CAN 2024 : le jeune Adingra et le taulier Gradel, duo offensif gagnant des Éléphants
Mental gagnant
La Côte d’Ivoire, qui a remporté dimanche la finale de la CAN à domicile face au Nigeria, doit son succès au réveil de ses joueurs. Parmi eux, les attaquants Max-Alain Gradel et Simon Adingra ont parfaitement joué leur partition. L’un est un vétéran des Éléphants depuis des années et a su faire parler son expérience. L’autre est un jeune talent qui s’est révélé aux yeux des Ivoiriens durant la compétition. Portraits croisés.
Simon Adingra et Max-Alain Gradel embrassent le trophée de la CAN après la victoire de la Côte d'Ivoire en finale face au Nigeria (2-1) à Abidjan, le 11 février 2024.
À la croisée des chemins. À 36 ans et 22 ans, Max-Alain Gradel et Simon Adingra ne sont pas de la même génération, mais ils ont porté le même maillot avec succès durant la CAN 2024. Les deux attaquants ont contribué, chacun à leur manière, au troisième sacre de la Côte d’Ivoire en Coupe d’Afrique des nations.
Celui qu’on a pu surnommer “Mad Max” par le passé a fait parler son expérience durant la compétition, là où Simon Adingra a apporté sa pierre à l’édifice notamment par sa vitesse et sa percussion. Mais comme l’ensemble des Éléphants, tous deux se sont mis au diapason et ont fait preuve d’un état d’esprit à toute épreuve lors des matches à élimination directe.
“Avec le mental, on a pu se mettre ensemble, se rattraper et être champions d'Afrique", a expliqué Simon Adingra après la finale face au Nigeria, lors de laquelle il a été élu homme du match. "On savait qu'on pouvait marquer à tout moment, donc il ne fallait pas s'affoler, il fallait continuer dans ce qu'on faisait de bien”, a résumé Max-Alain Gradel en zone mixte. “Et on a réussi à marquer les deux buts qu'il fallait pour gagner ce match."
“Depuis leur retour, ça bouge devant”
Ce mental d’acier, le taulier et le jeune talent en ont fait preuve dès le début de la compétition. Simon Adingra a été appelé pour disputer la CAN malgré sa blessure contractée dans son club (Brighton) peu avant le début de la compétition, ce qui lui a fait manquer les premiers matches. Max-Alain Gradel a, quant à lui, été relégué sur le banc lors de la phase de groupes – un choix de l’ex-sélectionneur des Éléphants, Jean-Louis Gasset.
Les deux attaquants ont pris leur mal en patience avant de fouler les terrains ivoiriens. D’abord quelques minutes en fin de rencontre lors de l’humiliation de la Côte d’Ivoire face à la Guinée équatoriale (4-0). Puis ils ont bénéficié de l’appui du nouvel entraîneur des Éléphants, Emerse Faé, pour s’imposer dans le onze titulaire à partir des huitièmes de finale.
Et les deux attaquants se sont montrés à la hauteur de la confiance dont les a investie leur nouveau coach. Simon Adingra s’est affirmé comme un ailier capable de déstabiliser plusieurs fois par match les défenses adverses par ses accélérations redoutables. Avant qu’il ne s’illustre sous les feux des projecteurs en quarts de finale face au Mali : la Côte d’Ivoire perd alors 1-0 et joue en infériorité numérique quand il surgit pour inscrire le but égalisateur à la dernière minute de jeu (1-1, score final 2-1).
Avant la finale de dimanche, Emerse Faé n’a pas tari d’éloges sur le jeune prodige : “L’absence de Haller et Adingra s’est fait ressentir pendant la phase de groupes. Depuis leur retour, ça bouge devant. Nous sommes heureux de leur apport.” Simon Adingra a non seulement répondu aux attentes, mais il a en plus brillé en finale de la CAN : deux passes décisives, six passes clés et cinq dribbles réussis sur neuf tentés.
Max-Alain Gradel a lui aussi vécu un mois qui est allé crescendo durant la Coupe d’Afrique. Titulaire à partir des huitièmes de finale, il s’est également vu confier le brassard de capitaine par son entraîneur, signe de l’importance qui lui a été donnée au sein du vestiaire ivoirien.
Avant d’affronter la RD Congo en demi-finale, le principal intéressé parlait d’une “CAN particulière” que "l’engouement et les scénarios rendent très spéciale." Et d’ajouter : “Il y a aussi eu un changement de staff, donc il fallait tout de suite mettre en place les idées que le coach avait.” Et le taulier a pris ses responsabilités face aux Léopards, délivrant une passe décisive à Sébastien Haller pour le seul but du match (1-0).
Ascension fulgurante et “deux fois champion d’Afrique”
Bien qu’ils ne présentent pas le même profil sur le terrain, les deux ailiers ont su apporter leurs qualités offensives pour permettre à la Côte d’Ivoire de se hisser au sommet du football africain.
Simon Adingra a été désigné meilleur jeune et a remporté la première CAN de sa carrière. Une ascension fulgurante pour celui qui a connu sa première sélection avec la Côte d’Ivoire… il y a moins d’un an, le 17 juin 2023. “Avant de venir au tournoi, j’étais un joueur débutant”, a déclaré l’intéressé.
Après cette compétition, l’ailier en est à deux buts et deux passes décisives en dix rencontres disputées avec les Éléphants. Et son éclosion sous le maillot orange a été reconnue comme il se doit par le peuple ivoirien : il a fait partie des joueurs les plus applaudis, lundi 12 février, lors de la parade triomphale des joueurs à Abidjan.
Max-Alain Gradel a, quant à lui, remporté la deuxième Coupe d’Afrique des nations de sa carrière internationale. Après le triomphe de 2015, l’ailier a su montrer cette année qu’il n’était pas près de rejoindre le cimetière des Éléphants. "C'est dingue, c'est magnifique, c'est incroyable", s’est-il réjoui après la finale, avant de plaisanter : "Deux fois champion d'Afrique, je m'appelle comme ça désormais ! C'est important de le souligner."
De là à prendre sa retraite internationale après la compétition ? “Si c'est ma dernière CAN ? Laisse-moi savourer ça. Tu me cherches déjà là !", a conclu en riant Max-Alain Gradel. "On aura le temps de réfléchir. Je suis quelqu'un qui n'aime pas prendre des décisions à chaud. On verra ce qu'il y aura à faire à l'avenir."