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Un Salon de l'agriculture 2024 sous le sceau de la colère

Le Salon de l'agriculture ferme ses portes dimanche au terme d'une 60e édition marquée par la colère des agriculteurs. Circonspects face aux multiples annonces gouvernementales, ils restent fiers d'avoir présenté leur travail aux centaines de milliers de visiteurs. Emmanuel Macron échange avec des agriculteurs au salon de l'agriculture à Paris le 24 février 2024 Le syndicat agricole majoritaire FNSEA avait donné le ton dès la veille de l'ouverture, le 23 février, en organisant une marche, achevée en veillée d'armes devant l'entrée du Parc des expositions à Paris. Au petit matin, des dizaines de manifestants forcent une grille et entrent, décidés à se faire entendre du chef de l'État. Au milieu des allées du Hall 1, l'incontournable pavillon des vaches, cochons et ovins, des empoignades ont lieu entre la sécurité - visiblement dépassée - et des militants arborant des signes distinctifs de trois syndicats, FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale. Le programme de la visite d'Emmanuel Macron est chamboulé. Après une rencontre avec les représentants officiels des syndicats et filières, il débattra finalement avec quelques agriculteurschoisis dans les rangs des syndicats. Le Salon ouvre au public avec une heure de retard, et le Hall 1, plus de six heures plus tard. "Du jamais vu" pour ses organisateurs. L'habituelle déambulation du président est maintenue, mais dans des stands vidés de leurs visiteurs, bloqués par des cordons de CRS, et parfois sous des huées. "On montre les muscles une fois de plus contre un peuple qui souffre et qui en a marre", tempête Moïse Blin, éleveur en Bretagne. Moins d'excès Après cette première journée tumultueuse, la vie du Salon reprend dans une ambiance bon enfant mais ponctuée jusqu'au bout de sifflets ou "coups de gueule". Les visiteurs s'empressent autour de son égérie, la vache Oreillette, s'attendrissent devant l'éclosion de poussins ou s'étonnent devant les attributs d'un taureau Aubrac. Ils se régalent des spécialités régionales, grimpent dans la moissonneuse-batteuse, assistent aux concours d'animaux. La fête donne, comme toujours, lieu à certains débordements mais loin des excès constatés l'an dernier. Si bars à vin, stands de brasseries et de cocktails commencent les dégustations à 11h, mini gobelets aux bords des comptoirs, la vente d'alcool est interdite à 18H45 et les pintes de bières, bannies le week-end. Un premier bilan chiffré sera donné dimanche soir, mais les organisateurs sont d'ores et déjà "très satisfaits du nombre de visiteurs". Après des semaines de mobilisation dans la rue et d'engagements gouvernementaux, allant de centaines de millions d'aides d'urgence à la promesse d'un choc de simplification, le Salon a été l'occasion de présenter de nouveaux gages. Jet d'oeufs Accédant à une demande forte de la FNSEA, Emmannuel Macron s'est engagé à reconnaître l'agriculture "comme un intérêt général majeur de la nation française", répondant à la Coordination rurale, il a évoqué "un plan de trésorerie d'urgence", et à la Confédération paysanne, a ouvert un débat sur des "prix planchers". Cette dernière annonce a fait bondir la FNSEA, qui y voit le risque d'aboutir à des "prix plafonds" et une contrainte de plus dans certaines filières où cela n'a pas de sens, comme les céréales destinées à l'export. Attendu de pied ferme au salon, le gouvernement a multiplié les annonces: plans pour l'élevage et le blé dur, 40 millions d'euros supplémentaires pour l'agriculture bio, 100 millions de plus pour la filière fruits et légumes. Ont aussi été publiés des décrets sur la dénomination des viandes ou les métiers en tension. Ministres, élus ou candidats, le défilé des politiques a été permanent, sur fond de campagne pour les élections européennes. Les ministres Christophe Béchu (Transition écologique) et Marc Fesneau (Agriculture) ont été la cible d'oeufs, tandis que Gabriel Attal a déambulé tranquillement; à l'extrême droite, Marion Maréchal s'est vue aspergée de bière quand le président du RN Jordan Bardella a multiplié les selfies. Le président de la République s'est placé dès le début en opposition à l'extrême droite, dénonçant un lien entre la Coordination rurale et le RN. Le deuxième syndicat agricole, qui défend son apolitisme, s'est en tout cas rappelé au souvenir de l'exécutif vendredi matin en débarquant par surprise avec tracteurs et ballots de paille au pied de l'Arc de Triomphe. Signes que les agriculteurs restent sur la brèche.

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