Un alpiniste fait par le plus grand des hasards une découverte bouleversante
Un alpiniste néerlandais de passage en Haute-Savoie n'imaginait pas exhumer un douloureux souvenir en découvrant un simple petit bout de plastique dans la neige. On vous raconte ça !
Ömer Sami se frayait un chemin parmi un amas de débris rocheux sur le glacier de Leschaux en Haute-Savoie lorsqu'il a remarqué une petite carte plastifiée a priori anodine sous son pied ce vendredi 28 octobre 2022. Ce déchet accidentellement oublié dans le parc naturel régional des Bauges n'était autre qu'une carte bleue, témoin muet d'un accident tragique survenu au milieu des années 90. "Elle était presque intacte. Je me suis d'abord dit que ça montrait à quel point le plastique ne se décompose pas et pollue la montagne, témoigne l'alpiniste d'origine néerlandais dans les colonnes du Parisien. Je pensais simplement que son propriétaire l'avait perdue sur le glacier il y a des années. Ça a éveillé ma curiosité. J'ai donc voulu retrouver sa trace en postant une photo de sa carte bancaire sur Facebook." L'enquête d'Ömer Sami allait être facilitée par une information cruciale sur laquelle le temps n'avait pas eu prise.
La photo diffusée sur les réseaux sociaux permet d'identifier clairement l'identité du propriétaire de la carte du Crédit Lyonnais : Andries Jurgen. Le jeune membre d'un club alpin belge avait disparu à l'âge de 21 ans au cours de l'ascension. Tragiquement disparu à l'âge 21 ans lors de l'ascension de la célèbre face nord des Grandes Jorasses, une "magnifique et gigantesque muraille, l'une des plus belles et des plus sévères des Alpes" selon François Labande dans son guide La Chaîne du Mont-Blanc (1987). Ömer Sami a pu compter sur l'aide de fins limiers pour documenter ce fait divers dramatique survenu le 28 juillet 1995. A l'époque, un article du Dauphiné Libéré avait révélé que des chutes de pierre avaient provoqué la mort de trois alpinistes belges de l'expédition. "J'étais loin d'imaginer que j'allais raviver de mauvais souvenirs dans la vallée", confie le touriste néerlandais qui a souhaité envoyer la carte bleue du jeune homme à sa famille.
Pourquoi il faut s'attendre à d'autres découvertes bouleversantes sur les glaciers dans les prochaines années
Accéder auMont Blancdevient une épreuve de plus en plus périlleuse à mesure qu'on enregistre les conséquences d'un dérèglement drastique du climat. Crevasses et chutes de pierres pavent désormais la route vers le sommet du "Toit de l'Europe". Dans une enquête publiée par Le Parisien cet été, Olivier Grébert, président de la Compagnie des guides de Chamonix, notait que seule une "douzaine ou une vingtaine de personnes par jour, plutôt des spécialistes" se fraient désormais un chemin jusqu'aux hautes cimes, "contre 100 à 120 personnes en temps normal". On pointe du doigt des chutes de neige éparses durant l'hiver, mettant à nu de vastes portions de glaciers, parfois eux-mêmes recouverts de sable en provenance du Sahara. S'ajoute ensuite une fonte estivale, un calvaire pour les ponts de neige indispensables au franchissement des crevasses. Les alpinistes en herbe ont pourtant répondu à l'appel de la montagne par milliers cet été à Chamonix, au pied du Mont Blanc. Un succès à nuancer quand on sait que des touristes ont renoncé à tout projet d'ascension, une entreprise devenue trop risquée pour certains, quand d'autres ont tout bonnement annulé leur séjour en Haute-Savoie.