Un chanteur mozambicain rend justice en musique grâce à WhatsApp
Sam Chitsama est un chanteur à louer pour les trompés, les spoliés, les excédés, tous ceux qui veulent se venger, parmi les membres de la diaspora mozambicaine en Afrique du Sud, qui représente 400 000 personnes. À 33 ans, il propose de mettre en musique et de chanter les frustrations, les haines, et les dénonciations ou les potins, comme il dit. La musique est toujours la même, seules les paroles changent.
Une femme trompée veut dénoncer son mari et ses maîtresses ? Sam est la solution. Des éleveurs veulent balancer un voleur de bétail que la police n'arrête pas ? Sam est la solution. Une fratrie veut cafarder le frangin qui a gardé tout l'héritage ? Sam est la solution...
Une solution à 30 dollars la chanson, que Sam Chitsana diffuse via WhatsApp à des milliers de personnes. 50 euros pour un rappel des faits trois mois après. Enfin, un rappel des faits... Un rappel des ragots plutôt, puisque le chanteur-justicier se garde bien de vérifier l'exactitude de ce qu'on lui demande de rapporter. "Le WhatsApp audio, dit-il, appartient au client, et les conséquences aussi."
Derrière le côté rigolo de l'histoire, il y a aussi une réalité. La diaspora mozambicaine en Afrique du Sud n'a pas accès aux tribunaux pour se plaindre, et les assemblées de justice coutumière sont souvent sous influence. "Mes chansons, par leur diffusion, protègent mes clients et leur évitent des représailles", affirme Sam Chitsana.
Et pourquoi pas en France ?
Je me suis dit que Sam avait trouvé un filon, et qu'on pourrait peut-être s'en inspirer ici par exemple. La presse a rapporté des propos furibards d'Emmanuel Macron contre ses ministres trop bavards dans les médias. Je vais m'essayer, en citant le président, à une adaptation qu’il pourrait diffuser sur le WhatsApp du Conseil des ministres.
"J'en ai marre !J'en ai marre des pseudo-conseillers ministériels / qui passent leur temps à dire ce que je n'ai pas dit.Si certains d’entre vous ont des vocations d’éditorialistes / il en faut plein dans les chaînes d’info / vous êtes ministres, pas éditorialistes."
Ça passerait quand même mieux, non ?