Tourisme spatial : un milliardaire japonais arrive sur l'ISS à bord d'une capsule russe
La fusée russe a décollé du cosmodrome russe de Baïkonour au Kazakhstan à 7 h 38 GMT.
Le milliardaire japonais Yusaku Maezawa est arrivé mercredi à bord de la Station spatiale internationale après avoir été transporté par une fusée russe Soyouz. Il va y résider douze jours. Ce voyage consacre les efforts de la Russie pour revenir dans le lucratif marché du tourisme orbital.
Le rêve est devenu réalité pour le milliardaire japonais Yusaku Maezawa. La capsule russe le transportant s'est arrimée mercredi 8 décembre à la Station spatiale internationale (ISS), une mission qui marque le retour de Moscou dans le tourisme orbital après une décennie de difficultés.
Le vaisseau Soyouz s'est arrimé à l'ISS environ six heures après son décollage du cosmodrome russe de Baïkonour au Kazakhstan, selon les images retransmises par l'Agence spatiale russe (Roscosmos).
Le fantasque milliardaire, âgé de 46 ans et qui a fait fortune dans la mode en ligne, et son assistant Yozo Hirano devront encore patienter à bord de la capsule pendant une série de contrôles techniques avant de monter dans la station orbitale, où ils passeront douze jours.
Douze jours à bord de l'ISS
Dans la matinée, le milliardaire, son assistant et le cosmonaute Alexandre Missourkine, qui pilote le Soyouz, avaient quitté tout sourire leur hôtel à Baïkonour au son d'une chanson soviétique qu'on met traditionnellement pour tous les cosmonautes avant le vol. Cette chanson – sur les cosmonautes nostalgiques de leur maison – a été partiellement chantée en japonais.
"Les rêves se réalisent", a tweeté mercredi matin Yusaku Maezawa.
"Je suis très excité, mais comme c'est un vrai ami, je suis inquiet pour lui", a confié à l'AFP, juste avant le décollage, Hiroyuki Sugimoto, qui raconte connaître le milliardaire depuis 17 ans et être venu à Baïkonour pour le voir s'envoler vers le cosmos.
Les deux touristes spatiaux vont passer 12 jours dans la station orbitale, un séjour que Yozo Hirano documentera pour et avec son patron sur YouTube. Le milliardaire s'est fixé 100 tâches à accomplir dans l'espace.
Un secteur lucratif
Les Russes qui avaient perdu du terrain dans le secteur du tourisme spatial face aux sociétés privées américaines, notamment SpaceX, confirment qu'ils restent dans la course. Ce secteur connaît un regain d'intérêt et constitue une potentielle manne financière.
Le dernier voyage d'un touriste japonais dans l'espace remonte à 1990, quand un journaliste avait séjourné à bord de la station soviétique Mir.
Le secteur des vols privés spatiaux, très lucratif, est actuellement dynamisé par la récente entrée dans la course des sociétés des milliardaires américains Elon Musk (SpaceX) et Jeff Bezos (Blue Origin), ainsi que celle du Britannique Richard Branson (Virgin Galactic).
En septembre, SpaceX a organisé un vol de trois jours en orbite avec un équipage composé intégralement d'amateurs. Elle prévoit aussi d'emmener plusieurs touristes faire le tour de la Lune en 2023, dont Yusaku Maezawa, qui finance cette opération.
Après un hiatus d'une décennie, le vol de mercredi marque dès lors le retour dans l'arène de l'agence spatiale russe, Roscosmos, alors que l'industrie aérospatiale du pays est minée par des scandales de corruption et des difficultés techniques et financières.
En 2020, avec la mise en service des fusées et capsules de SpaceX, la Russie a perdu son monopole des vols habités vers l'ISS et les dizaines de millions de dollars que la Nasa et d'autres agences spatiales payaient pour chaque place à bord des Soyouz.
La mission des deux touristes japonais est organisée par Roscosmos et son partenaire américain Space Adventures. Entre 2001 et 2009, ces deux partenaires avaient déjà envoyé de richissimes entrepreneurs dans l'espace à huit reprises.
Signe de la volonté du secteur spatial russe de faire peau neuve, Roscosmos a également dépêché en octobre un réalisateur et une actrice à bord de l'ISS pour y tourner le premier film long-métrage de l'histoire en orbite, avant un projet concurrent de la star hollywoodienne Tom Cruise.
Avec AFP