Le policier soupçonné de violences sur Hedi remis en liberté à Marseille
Libéré vendredi après 40 jours de détention, le policier soupçonné d'avoir gravement blessé le jeune Hedi à Marseille, en marge des émeutes ayant suivi la mort de Nahel, a été placé "sous contrôle judiciaire". Il a interdiction d'exercer sa profession.
Des policiers lors d'une manifestation contre la police à Marseille, dans le sud de la France, le 1er juillet 2023.
Le policier soupçonné, avec trois collègues, d'avoir gravement blessé Hedi, un jeune homme en marge des émeutes à Marseille, est libre. Cet agent de la BAC de Marseille, qui a passé 40 jours en détention provisoire dans le cadre de cette affaire, a été libéré vendredi 1er septembre, dernier développement dans les quatre enquêtes ouvertes pour violences policières présumées à Marseille en marge des émeutes de début juillet.
La décision d'envoyer derrière les barreaux ce policier auteur du tir de LBD qui aurait grièvement blessé Hedi, 22 ans, avait provoqué la colère de nombreux de ses collègues à travers la France.
Il est désormais placé "sous contrôle judiciaire" et a interdiction d'exercer sa profession, a précisé dans un communiqué la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens.
"Hedi est effondré"
Christophe "s'est expliqué sur les circonstances de ce tir de LBD, en démontrant qu'il en avait fait l'usage sur le jeune Hedi alors que celui-ci était en train de lancer un projectile susceptible de menacer l'intégrité de ses collègues", a affirmé son avocat, Pierre Gassend, reprenant les explications données par son client devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence début août.
"La suite des investigations devra déterminer si ce tir de LBD a pu être à l'origine de certaines des lésions de Hedi", a ajouté Me Gassend, assurant que "Christophe a estimé avoir fait son devoir dans l'exercice de ses fonctions, dans un contexte de violences urbaines".
"Compte tenu de la pression extrême dans ce dossier, cette remise en liberté ne m'étonne pas", a réagi Jacques-Antoine Preziosi, l'avocat du jeune Hedi, dont une partie du crâne a dû être amputée par les chirurgiens après son hospitalisation suite à ce tir de LBD, puis son passage à tabac par d'autres policiers dans la nuit du 1er au 2 juillet : "Hedi est effondré. Il est en plus à l'hôpital pour y subir des examens, car son état de santé se dégrade".
"On va maintenant assister à un déferlement de mensonges entre le tireur et les cogneurs qui vont dire qu'Hedi était menaçant et qu'ils étaient en état de légitime défense. Or les vidéos disent le contraire", a insisté Me Preziosi.
Huit policiers mis en examen
Christophe était le seul policier à avoir été placé en détention provisoire dans le cadre des 33 enquêtes ouvertes pour violences présumées des forces de l'ordre en marge des émeutes déclenchées par le décès du jeune Nahel, tué fin juin par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre, en banlieue parisienne.
À Marseille, où des centaines de commerces ont été pillés et dégradés, quatre enquêtes ont été ouvertes au total, et huit policiers mis en examen.
La deuxième ville de France recense le seul mort lors de ces émeutes en France : Mohamed Bendriss, 27 ans, très vraisemblablement touché par un tir de LBD, la même nuit où Hedi avait été grièvement blessé. Dans ce dossier, trois policiers du Raid, une unité d'élite, ont été mis en examen.
"C'est une série de dérapages incontrôlés qui sont tristes pour notre police et notre République", a déploré Me Preziosi, estimant toutefois qu'il ne faut pas généraliser et qu'il s'agit de "brebis galeuses".
Dans l'affaire Hedi, Christophe et trois autres policiers de la brigade anticriminalité (BAC) ont été mis en examen, pour violences volontaires aggravées.
Mise en examen pour "acte d'intimidation" afin d'empêcher la victime de porter plainte
Abdelkarim, 22 ans, cousin de Mohamed Bendriss, a lui été éborgné après un tir de LBD, dans la nuit du 30 juin au 1er juillet. Dans ce dossier, l'enquête préliminaire a été transformée en information judiciaire contre X le 12 août, pour "violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente par personne dépositaire de l'autorité publique", a précisé vendredi le parquet de Marseille.
Mardi, une quatrième enquête avait été révélée, concernant le cas d'Otman, un trentenaire présentant sept fractures au visage après avoir été interpellé près d'un bar-tabac pillé. Un policier a été mis en examen dans cette affaire, notamment pour "menace ou acte d'intimidation" afin d'empêcher la victime de porter plainte.
L'audition de Hedi devant le juge, programmée le 6 septembre, reste suspendue à son état de santé.
Avec AFP