Violences sur Hedi à Marseille : le maintien en détention requis pour le policier
L'avocat général a requis jeudi le maintien en détention provisoire du policier soupçonné, avec trois collègues, d'avoir gravement blessé un jeune homme en marge des émeutes à Marseille. Membre de la BAC, celui-ci a reconnu un tir de LBD, qu'il contestait jusqu'ici.
Des policiers lors d'une manifestation à Marseille, le 1er juillet 2023, après la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre.
Le policier soupçonné d'avoir gravement blessé le jeune Hedi en marge d'émeutes à Marseille pourrait rester en détention provisoire au moins jusqu'à son interrogatoire, prévu le 30 août. C'est ce qu'a requis l'avocat général jeudi 3 août à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). La décision de la chambre de l'instruction sera rendue à 16 h.
Même si l'avocat général estime que les déclarations du policier, qui a reconnu pour la première fois avoir procédé à un tir de LBD, donnent "une perspective", le risque de "concertation frauduleuse" est à prendre en compte, et la détention provisoire est requise afin de "préserver l'information jusqu'à l'interrogatoire".
Hedi, 22 ans, a dû subir une amputation partielle de son crâne après un tir de LBD et des coups reçus alors qu'il était déjà blessé.
"J'ai pris la décision de faire usage de LBD"
Le policier, qui conteste sa détention provisoire, a admis aujourd'hui un tir de LBD mais "rien ne prouve" que ce soit ce tir qui ait blessé le jeune Hedi, selon son avocat.
Tee-shirt blanc, crâne rasé, ce policier, prénommé Christophe qui a 14 ans d'ancienneté à la brigade anticriminalité (BAC), a souhaité à son arrivée dans le box faire des déclarations spontanées : "je souhaite m'expliquer sur les faits". Et alors qu'il le contestait jusqu'à présent, il a déclaré jeudi matin : "J'ai pris la décision de faire usage de LBD à une reprise."
Il décrit la scène : "Nous avions reçu la consigne de rétablir l'ordre" et "j'ai vu deux individus capuchés" avec "plusieurs mouvements dont je ne pouvais pas déterminer la nature laissant penser qu'une altercation était en cours." A un moment, il raconte avoir vu l'un sortir de la pénombre et pense qu'il est porteur d'un projectile. C'est à ce moment-là qu'il décide de tirer, une fois, soutient-il.
"J'ai vu que tout le monde était debout" et "évidemment que si une personne avait été inconsciente au sol ou présentant des blessures graves il aurait été immédiatement pris en charge", a-t-il insisté.
L'avocat du policier de la brigade anticriminalité (BAC) de Marseille, Me Pierre Gassend, avait demandé la remise en liberté de son client, estimant qu'il n'y avait "aucun risque" qu'il fasse pression sur la victime et soulignant qu'il pourrait être hébergé loin de Marseille.
La demande d'un autre policier mis en examen dans cette affaire, qui souhaite la fin de son contrôle judiciaire, sera, elle, examinée à huis clos aujourd'hui.
Dans le dossier Hedi, quatre policiers sont mis en examen pour "violences volontaires ayant entrainé une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à huit jours, aggravées par trois circonstances en ce qu'elles ont été commises en réunion, avec usage ou menace d'une arme et par personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions".
Les trois autres suspects ont été placés sous contrôle judiciaire avec "interdiction d'entrer en contact avec les coauteurs, la victime et les autres protagonistes et interdiction d'exercer l'activité professionnelle de fonctionnaire de police".
Avec AFP