TotalEnergies renonce à acheter du pétrole et du diesel russes d'ici à la fin de l'année
Guerre en Ukraine
Le siège du groupe TotalEnergies dans le quartier d'affaires de la Défense près de Paris, le 28 mai 2021.
Sous pression depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le géant français de l'énergie a décidé mardi de "ne plus conclure ou renouveler des contrats d'achat de pétrole et de produits pétroliers russes" d'ici fin 2022. En revanche, TotalEnergies continuera à assurer l'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel liquéfié en provenance de Russie.
Parfois critiqué pour son maintien en Russie, TotalEnergies a un peu plus pris ses distances avec ce pays stratégique en annonçant renoncer à tout achat de pétrole ou produits pétroliers russes, au plus tard à la fin de l'année.
Le géant français des hydrocarbures a expliqué mardi dans un communiqué prendre "des mesures complémentaires" face "à l'aggravation du conflit" en Ukraine, près d'un mois après son invasion par la Russie.
"TotalEnergies prend unilatéralement la décision de ne plus conclure ou renouveler des contrats d'achat de pétrole et de produits pétroliers russes, afin d'arrêter tout achat de pétrole ou produits pétroliers russes dans les meilleurs délais et au plus tard à la fin de l'année 2022", indique le groupe.
Concrètement, il cherchera des approvisionnements alternatifs - notamment via des importations par la Pologne - pour sa raffinerie de Leuna située dans l'Est de l'Allemagne.
La décision vaut aussi pour le gazole, dont l'Europe et notamment la France sont très friandes. Celui-ci sera importé d'ailleurs, en particulier de sa raffinerie de Satorp en Arabie Saoudite (détenue avec Saudi Aramco).
TotalEnergies avait déjà annoncé qu'il n'apporterait plus de capital à de nouveaux projets en Russie, sans pour autant se retirer du pays, très important pour sa stratégie et dans lequel il est implanté depuis le début des années 1990.
Le groupe français est actionnaire à 19,4 % du géant du gaz russe Novatek et détient une participation de 20 % dans Yamal LNG, un projet qui a été lancé fin 2017 et qui a produit plus de 18 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) en 2020.
Le groupe détient également une participation de 10 % dans Arctic LNG 2, un projet dont la première livraison de GNL est prévue pour 2023.
"Complice" de "crimes de guerre"
Il confirme qu'il "n'apportera plus de capital au projet" et ne le comptabilisera plus dans ses réserves prouvées d'hydrocarbures compte tenu des "incertitudes" que les sanctions font peser sur l'avenir du projet.
Le maintien du groupe en Russie a été critiqué, notamment par le candidat écologiste à l'élection présidentielle Yannick Jadot, qui a jugé l'entreprise "complice" de "crimes de guerre".
Des "accusations graves et infondées", se défend mardi TotalEnergies, en précisant sa position et en rappelant qu'il n'exploite directement aucun champ d'hydrocarbures dans le pays.
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Concernant ses importantes participations, le groupe estime qu'il serait contre-productif de les abandonner, faute de trouver un acheteur non-russe pour les racheter dans le contexte actuel. "Abandonner ces participations sans contrepartie financière contribuerait donc à enrichir des investisseurs russes en contradiction avec l'objet même des sanctions", note l'entreprise.
Elle souligne aussi que ces sociétés sont gérées de manière autonome et que le départ d'un actionnaire n'y changerait rien.
Enfin, TotalEnergies distingue le pétrole et le gaz russes, dont l'Europe est encore très dépendante. "TotalEnergies continue à assurer l'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel liquéfié à partir de l'usine de Yamal LNG dans le cadre de contrats longs termes qu'elle se doit d'honorer tant que les gouvernements considèrent que le gaz russe est nécessaire", souligne-t-il.
Contrairement aux États-Unis, qui ont annoncé un embargo sur les hydrocarbures russes, l'Union européenne n'a pas sanctionné le secteur énergétique russe jusqu'à présent. Elle se donne jusqu'en 2027 pour assurer son indépendance, alors que certains pays comme l'Allemagne sont très dépendants au gaz venu de Russie.
Avec AFP