Une enquête ouverte sur la cagnotte de soutien à la famille du policier qui a tué Nahel
Une enquête a été confiée à la sous-direction des affaires économiques et financières de la police judiciaire au sujet de la cagnotte de soutien à la famille du policier auteur du tir qui a tué le jeune Nahel, et qui a recueilli plus de 1,6 million d'euros. La plainte pour escroquerie en bande organisée, déposée par la famille de Nahel, accuse le polémiste d'extrême droite à l'origine de cette initiative de multiples mensonges.
La cagnotte "Soutien pour la famille du policier de Nanterre" qui a dépassé le million d'euros dès le 3 juillet.
Une cagnotte de soutien à la famille du policier qui a tué le jeune Nahel, lancée par la figure de l'extrême droite Jean Messiha et qui a récolté plus de 1,6 million d'euros, fait l'objet d'une enquête à Paris, a indiqué mercredi 19 juillet le parquet joint par l'AFP.
Les investigations ont été confiées à la sous-direction des affaires économiques et financières de la police judiciaire après une plainte déposée par la famille de Nahel, tué le 27 juin dernier à l'âge de 17 ans lors d'un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine), en banlieue parisienne.
La plainte déposée notamment pour escroquerie en bande organisée et dont l'AFP a eu connaissance, dénonce notamment des "manœuvres frauduleuses" et des "mensonges" de Jean Messiha, visant à "tromper" les donateurs pour récolter des fonds.
Toute personne bénéficiant de la cagnotte, "quand bien même elle serait de la famille du policier (...) se rendrait dès lors coupable de recel d'escroquerie en bande organisée", selon cette plainte.
Les mensonges supposés de Jean Messiha
La plainte accuse, entre autres, Jean Messiha d'avoir "publiquement et mensongèrement présenté Nahel comme un 'multirécidiviste'" tout en "mentant" en présentant le policier "comme un 'héros du Bataclan'", alors que le fonctionnaire "ne serait en aucun cas intervenu" lors de l'attentat jihadiste qui a visé la salle de spectacle le 13 novembre 2015.
Jean Messiha est par ailleurs accusé par la famille de la victime d'avoir relayé sur Twitter "des informations qui seraient issues du fichier du traitement des antécédents judiciaires de Nahel" afin de le "criminaliser", "nécessairement données par un ou plusieurs membres des forces de l'ordre".
La plainte vise ainsi les infractions de détournement de la finalité d'un traitement de données à caractère personnel et recel.
"Je n'ai accès à aucun fichier des antécédents judiciaires. Cette information était présente sur les réseaux sociaux. Je l'ai récupérée en tant que telle", s'est défendu Jean Messiha sur BFMTV.
Indignation d'une partie de la classe politique
"Nous saluons la rapidité de cette décision du procureur de la République" d'ouvrir une enquête, a réagi Me Yassine Bouzrou, qui défend la famille de Nahel, auprès de l'AFP.
"Si les donateurs s'estiment escroqués, c'est aux donateurs de porter plainte. Bizarrement je n'ai reçu aucune information qui tendrait à faire croire que des donateurs ont porté plainte pour manœuvre frauduleuse", a déclaré mercredi Jean Messiha sur BFMTV.
Outre la famille de Nahel, la cagnotte lancée par le polémiste d’extrême droite a indigné une partie de la classe politique et de nombreux internautes.
Face à la controverse, la plateforme GoFundMe qui avait hébergé l'initiative avait assuré, début juillet, que la cagnotte était "conforme" à ses règles car les fonds "seront versés directement à la famille en question".
Avec AFP