Victor Wembanyama aux San Antonio Spurs : la destination idéale pour la pépite du basket français
Âgé de 19 ans, le prodige français du basket a été choisi dans la nuit de jeudi à vendredi en première position de la "draft" NBA par les San Antonio Spurs. Selon l'ancien international français Boris Diaw, qui a porté le maillot de cette franchise du Texas, ce club est une destination idéale pour Victor Wembanyama. Explications.
Le basketteur français de 19 ans et qui mesure 2,21 m Victor Wembanyama devrait être choisi en première position de la draft NBA, le 22 juin 2023, par les San Antonio Spurs.
Victor Wembanyama aux San Antonio Spurs. L'annonce est enfin officielle. Avec le premier choix de la "draft" NBA 2023, la franchise du Texas a sélectionné, jeudi 22 juin, le phénomène français de 19 ans qui a enflammé la planète basket cette saison.
Le joueur de 2,21 m de Boulogne-Levallois, tout juste sacré meilleur joueur du championnat de France et récent finaliste malheureux face à Monaco, ne pouvait espérer meilleure destination. "San Antonio, ça m'évoque une histoire et une culture de la gagne comme nulle part ailleurs", a-t-il affirmé mi-mai sur beIN Sports, à propos de l'ancienne équipe de Tony Parker.
Quintuples champions NBA, les San Antonio Spurs ont en effet démontré ces trente dernières années qu'ils faisaient partie de l'élite de la ligue nord-américaine de basket. Mais au-delà du palmarès, c'est aussi un entraîneur et un club habitué aux joueurs internationaux que Victor Wembanyama devrait rejoindre.
En NBA, les plus mauvaises équipes de la ligue bénéficient des premiers choix lors de la draft, ayant ainsi la possibilité de sélectionner les meilleurs jeunes basketteurs. C'est ce qui a permis aux San Antonio Spurs, deuxième plus mauvais bilan de la ligue de basket nord-américaine en 2022-23, avec seulement 20 victoires pour 62 défaites, d'obtenir le premier choix en remportant la loterie organisée le 16 mai. Mais à la différence d'autres équipes abonnées aux premières places de la draft chaque année, San Antonio a "la culture de la gagne".
De Tony Parker à Victor Wembanyama en passant par tous les observateurs du basket, c'est ce qui est toujours d'abord souligné à propos des Spurs. Le club texan a remporté cinq titres NBA en 1999, 2003, 2005, 2007 et 2014 et a participé aux playoffs – la phase finale du championnat – vingt-deux années consécutives entre 1998 et 2019, un record NBA (partagé avec les Philadelphia 76ers des années 1950 et 1960).
"Normalement, il y a des cycles en NBA avec des périodes fastes qui durent quelques années, suivies de périodes de reconstruction, donc rester vingt-deux saisons consécutives en playoffs, en ayant chaque année l'objectif de gagner le titre, c'est incroyable", insiste l'ancien capitaine de l'équipe de France Boris Diaw, qui a joué aux Spurs de 2012 à 2016 avec un titre de champion à la clé. "Et même si San Antonio connaît cette période de reconstruction depuis quelques saisons, cette culture de la gagne est toujours présente", ajoute-t-il.
Durant toutes ces années, les Spurs ont démontré un savoir-faire dans l'accueil de jeunes joueurs prometteurs qui ont pu s'épanouir et devenir des stars de la balle orange : David Robinson, Tim Duncan, Tony Parker, Manu Ginobili et Kawhi Leonard, notamment, ont marqué l'histoire de ce club, mais aussi de la NBA. Victor Wembanyama va donc débarquer au sein d'une organisation qui sait comment mettre les jeunes talents dans les meilleures dispositions pour réussir au plus haut niveau.
"Il aura peut-être moins la pression qu'il aurait pu l'avoir avec d'autres clubs, estime Boris Diaw. Les Spurs savent protéger leurs joueurs pour les aider à grandir le mieux possible."
L'une des clés de cette réussite se nomme Gregg Popovich. L'entraîneur des San Antonio Spurs est sur le banc de la franchise texane depuis 1996, ce qui fait de lui le coach en exercice avec la plus grande longévité en NBA, mais aussi parmi l'ensemble des entraîneurs des quatre grandes ligues de sport nord-américaines (football américain, baseball, basket et hockey sur glace). Cette stabilité lui a permis d'imposer un style et une méthode qui ont fait leurs preuves.
"Il aura l'un des meilleurs coachs de l'histoire de la NBA", a tout simplement résumé Tony Parker fin mai sur RTL. L'ancien meneur de l'équipe de France sait ce qu'il doit à Gregg Popovich. Toujours sur son dos, ne lui laissant passer aucune erreur, le faisant travailler plus que les autres, Gregg Popovich a joué un rôle déterminant dans la progression de Tony Parker, quatre fois champion NBA, élu meilleur joueur de la finale en 2007 et qui deviendra en août le premier Français intronisé au Hall of Fame, le panthéon du basket. Victor Wembanyama va bénéficier à son tour de la science du jeu et de l'attention permanente de "Coach Pop".
"C'est un entraîneur qui est à la fois dur car très exigeant, mais qui est aussi très proche de ses joueurs, explique Boris Diaw. Je me souviens d'un réveillon de Noël en 2002 que nous avions passé chez lui avec Tony [Parker] alors que je ne jouais pas encore en NBA. Ça m'avait déjà surpris qu'un joueur passe Noël chez son entraîneur. Puis, à un moment dans la soirée, je me rends compte que Pop et Tony ont disparu. Je cherche un peu dans la maison. Et là je les trouve dans une pièce en train de faire une session vidéo avec Pop montrant à Tony ce qu'il avait mal fait lors du match précédent. Même un soir de Noël, il voulait faire progresser Tony. Ça résume assez bien le personnage."
Gregg Popovich sait également adapter son style de jeu en fonction de la culture basket de ses joueurs. Le risque, avec un joueur hors normes comme Victor Wembanyama, qui fait la taille d'un pivot – et donc d'un joueur évoluant en principe près du panier en attaque – mais qui joue comme un ailier, voire un meneur – deux postes situés plus loin du panier –, serait de tomber sur un entraîneur qui souhaiterait le contraindre à s'en rapprocher. Peu de chances, a priori, que cela arrive sous la houlette de Gregg Popovich.
En fin de contrat et âgé de 74 ans, ce dernier devrait toutefois prolonger l'aventure de quelques saisons supplémentaires, selon les médias américains. Nul doute que la perspective d'entraîner le futur numéro 1 de la draft a dû peser dans la balance.
Plus que n'importe quel autre club NBA, les San Antonio Spurs savent accueillir les joueurs internationaux. "Il y a à San Antonio une certaine compréhension des joueurs et du style de jeu qu'on peut avoir à l'international, souligne Boris Diaw. Mais leur différence d'approche se situe surtout au niveau personnel. Ils ont une compréhension des différentes cultures et aident les joueurs à s'adapter à la vie aux États-Unis."
Cinq Français ont déjà porté les couleurs de ce club texan : outre Tony Parker (2001-2018) et Boris Diaw (2012-2016), Ian Mahinmi (2007-2010), Nando De Colo (2012-2014) et Joffrey Lauvergne (2017-2018) y sont également passés. Et au-delà des Français, de nombreux joueurs internationaux ont porté les couleurs des Spurs, à l'image des Argentins Manu Ginobili et Fabricio Oberto, du Slovène Rasho Nesterovic, du Brésilien Tiago Splitter, de l'Australien Patty Mills ou de l'Espagnol Pau Gasol.
Gregg Popovich, qui a mené l'équipe des États-Unis à la victoire aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021 en battant la France en finale, ne voit également aucun inconvénient à laisser ses joueurs participer aux compétitions internationales, quand d'autres coachs et clubs NBA se montrent réticents.
"Le désir des joueurs internationaux de jouer pour leur pays est totalement compris par le staff et la direction de cette franchise", confirme Boris Diaw. Lui et Tony Parker n'ont ainsi jamais subi de pression pour se reposer l'été au lieu d'aller jouer en équipe de France. Voir Victor Wembanyama rejoindre San Antonio augmente donc considérablement ses chances d'être disponible pour participer à la Coupe du monde (25 août-10 septembre aux Philippines, au Japon et en Indonésie) avec les Bleus.