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Insolite et Faits divers

Trafic de drogue à Marseille : "Il faut beaucoup plus de moyens pour la justice mais sur le temps long et pas en réaction aux faits divers", commente une juge

Trafic de drogue à Marseille : "Il faut beaucoup plus de moyens pour la justice mais sur le temps long et pas en réaction aux faits divers", commente une juge Co-déléguée de la section du Syndicat de la magistrature de Marseille, Nathalie Roche considère comme "un peu parcellaire", la demande du maire Benoît Payan d'un "parquet spécial", dédié au trafic de drogue. Trois personnes sont mortes dans deux fusillades distinctes ce week-end dans la cité phocéenne."Il faut beaucoup plus de moyens pour la justice mais sur le temps long et sur l'ensemble de la chaîne pénale", a réagi lundi 23 août sur franceinfo Nathalie Roche juge d’instruction et co-déléguée de la section du Syndicat de la magistrature de Marseille, après la demande du maire de créer un "parquet spécial" dans un contexte de trafic de drogues. franceinfo : Que pensez-vous de cette demande de Benoît Payan d'un parquet spécial ? Nathalie Roche : On ne peut qu'adhérer à ce constat d'une justice sous-cotée. Le personnel judiciaire a un sentiment d'impuissance face à ces trafics de stupéfiants malgré l'énorme travail qui est mis en place tout simplement parce que cela dépasse l'autorité judiciaire qui est là pour sanctionner. On sait bien que la mise en place de politique de prévention pourrait nous aider peut-être à avoir moins de choses à traiter, mais au-delà de ça, on a l'impression qu'on n'a pas pris en compte l'importance de ce trafic à Marseille et la nécessité que l'ensemble de la chaîne judiciaire soit mieux dotée. Là où on pourrait avoir des difficultés, c'est d'entendre les propos de Benoît Payan sur la spécialisation des collègues qui existent déjà et cette vision que j'entends et comprends mais qui est un peu parcellaire, d'uniquement un parquet qui soit plus spécialisé. Cela ne suffit pas. Un parquet c'est quelqu'un qui poursuit. Quand on a poursuivi et qu'on doit vraiment faire face à des trafics internationaux de stupéfiants, des flux financiers importants, on a besoin d'enquête, de juges d'instruction. On a besoin d'un tribunal qui puisse accueillir de grandes salles sécurisées avec suffisamment de juges. Il faut doter la justice sur le temps long ça ne peut pas juste être une réaction aux faits divers. Que faut-il faire ? Il faut plus d'effectifs, plus de personnels, il faut des juges d'instruction, des juges correctionnels, des greffiers, des agents qui sont en capacité de traiter ces procédures. Il faut des locaux parce que le tribunal de Marseille aujourd'hui ne dispose pas de suffisamment de salles pour juger tous les dossiers. Je ne sais pas si cela sera suffisamment important pour mettre fin à ce trafic de stupéfiants endémique à Marseille et aux répercussions sur l'ensemble de la vie des familles, des quartiers. Donc, oui, il faut beaucoup plus de moyens pour la justice mais sur le temps long et sur l'ensemble de la chaîne pénale. Est-ce qu'il y a de plus en plus de jeunes impliqués dans les trafics ? On est dans des impressions. Ces impressions-là du rajeunissement de certains trafiquants en bout de chaîne, c'est-à-dire ceux qui surveillent, qui vendent, existent déjà depuis un certain nombre d'années et a déjà fait l'objet d'études sociologiques. On a des inquiétudes sur la déscolarisation des certains enfants qui se retrouvent en bas des cités. Je ne pense pas qu'il y ait eu d'études statistiques suffisantes pour nous permettre d'affirmer aujourd'hui qu'il y a plus de jeunes, mais c'est une inquiétude qui existe depuis une quinzaine d'années.

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