VIDEO. Cinq détenus libérés sans avoir été jugés faute d'escorte pour aller au tribunal
Lundi 28 avril à Valence, trois détenus devaient être transférés de leur prison vers le tribunal de la ville pour être jugés. Problème, aucun agent n’était alors disponible pour les escorter lors de ce trajet… Résultat : pas d’audience, les détenus sont libérés, conformément à la loi. Selon nos informations, le même jour, deux autres détenus de la prison Lyon-Corbas ont eux aussi été libérés. Comment est-ce arrivé ? L’Oeil du 20 heures a mené l’enquête.
Les trois détenus de Valence ont été interpellés samedi dernier. L’un pour trafic de stupéfiants, les deux autres pour harcèlement et violences conjugales. Deux jours plus tard, ils sont libres, en attendant leur procès prévu le 31 mai prochain. Quand il apprend que leur comparution immédiate ne peut pas avoir lieu, leur avocat Ivan Flaud ne cache pas sa surprise : "Comme avocat je ne peux pas protester effectivement contre le fait que mes clients aient été remis en liberté. C’est quand même un peu scandaleux qu’en 2021 on n'ait pas les moyens pour extraire trois personnes".
Sur les sept agents en charge de ces tranferts vers le tribunal, six étaient en formation lundi, donc indisponibles. Selon Sylvain Royere, syndicaliste UFAP UNSA Justice de la prison de Valence, il faudrait deux fois plus de personnel :"Il nous manque des effectifs. Ca a été vraiment vu, le service a été monté à l’économie. Nous on a honte parce qu'on n'est pas capables d’assurer les missions de sécurité pénitentiaire comme il faut."
Le commissariat police, qui peut prendre le relais, est touché par le COVID-19
En cas de situation comme celle ci, c’est à la police de prendre le relais.Problème, les policiers du commissiariat de Valence sont massivement touchés par le Covid 19.
Une situation invivable pour la compagne d’un des détenus libérés, qui se dit victime de violences. Pour des questions de sécurité, elle a préféré garder l'anonymat : "Vous savez ce que c’est de ne pas dormir pendant des mois ? C'est compliqué. Voir ses enfants souffir, c'est compliqué. Et je pensais que lundi j'allais pouvoir souffler un peu en fait." Elle explique ensuite à France 2 se sentir "en colère, frustrée, et [a] la peur au ventre".
Pour le moment, elle nous dit ne pas avoir été pourvue de "téléphone grave danger" par le Procureur de la République, qu'elle peut utiliser si elle se sent dans une situation périlleuse pour joindre un service d'assistance accessible 7j/7 et 24h/24. Ce service est directement relié aux services de police et de gendarmerie. La victime présumée affirme ne pas bénéficier de mesure de sécurité renforcée non plus. Elle nous a confié vivre dans un endroit tenu secret.
Deux autres détenus libérés à Lyon
Le cas des détenus de la prison de Valence n'est pas isolé dans la région. Selon nos informations, deux autres prévenus ont été libérés lundi, le même jour donc, dans les mêmes circonstances. L'administration pénitentiaire reconnaît-elle manquer de moyens pour mener à bien ces transferts ? "C’est un effet effectivement de concentration sur une période rapprochée, qui n’est absolument pas représentative de la mobilisation des services pénitentiaires tout au long de l’année", exlique Stéphane Scotto, directeur interrégional des services pénitentiaires de Lyon
Selon l’Union syndicale de la magistrature, 25 détenus ont été libérés faute d’avoir êté présentés devant un juge entre 2017 et février 2020.
Parmi nos sources :
Covid-19 : trois détenus de Valence remis en liberté faute d'escorte, Nathalie De Keyze, France Bleu Drôme Ardèche, 27 avril 2021.
Liste non exhaustive.