AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire Michael Hernandez, ce petit garçon qui rêvait de devenir un serial killer
Le 3 février 2004, Michael Hernandez, 14 ans, a poignardé à mort son meilleur ami dans les toilettes de son collège de Palmetto Bay, en Floride. Closer revient sur cette sinistre affaire.
Ted Bundy, Charles Sobhraj, Jeffrey Dahmer... Ils ont plus que jamais la cote. Depuis quelques années, on observe, sur les plateformes de streaming et ailleurs, une étrange fascination des téléspectateurs pour les histoires de serial killer. Mais si ce phénomène intrigue aujourd'hui particulièrement, il ne date en réalité pas d'hier. En 2004, un petit garçon fasciné par les films de tueurs en série avait déjà plongé tout un pays dans l'horreur...
Palmetto Bay, 3 février 2004. Dans le petit collège de Southwood, un jeune adolescent est retrouvé mort sur le sol des toilettes. Jaime Rodrigo Gough, 14 ans, a été égorgé et poignardé à plus de 40 reprises. Sous le choc, le corps professoral confine les élèves dans l'établissement. Une enseignante fait alors une constatation sinistre : Michael Hernandez, le meilleur ami de Jaime Rodrigo Gough, a du sang sur sa veste.
Dépêchée sur place, la police est informée des soupçons de l'enseignante. Elle découvre, dans le sac à dos du jeune Michael Hernandez, un couteau noyé de sang et des gants en latex. L'adolescent de 14 ans est arrêté et passe aux aveux. Sur un ton détaché, presque avide de raconter son histoire, Hernandez avoue avoir attiré son ami Jaime dans les toilettes avant le début des cours, prétextant avoir quelque chose à lui montrer. Après avoir demandé à l'adolescent de se retourner, il a enfilé des gants et l'a égorgé. Il l'a ensuite achevé de dizaines de coups de couteau, fier d'avoir enfin mis à exécution le plan qu'il prévoyait depuis de longues semaines. Son seul regret ? Ne pas avoir réussi à tuer son second ami, Andre Martin, qui n'était pas présent.
Sur les traces d'Hannibal Lecter et Patrick Bateman...
Plus troublant encore, le jeune meurtrier explique être passé à l'acte pour ressembler à ses idoles : Hannibal Lecter et Patrick Bateman. Grand fan de films de serial killer, il déclare avoir vu de très nombreuses fois Le Silence des agneaux et American Psycho. Et l'enquête confirme les révélations du jeune homme. Dans son journal intime, la police découvre que Michael Hernandez avait planifié étape par étape le meurtre de Jaime Rodrigo Gough, celui d'Andre Martin et celui de sa soeur. L'adolescent avait également écrit noir sur blanc les mots "I will become a serial killer" ("Je deviendrai un tueur en série").
"De la même manière que certains enfants disent qu'ils veulent devenir acteur, rock star ou rappeur, il voulait devenir un serial killer et vivre dans le déshonneur, expliquera, des années plus tard, son ami Andre Martin dans la série Copycat Killers. Il disait que ce serait cool. (...) Il choisissait des traits de personnalités à la fois chez chez les tueurs en série réels et fictifs, comme Ted Bundy et Hannibal Lecter, et les intégrait à sa propre personnalité." Martin révèlera par ailleurs que la veille du meurtre de Jaime, Hernandez avait déjà tenté d'attirer ses amis dans les toilettes, mais son plan avait été interrompu par la sonnerie du collège.
Jugé en 2008, Michael Hernandez a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible. Il a demandé une révision en 2016, après le bannissement de la condamnation à vie pour les mineurs, mais ne l'a pas obtenue et ne l'obtiendra jamais. Il est en effet décédé en avril 2021 dans sa cellule du Columbia Correctional Institution de Jacksonville. Le rapport d'autopsie a conclu à une mort par "arrêt cardiaque lié à une obésité morbide".
En Floride, l'annonce de la mort du jeune criminel a suscité de nombreuses réactions. Très discrets depuis le début de l'affaire, les parents du jeune Jaime, Jorge et Maria Gough, ont notamment déclaré avec dignité : "Monsieur et Madame Hernandez, nous ne sommes pas heureux d'apprendre la mort de votre fils. Malgré ce que nous avons traversé, en tant que parents, nous savons ce que vous ressentez". Maria Gough a ajouté avoir pardonné le geste de Michael Hernandez "il y a de nombreuses années, avant le procès". "Et j'ai l'espoir, au fond de moi, dans mon cœur, que je le reverrai un jour", a-t-elle poursuivi à propos de son fils. "C'est ma force."