CAN-2022 : Mondher Kebaier, à la tête d'une sélection tunisienne "trop grande pour lui" ?
Malgré un déficit de popularité, Mondher Kebaier obtient de bons résultats avec la Tunisie.
Assis sur le banc des Aigles de Carthage depuis août 2019, Mondher Kebaier va diriger la sélection tunisienne lors de la CAN-2022. Cette compétition constituera le plus grand défi posé à ce sélectionneur de 51 ans ayant passé l'intégralité de sa carrière en Tunisie.
Trois ans après leur demi-finale en Égypte, les Aigles de Carthage tutoieront-ils à nouveau les sommets lors de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) au Cameroun ? Alors que la Tunisie va entamer mercredi 12 janvier sa compétition face au Mali, le sélectionneur Mondher Kebaier – pur produit du football local – aura fort à faire pour prouver qu'il a la carrure suffisante pour porter l'équipe nationale.
Le natif de Bizerte, 51 ans, a débarqué sur le banc de la Tunisie en août 2019 à la suite de la séparation à l'amiable entre la fédération et l'ancien sélectionneur Alain Giresse, après seulement huit mois de collaboration. Les choix tactiques fouillis du "sorcier blanc" français lors de la CAN-2019 ont précipité la brouille malgré la quatrième place décrochée, inespérée au début de la compétition.
Fédération cherche sélectionneur local
La Fédération tunisienne de football (FTF) cherche alors un sélectionneur local pour occuper la place. Nabil Maaloul et Radhi Jaïdi sont également contactés, mais c'est finalement Mondher Kebaier qui est choisi. Le technicien, déjà passé par les plus prestigieux bancs du pays (CA Bizertin, ES Sahel, Club africain, Espérance de Tunis), obtient un contrat de trois ans.
À l'époque, pour le président de la FTF Wadie Jary, Mondher Kebaier est l'homme de la situation", explique Naima Sassi, journaliste sportive tunisienne, jointe par France 24. "La fédération cherchait quelqu'un qui connaissait les mentalités tunisiennes. Kebaier cochait les cases, lui qui a dirigé des clubs locaux ainsi que la sélection olympique."
"Cependant, il faut noter que malgré ses multiples expériences, Mondher Kebaier n'a remporté qu'un seul titre en tant qu'entraîneur. C'était en 2013, alors qu'il dirigeait le CA Bizertin", poursuit la journaliste sportive.
Sur le banc des Aigles, Mondher Kebaier hésite entre le 4-3-3 qu'il utilisait habituellement en club et un 4-2-3-1 résolument porté vers l'attaque. Il s'appuie notamment sur Ellyes Skhiri (FC Cologne), Youssef Msakni (Al Arabi) et Wahbi Khazri (AS Saint-Étienne).
En mal de popularité
Sous sa houlette, la Tunisie présente un bilan honorable : sur 24 rencontres jouées, 16 sont gagnées, pour quatre matches nuls et quatre défaites. Les Aigles de Carthage terminent en outre invaincus de leur groupe de qualification pour la CAN-2022, qui comptait la Guinée équatoriale, la Tanzanie et la Libye.
Concernant la campagne de qualifications pour le Mondial au Qatar, là encore Mondher Kebaier peut s'enorgueillir de ses résultats. Malgré un faux pas contre la Guinée équatoriale, ses hommes seront bien au rendez-vous du troisième tour en mars prochain pour décrocher une deuxième participation consécutive à la phase finale, la sixième au total de son histoire.
Reste que malgré ce bilan statistique, la popularité de Mondher Kebaier peine à décoller en Tunisie : "Il faut dire que le seuil d'exigence des supporters est toujours plus élevé quand il s'agit d'un sélectionneur local", note Naima Sassi. "Certains pensent que la sélection est trop grande pour lui au vu de la qualité des joueurs dont elle dispose."
Autre reproche fait à l'entraîneur : son incapacité à sublimer son équipe contre les grosses équipes du continent. Mondher Kebaier a déjà concédé des matches nuls contre le Cameroun et le Nigeria, et s'est incliné contre la Côte d'Ivoire et l'Algérie. À la Coupe arabe, malgré un parcours exemplaire, il n'a pu remporté la finale face à l'Algérie.
Or, pour triompher à la CAN, il faudra forcément élever le niveau de jeu pour faire douter les favoris, notamment lors du premier match face au Mali, solide outsider de la compétition.
"Les supporters rêvent de voir la Tunisie remporter son deuxième sacre africain même si l'objectif fixé est simplement d'atteindre les demi-finales", annonce Naima Sassi.
Une place dans le dernier carré n'avait pourtant pas suffi à sauver Alain Giresse à la tête des Aigles de Carthage.