Blue Origin : cinq questions sur le premier vol du milliardaire Jeff Bezos dans l'espace
Le fondateur d'Amazon s'envole à 15 heures ce mardi 20 juillet à bord de la fusée New Shepard. L'homme le plus riche du monde va passer 11 minutes en apesanteur.
Après Richard Branson le 11 juillet, Jeff Bezos va devenir, mardi 20 juillet, le deuxième milliardaire à réaliser un vol suborbital à bord d'une fusée de son entreprise Blue Origin. Pour le fondateur d'Amazon, "il s'agit de construire une route vers l'espace pour que les générations futures puissent y faire des choses incroyables" et coloniser l'espace pour soulager les ressources de la planète. Reste qu'une véritable course à l'espace est à l'œuvre parmi plusieurs sociétés civiles, dans laquelle on retrouve aussi Elon Musk, le créateur de Tesla et SpaceX. Franceinfo revient sur les spécificités de cette mission Blue Origin.
Comment ce vol va-t-il se passer ?
La fusée New Shepard développée par Blue Origin n'en est pas à son premier essai, mais il s'agit cette fois-ci d'un vol habité. Le lancement est prévu à 8 heures (heure locale) et donc à 15 heures (heure de Paris) depuis un site dans le désert du Texas aux Etats-Unis.
La fusée va ensuite réaliser un vol ascensionnel pour atteindre 106 km d'altitude, soit six kilomètres au-delà de la ligne Karman, qui constitue la limite internationalement reconnue entre la Terre et l'espace – ce vol ira donc plus haut de près de 20 km que celui de Richard Branson le 11 juillet dernier.
L'équipage passera onze minutes en apesanteur, puis la capsule reviendra en chute libre avant de déployer trois grands parachutes. Un rétropropulseur sera ensuite déclenché pour réaliser un atterrissage non loin du site de lancement.
Qui fait partie de l'équipage ?
Outre le fondateur d'Amazon, âgé de 57 ans, trois autres passagers se trouveront à bord de la fusée New Shepard. Il y a d'abord le petit frère du milliardaire, Mark Bezos, un publicitaire de six ans son cadet.
Wally Funk, une pionnière de l'aviation de 82 ans, est la troisième passagère. Cette Américaine faisait partie des "Mercury 13", un projet mis en place dans les années 1960 par la Nasa pour démontrer l'intérêt des femmes dans la conquête spatiale, sans qu'elles en fassent finalement partie.
Le dernier passager est Olivier Daemen, un Néerlandais de 18 ans, fils d'un patron de fonds d'investissement. Le jeune homme remplace le vainqueur initial des enchères en ligne mises en place pour être le premier voyageur payant de Blue Origin, lequel est finalement indisponible.
D'autres lancements sont-ils prévus ?
Blue Origin a deux autres lancements programmés cette année, et de nombreux dès l'année prochaine d'après l'entreprise. Jeff Bezos s'est retiré de ses fonctions au sein d'Amazon en février pour se consacrer notamment à Blue Origin. A terme, comme Elon Musk avec SpaceX et Richard Branson avec Virgin Galactic, l'homme le plus riche du monde veut développer le tourisme spatial.
Combien coûte ce ticket pour les étoiles ?
Ce premier vol a été mis aux enchères pour la place du quatrième passager pour 28 millions de dollars (23,7 millions d'euros). Les prochains vols devraient être moins coûteux, entre 200 000 et 250 000 dollars. Des sommes comparables à la société Virgin Galactic, mais loin des coûts de SpaceX dont le premier vol orbital coûterait 55 millions de dollars (46 millions d'euros) par passager.
Pourquoi cette mission est-elle critiquée ?
Comme pour les vols de ses concurrents, l'impact environnemental de ces voyages éphémères est régulièrement décrié. "Quelqu'un d'autre est-il alarmé par le fait que des milliardaires se livrent à leur propre course spatiale privée alors que des vagues de chaleur record provoquent un 'dragon de nuages crachant du feu' et font mourir des créatures marines dans leur coquille ?" s'est ainsi interrogé Robert Reich, ancien secrétaire d'Etat de Bill Clinton.
La communauté scientifique s'alarme également. "Un vol d'avion long-courrier représente une à trois tonnes de dioxyde de carbone [par passager]", explique Elois Marais dans The Guardian. Cette professeure agrégée en géographie physique à l'University College de Londres explique notamment qu'un lancement de fusée pour quatre personnes représente entre 200 à 300 tonnes de CO2.