directeur de cabinet du maire, en sa présence, le menace lui, le menace de le détruire, mais aussi de détruire ses enfants, ce qui est particulièrement odieux en lui expliquant que, s'il le faut, il donnera connaissance de cette vidéo aux parents d'élèves des enfants qui se trouvent dans la même classe que ceux de Gilles Artigues. Il s'agit là de propos terrifiants, avec une violence qui montre bien la détermination de celui qui profère ces menaces. Tout ceci, encore une fois, est une réalité. Ces éléments sont évidemment des éléments de preuve et c'est de cela qu'il faudra répondre à la fois de la part du directeur de cabinet et aussi du maire.
L'avocat de Gaël Perdriau évoque des échanges tronqués, coupés, sortis de leur contexte…
Ecoutez les enregistrements. Ils ont été fournis dès l'audition de Gilles Artigues auprès des services de police. Ce sont des enregistrements au long cours desquels des conversations ont eu lieu et les extraits ne sont pas tronqués. Il s'agit bien en outre, à la fois du maire et du directeur de cabinet. Il est très facile techniquement aujourd'hui de déterminer la réalité d'une bande son et de dire qui parle. Et encore une fois, s'il s'agit d'un montage ou il s'agit d'un enregistrement, on continue là-dessus. Il n'y a pas de doute et aucune crainte de la part de Gilles Artigues. Les documents qu'il a produits sont des documents vrais. Et les propos qui y sont tenus sont des propos, hélas, également vrai.