Une mère noie ses trois enfants pour les protéger de leur père soi-disant abuseur
Ils avaient 3 ans, 2 ans et 6 mois. Et leur maman les a assassinés. Mais Liliana Carrillo soutient qu'elle a agi pour "les protéger" de leur père qu'elle croyait être membre d'un réseau pédophile...
Lorsqu'il se réveille dans sa maison californienne de Huntington Beach, en ce samedi 10 avril 2021, Erik Denton, 31 ans, est aussi rayonnant que le soleil qui pointe au-dessus des vagues du Pacifique. Le lendemain, il doit récupérer ses trois merveilles, Joanna, 3 ans, Terry, 2 ans, et Sierra, 6 mois, auprès de Liliana Carrillo, 30 ans, son ex-compagne, mère des enfants, et rien ne le met plus en joie. Il file sous la douche, car il faut encore qu'il ait le temps de ranger et de nettoyer correctement la maison pour accueillir aussi bien qu'il le souhaite ces trois bouts de choux qui sont toute sa vie.
Le téléphone qui sonne soudainement l'oblige à sortir de la salle de bains. Il est 10 h 30. Au bout du fil, il reconnaît la voix étranglée de Gabriella, la mère de Liliana elle-même, mais Erik ne parvient pas à saisir le moindre mot de ce qu'elle essaye de lui dire. Quand, enfin, il comprend, il se pétrifie, tombe à genoux, et se met à hurler. Il ne reverra jamais ses trois enfants. Liliana vient de les tuer.
"Je les ai noyés. Je l'ai fait aussi doucement que possible. Je les ai étreints. Je les ai embrassés..."
En le justifiant d'une manière terrifiante. La jeune femme affirme en effet que ce qu'elle a fait "est juste". Lors de l'hallucinant entretien qu'elle accorde à une antenne locale de NBC au sein de la prison du comté de Kern où elle est enfermée depuis son arrestation, elle affirme qu'elle a tué ses enfants pour les protéger des abus de leur père. "Je les ai noyés. Je l'ai fait aussi doucement que possible. Je les ai étreints. Je les ai embrassés. Je m'excusais tout le temps. J'adorais mes enfants. Je ne voulais juste pas qu'ils soient davantage maltraités. J'aurais aimé ne pas les tuer, mais j'avais promis de les protéger", explique-t-elle.
Pour comprendre ces propos, il faut revenir en arrière. Après la naissance de son deuxième enfant, en 2019, la jeune femme montre des signes d'une dépression post-partum. En 2020, après la naissance de son troisième enfant, les symptômes deviennent plus sévères. Face à l'insistance d'Erik, elle consulte un thérapeute, mais refuse un traitement et, décidant de s'auto-médicamenter, prend notamment du cannabis.
Influencée par les thèses complotistes de QAnon, elle se persuade que leur père fait partie d'un réseau pédophile
Sur Facebook, elle exprime alors des "sentiments envahissants et aléatoires de désespoir et de douleur". Confie qu'elle "déteste être mère et souhaiterait pouvoir revenir en arrière". Pendant cette mauvaise passe, le couple se sépare et Liliana commence à approuver le discours complotiste de QAnon (mouvance américaine d'extrême-droite qui prétend que les élites mondiales organisent des orgies pédophiles, cannibales et sataniques). Elle est obsédée par l'idée que, Porterville, non loin de L.A., où elle vit, est le site d'un réseau de trafic sexuel d'enfants.
En février dernier, la situation se détériore encore. Liliana accuse maintenant Erik de faire partie du réseau pédophile et de maltraiter les enfants. Inquiet de l'état mental de son ex-compagne, le papa essaie de convaincre le juge de lui accorder la garde des trois enfants, estimant que leur mère est dangereuse pour eux. Le 1er mars, il obtient leur garde exclusive et pourra les récupérer le 12 mars. Evidemment, Liliana refuse, contre-attaque en justice et demande une ordonnance de restriction à l'encontre d'Erik en raison de violences. Une audience est fixée au 14 avril et, dans l'intervalle, les enfants resteront chez leur mère.
Malgré les alertes du père, les services sociaux et la police n'ont pas agi
Affolé, le papa, accompagné de sa cousine Terri Miller, 35 ans, médecin, alerte la police, les services sociaux et psychiatriques. "Mais personne n'a fait quoi que ce soit !", hurlera-t-il après le drame au journaliste du Los Angeles Times qui tente de l'interroger. Le 10 avril, Liliana envoie cent pages "sinueuses et incohérentes" de notes manuscrites et d'images au juge qui avait statué sur la garde ainsi qu'à plusieurs médias, alléguant que Porterville est "la racine de tout le mal". "Je retire mes enfants de ce monde parce que rien ne sera plus jamais pareil, écrit-elle sur la dernière page. Il n'y a plus de retour possible." Elle vient de leur donner la mort.
"Erik est complètement détruit, confie sa cousine Terri. Ses enfants étaient tout. Je veux dire, tout son être et son existence tournaient autour de ses enfants. Il était censé aller les chercher le lendemain... C'est horrible." La famille Denton envisage une action en justice tant leur colère est forte contre les services sociaux et la police de Los Angeles qui n'ont, selon eux, pas agi assez vite. S'ils l'avaient fait, cette tragédie aurait peut-être pu être évitée...
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