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Insolite et Faits divers

"C'est enfoui tout ça, je n'en parle jamais et ça fait mal' : au procès Troadec, Hubert Caouissin s'effondre

Quelques minutes après le début de son interrogatoire par la présidente de la cour d'assises de Loire-Atlantique, au deuxième jour du procès Troadec, mercredi 23 juin, Hubert Caouissin s'est littéralement effondré. Droit comme un i, dans le box, les mains jointes derrière son dos, il a commencé par raconter son lien avec ses parents. Les mots sont choisis, précis, sur son père Jean-Marie, décédé brutalement dans un AVC à 66 ans. "Je me suis senti seul d'un coup, murmure l'ancien technicien de l'Arsenal de Brest. Je lui parlais beaucoup." Long silence, comme une respiration suspendue. Hubert Caouissin se pétrit le front avec ses doigts. "Mon père me disait qu'il m'aimait tous les soirs. Jamais ma mère." Sa mère Marie-Françoise, 82 ans, est là, assise à deux rangées du box, les cheveux blancs attachés par des peignes, petite serre-tête noir. Là, dans la salle d'audience, "mais pas citée comme témoin, ni par votre défense, ni par aucune partie", souligne la présidente. Cette mère alcoolique, raconte l'accusé, qui se met à boire à sa naissance, qui accumule tout, les barquettes d'aluminium notamment, ne veut rien jeter. "Ça mangeait notre espace vital." "Un lundi, j'ai craqué. J'aurais pu attaquer quelqu'un" "Une nuit sur deux, c'était des crises, se souvient Hubert Caouissin, des hurlements. Elle tapait dans les murs, elle nous tyrannisait. Je n'ai connu que ça." Sa grossesse était-elle désirée, interroge la présidente ? "Oui, avant, mais après, j'ai eu l'impression qu'il n'y a pas eu beaucoup de place pour moi. J'ai dit à mon père qu'il aurait dû me mettre à l'abri." "Et votre mère, vous ne lui en voulez pas ?" demande tout doucement la présidente. Un gémissement emplit soudain la salle. Hubert Caouissin s'effondre, plié en deux dans le box, en larmes, incapable de se relever. "Qu'est-ce qui vous fait craquer, monsieur Caouissin ?" "C'est parce que c'est enfoui, tout ça. J'en parle jamais et ça fait mal." Hubert Caouissin c'est redressé. Il a repris le contrôle de lui même. Au fur et à mesure de l'interrogatoire de personnalité, la paranoïa de l'accusé saute aux yeux. Au fil du déroulé de sa vie jusqu'au meurtre, on plonge dans ce qu'Hubert Caouissi appelle sa "descente aux enfers". Nous sommes en septembre 2013. Il ne dort plus, car il se met à ne plus supporter aucun bruit. Pendant cinq semaines, il continue d'aller travailler. "Mais un lundi, j'ai craqué, raconte à toute vitesse Hubert Caouissin. Je ne comprenais plus rien. Je sentais une agressivité folle qui montait, qui montait. J'aurais pu attaquer quelqu'un." Pendant trois ans, il ne va plus retourner à l'Arsenal, en arrêt de travail pour burn-out. Mais ces bruits qu'il entend de façon hypertrophiée ne cessent pas. Il se tape à son tour, comme sa mère, la tête contre les murs. "Je ne supporte même plus le téléphone qui sonne. Je ne sors plus de chez moi." Pour tenter de trouver le sommeil, il va dormir une fois par semaine chez sa belle-mère, Renée. "C'était ma bouffée d'oxygène, raconte Hubert Caouissin. Mais après le lit saboté, j'ai plongé." Quel lit saboté, s'étonne la présidente ? "Celui où je dormais chez Renée. De mon côté, on a dessoudé une pièce triangulaire." "Et vous pensez que c'est qui?" "C'est Pascal qui dormait là." Pascal Troadec, celui qu'il est accusé d'avoir tué quelques années plus tard et qu'il soupçonne d'avoir volé un magot de lingots d'or familial. Une croyance qui le hante aujourd'hui encore. On le comprend lorsque la présidente lui demande pourquoi ils n'ont jamais dit à personne qu'il achetait une ferme à Pont-de-Buis. La réponse est éloquente : "J'ai peur qu'on nous envoie un tueur." "Mais qui ?" questionne encore la présidente. "Pascal et Brigitte." Sur le banc des familles des victimes, un "oh !" d'indignation s'élève. Hubert Caouissin encourt la perpétuité pour les meurtres de Pascal et Brigitte Troadec et de leurs enfants, Charlotte, 18 ans, et Sébastien, 20 ans, dans la nuit du 16 au 17 février 2017. Lors de ses aveux, il a expliqué avoir tué ses victimes à coups de pied de biche puis avoir transporté les corps dans sa ferme de Pont-de-Buis (Finistère) où il les a éviscérés et brûlés. . 

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