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Accidents, sabotage, espionnage... Ces menaces qui pèsent sur les câbles sous-marins, réseau mondial de communication

La quasi-totalité de nos échanges internet et téléphone passent par ces tubes immergés dans les profondeurs des océans. La guerre en Ukraine a récemment renforcé les inquiétudes sur le risque de voir ces connexions stratégiques attaquées. Après l'invasion de l'Ukraine, la Russie pourrait-elle s'attaquer aux câbles sous-marins ? C'est l'une des craintes des services de renseignement qui observent avec attention ces infrastructures, aussi méconnues que stratégiques. Peu de gens le savent, mais la quasi-totalité de nos communications passe par ces câbles. Les appels téléphoniques, les conversations WhatsApp ou Facebook, les sites internet : 99% de nos communications reposent sur ces tubes faits d'acier, de cuivre et de plastique pour protéger la fibre optique. Il y en a aujourd'hui plus de 430, longs de centaines de kilomètres, reliant ainsi les pays, les serveurs des différents continents en passant au fond de l'Atlantique, du Pacifique ou de la Méditerranée. Un marché stratégique sur lequel la France est bien placée. Le leader mondial basé à Calais Trois entreprises seulement dans le monde fabriquent ce genre de câble et le leader est basé à Calais : Alcatel Submarine Network. Ce sont 50 000 kilomètres de câbles qui sont assemblés chaque année dans cette usine historique. En un siècle, elle est passée des câbles télégraphiques à la fibre optique. Et aujourd'hui, ses clients se nomment Google, Facebook ou China Telecom. Florence Palacio, la directrice du site calaisien décrit ainsi leurs activités : "On achète des fibres optiques et notre métier, c'est de protéger cette fibre en fabriquant le câble sous marin. La position de Calais est stratégique parce qu'effectivement, on a le port à proximité qui nous permet à la fois de fabriquer et d'embarquer directement le câble qui peut partir de l'usine pour être posé".  Un navire d'Alcatel Submarine Network, basé à Calais, s'apprête à déposer un câble dans les fonds marins. Dans ces ateliers, on croise des bobines d'acier et d'aluminium, des rouleaux de fibres, des centaines de mètres de lignes de production qui tournent 24 heures sur 24. Une fois produits, les câbles prennent la direction des fonds marins. Ils sont enroulés dans d'énormes cuves, chargés à bord des navires, puis déposés sur plusieurs milliers de kilomètres de profondeur. Opération délicate que nous résume Thomas Lecointe, directeur opérationnel à Calais : "On a une charrue à l'arrière du navire qui va venir ouvrir le fond des mers pour déposer le câble et l'enssevelir, et ensuite, quand on est dans les zones les plus profondes, où il ne peut rien lui arriver, on vient directement le déposer au fond des mers." Mais ces câbles ont beau être protégés, ils ne sont pas à l'abri de certaines menaces, poursuit Thomas Lecointe : "On est dans une zone dans laquelle on a de très forts courants marins, le câble se déplace et, avec le temps, il vient s'user sur le fond des mers et risque d'être sectionné. Ensuite, nous pouvons avoir un navire, par exemple en jetant son ancre qui, pas de chance, va venir accrocher le câble et venir l'endommager. Un chalut peut prendre le câble ou le déplacer et venir l'endommager." Même les requins peuvent s'attaquer à ces câbles, les sectionner. Pour les réparer, Alcatel Submarine Network dispose de trois navires de maintenance répartis à travers le monde pour intervenir au plus vite. Risques de sabotage et d'espionnage En plus des accidents, il y a aussi les risques de sabotage. Les câbles sous-marins ont déjà été pris pour cible par le passé. Dès la première guerre mondiale, à l'époque, c'était le télégraphe. La Russie, elle, a été accusée d'avoir coupé des câbles terrestre lors de l'annexion de la Crimée en 2014. Et en septembre dernier, l'un de ses navires scientifiques, soupçonné d'être un navire espion a été repéré au large de la Normandie puis escorté par la Marine française. La menace est donc prise au sérieux mais Camille Morel, spécialiste de la géopolitique des câbles sous-marins, préfère relativiser : "Si vous visez un câble transatlantique, par exemple, et que vous n'en coupez qu'un seul, l'impact sera relativement réduit. Par contre, effectivement, ça peut être un symbole fort que vous envoyez. Ça me paraît peu probable aujourd'hui que la Russie agisse en tant que tel." Au délà des risques de sabotage, ces câbles font surtout l'objet d'espionnage. Selon une enquête conjointe de plusieurs médias européens, les États-Unis ont par exemple réussi à intercepter des conversations d'Angela Merkel, entre 2012 et 2014, en se branchant sur ces câbles sous-marins. Le mois dernier, l'armée française, a, elle, simulé une coupure de câbles entre les Antilles et l'Hexagone. Un exercice pour déployer des moyens de communication alternatif via les satellites.

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