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VIDEO. "J'avais envie d'être morte" : des femmes victimes de "revenge porn" témoignent

A l'occasion d'une soirée spéciale consacrée au cyberharcèlement, mercredi, France 2 diffuse à partir de 22h50 un documentaire intitulé "Ennemi intime", réalisé par Marie-Christine Gambart. Des jeunes femmes, victimes de "revenge porn", y racontent le calvaire qu'elles ont traversé. C'est un fléau, aux conséquences souvent dramatiques, qui frappe depuis des années sur les réseaux sociaux. La pornodivulgation, plus communément appelée "revenge porn", désigne le fait de rendre publiques sans le consentement de la victime des images à caractère érotique. Né aux Etats-Unis, ce phénomène touche surtout les adolescents, mais les adultes ne sont pas épargnés. Parmi eux, près de 90% sont des femmes qui voient des photos d'elles dénudées ou des vidéos de leurs ébats sexuels exposées sur internet. Ces images échangées dans la confiance d'une relation amoureuse, voire volées, sont mises en ligne sur des sites pornographiques ou envoyées aux proches de la victime, à sa famille ou à ses collègues, la poussant parfois au suicide.  A l'occasion d'une soirée spéciale consacrée au cyberharcèlement, mercredi 30 mars, France 2 diffuse à partir de 22h50 un documentaire intitulé Ennemi intime, réalisé par Marie-Christine Gambart. Des jeunes femmes, victimes de "revenge porn", y témoignent. Parmi elles, Sophia et Samira. Lorsqu'elles décident de quitter leurs compagnons, ceux-ci décident de se venger. "Quand je lui ai annoncé que je voulais qu'on se sépare, il m'a dit : 'T'as pas le choix, tu ne peux pas partir', confie Sophia, à visage découvert. Et là, il me sort la carte des vidéos : 'Tu vas voir, je vais diffuser tout ça'. Donc là, c'est le plus gros flip de ma vie évidemment. Je me dis : 'Mais c'est une catastrophe : s'il fait ça, j'en crèverai. Et puis il a envoyé une photo à deux, trois personnes autour de moi en me disant : 'Tu vois, je suis capable de le faire.'" "Je me sentais tellement mal à l'intérieur" Samira a traversé la même épreuve à cause de son ex-compagnon. "Un jour, j'ai la désagréable surprise de constater qu'il va sur des sites de rencontres et qu'il a des échanges érotiques virtuels avec d'autres femmes. Je prends mes affaires et je décide de mettre un terme définitif à cette histoire", relate la jeune femme. Son ex-conjoint met en œuvre sa vengeance. "Après le harcèlement téléphonique, des personnes sont venues sonner chez moi à toute heure de la journée. (...) Je trouvais ça bizarre. Tout de suite, j'ai fait le lien avec lui, mais je n'avais pas de preuves. Je me dis : 'Je vais quand même me googliser' et là, je tombe sur des dizaines et des dizaines de liens avec mon prénom, mon nom, ma ville, mon arrondissement et des mentions comme quoi je suis une pute et que je reçois à domicile." Pour Sophia comme pour Samira, les conséquences sont terribles, aussi bien psychiques que physiques. Après la divulgation des photos de son intimité à sa famille et sur internet, Sophia tombe gravement malade et passe neuf mois à l'hôpital. Elle développe le syndrome de Guillain-Barré, une maladie auto-immune rare qui touche le système nerveux, allant jusqu'à la paralysie. "Il faut un choc émotionnel fort, il faut être secoué nerveusement, au sens propre, pour déclencher cette maladie, affirme Sophia. Je me sentais tellement mal à l'intérieur, tellement vilaine, tellement laide. Et cette maladie est arrivée pile au moment où j'avais envie d'être morte, où j'avais envie que ça s'arrête." "J'ai voulu mettre fin à ma vie" Samira a elle aussi connu cette envie d'en finir. "Pendant plusieurs mois, ma famille n'était pas au courant. Le jour où j'ai pris mon courage à deux mains, ç'a été le jour où j'ai voulu mettre fin à ma vie, tout simplement. Et là, je suis allée voir ma maman (...) je me suis mise à pleurer. Je lui ai dit : 'Maman, je t'aime, je t'aime plus que tout, mais là je ne peux plus.' Elle m'a dit : 'Mais qu'est-ce qui se passe ma fille ?' Et là, je lui ai tout dit." Sophia et Samira s'en sont sorties, tant bien que mal, et ont porté plainte contre leurs bourreaux. Depuis 2016, une loi permet de condamner les auteurs avérés de "revenge porn", ainsi que tous ceux qui relayent les contenus, à deux ans d'emprisonnement et 60 000 euros d'amende. Une sanction qui n'efface pas pour autant les blessures provoquées par cette pratique. Le documentaire Ennemi intime, réalisé par Marie-Christine Gambart, est diffusé à 22h50 sur France 2, mercredi 30 mars.

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