Vidéos effacées, "échec", "main trop lourde de la police" : ce qu'il faut retenir des auditions au Sénat sur les incidents du Stade de France
Vidéos effacées, "échec", "main trop lourde de la police" : ce qu'il faut retenir des auditions au Sénat sur les incidents du Stade de France
Plusieurs responsables ont été auditionnés jeudi par la commision des lois du Sénat pour faire la lumière sur les incidents en marge de la finale de la Ligue des champions 2022.
"Un échec" et des chiffres pas "parfaitement justes". Le préfet de police de Paris Didier Lallement a fait amende honorable, jeudi 9 juin, lors de son audition devant le Sénat pour s'expliquer sur les incidents au Stade de France le 28 mai lors de la finale de la Ligue des Champions, imputés par les autorités aux supporters de Liverpool sans billet valide.
Le préfet n'a pas été le seul auditionné par les sénateurs de la commission des lois. Franceinfo fait le bilan de cette journée.
Le préfet de police reconnaît un "échec"
"C'est à l'évidence un échec", a concédé Didier Lallement, mentionnant les personnes "bousculées ou agressées" et "l'image ébranlée" de la France. "C'est une blessure pour moi", a-t-il ajouté. L'audition du préfet intervient après celle, le 1er juin, des ministres des Sports Amélie Oudéa-Castéra et de l'Intérieur Gérald Darmanin. Ce dernier avait maintenu sa version, très critiquée, en réaffirmant que "35 000" supporters munis de billets falsifiés ou sans billet s'étaient présentés au Stade de France et auraient été "le mal racine" à l'origine des incidents.
"J'assume complètement" ce chiffre "que j'ai donné au ministre", a dit Didier Lallement, tout en reconnaissant s'être "peut-être trompé". "Je n'ai jamais prétendu qu'il était parfaitement juste", a-t-il ajouté, tout en maintenant qu'il y avait trop de monde par rapport à la capacité d'accueil du stade (79 000 places). Il a notamment réfuté avoir dit que ces supporters se trouvaient tous "devant les portes du stade", alors que plusieurs vidéos et témoignages ont démontré qu'il n'y avait pas un nombre important de supporters autour du Stade de France après le début du match.
Concernant l'usage de gaz lacrymogène sur les supporters, c'était "le seul moyen policier pour faire reculer une foule sauf à la charger", ce qui aurait été une "erreur grave", a insisté le préfet, qui s'est dit "désolé" pour "les gens de bonne foi". "Les décisions prises" ont permis de préserver "l'intégrité physique des personnes et la tenue du match", s'est néanmoins félicité le préfet, rappelant que la grève du RER B avait provoqué un report massif de supporters aux points de contrôle à la sortie du RER D.
Les bandes de vidéo surveillances n'ont pas été conservées
Les sénateurs ont également auditionnés Erwan Le Prévost, le directeur des affaires institutionnelles de la Fédération française de football (FFF). Il a pointé du doigt le manque d'information de la RATP. "Si nous avions eu les informations en temps réel du détournement des flux du RER B [en partie en grève] vers le RER D, nous aurions pu repenser notre dispositif en début d'après-midi. La préfecture non plus n'avait pas eu l'information", a ajouté Le Prévost.
L'audition de la FFF a permis d'apprendre que les images de vidéo-surveillance des violences autour du stade n'ont pas été conservées. "C'est la loi", a précisé à l'AFP le président de la commission de la culture, Laurent Lafon. "Nous sommes surpris, le préfet a saisi la justice très rapidement, il y a eu largement le temps de saisir (ces image), il faut qu'on comprenne ce qui s'est passé".
Le maire de Liverpool dénonce "la main très lourde de la police"
Egalement auditionné, le maire de la métropole de Liverpool, Steve Rotheram, a fustigé "le manque d'organisation et la main très lourde de la police, et bien sûr la façon dont les autorités essaient de dévier la faute sur un bouc-émissaire, les supporters de Liverpool, pour leur incompétence", a-t-il dit à l'AFP, avant de répéter cette thèse en visioconférence devant les sénateurs.