VIDEO Premier interrogatoire de Salah Abdeslam au procès des attentats du 13-Novembre : "Pour dire quoi ?", s'interroge un rescapé
"J'ai appris à ne rien espérer des terroristes et à ne rien attendre d'eux", déclare le président de l'association Life for Paris. "S’il donne des informations que personne ne connaît, alors là il aura fait un pas vers l'humanité."
"Je ne crois pas que cette journée soit forcément plus importante" que les autres au procès du 13-Novembre, déclare mercredi 9 février sur franceinfo Arthur Dénouveaux, victime des attentats le 13 novembre 2015 et président de l'association Life for Paris. Salah Abdeslam, dernier membre des commandos encore en vie, va subir aujourd'hui son premier interrogatoire sur le fond du dossier. "Pour dire quoi ?", s'interroge Arthur Dénouveaux, grand témoin de franceinfo.
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franceinfo : Alors qu'a lieu le premier interrogatoire de Salah Abdeslam au procès du 13-Novembre, cette journée est-elle plus importante que les autres ?
Arthur Dénouveaux : Je ne crois pas qu'elle soit forcément plus importante à part médiatiquement. Mais elle est importante parce qu’évidemment, parmi les membres du commando, c'est le seul à être encore vivant aujourd'hui et on a compris à son interrogatoire de personnalité qu'il avait eu une enfance relativement normale, heureuse et sans accroc. C'est après qu'il se retrouve avec un gilet explosif, le 13 novembre, en étant passé sous à peu près tous les radars. On veut comprendre ce point de bascule. C'est la question que tout le monde se pose et c'est d'ailleurs une question qui va un peu au-delà des parties civiles.
Est-ce que c'est Internet uniquement ? Est-ce que ce sont des rencontres avec des personnes ? Est-ce que ça se fait en groupe ? Ces questions-là, on se les pose et c'est peut-être aujourd'hui l'occasion d'avoir un début de réponse.
Espérez-vous qu'il parle aujourd'hui ?
J'ai appris à ne rien espérer des terroristes et à ne rien attendre d'eux. Mais ce serait quand même intéressant qu'il le fasse. Depuis le début du procès, il a parlé, mais il a beaucoup parlé pour ne rien dire ou plus exactement pour régurgiter de la propagande. Il s'est tenu à l'écart de quoi que ce soit qui puisse incriminer qui que ce soit d'autre. C'est d'ailleurs un peu ce qu'il a dit aux psychiatres dans l'expertise. Il était prêt à parler de certaines choses, mais il est très verrouillé sur d'autres. Et c'est donc difficile de savoir s’il va dire quelque chose d'intéressant. Le fait qu'il parle paraît à peu près acquis. Mais pour dire quoi ?
Est-ce que vous l'avez vu changé depuis que le procès a commencé il y a cinq mois ?
Oui, clairement. Il est arrivé au début du procès, extrêmement énervé, extrêmement en colère, et il a décidé de parler. Et on a senti par la suite qu'après avoir fait ça, il était quand même plus apaisé, plus maître de lui-même et sûrement capable de dire des choses différentes. Je sais qu'hier, il a encore parlé dans le box pour dire 'C'est ton histoire' à Sofiane Ayari, qui était interrogé. Je pense qu'il y a quelque chose aussi lié à l'isolement. Au début du procès, il a été sorti d'un isolement très strict qui durait depuis des années. Il s'est retrouvé dans cette salle avec beaucoup de monde, ça a dû être un choc. Depuis, il s'y est habitué.
Est-ce important pour vous de savoir pourquoi il a renoncé au dernier moment à faire exploser sa ceinture le soir du 13 novembre 2015 ?
Il y a une forme de curiosité, mais ce n'est pas fondamental, ni dans la reconstruction, ni dans la catharsis. S'il a renoncé au dernier moment, ça ne le rend pas pour autant un peu plus humain. Ce qui le rendrait plus humain c'est qu'il s'explique. Le fait qu'il ait renoncé sous le coup de l'adrénaline ou sous le coup de la peur et qu'il ait eu des versions différentes c'est une chose. Le fait qu'à l'occasion du procès, devant les avocats, les parties civiles, devant la cour il ait l'occasion de parler, c'est ça qui fera la différence. S'il explique ce qui s'est passé, s’il donne des informations que personne ne connaît, alors là il aura fait un pas vers l'humanité.