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Tony Parker au Hall of Fame : dix moments marquants ou méconnus de sa carrière

Tony Parker va devenir samedi le premier basketteur français à être intronisé au Hall of Fame, le panthéon du basket mondial. Un honneur qui vient couronner une carrière hors norme. Retour sur dix moments marquants ou méconnus de l’ancien numéro 9 des San Antonio Spurs. Le basket français se souviendra longtemps de l'année 2023. Le hasard de l'histoire a voulu que Tony Parker devienne le premier basketteur français à entrer au Hall of Fame – le panthéon du basket – la même année où un certain Victor Wembanyama devenait le premier basketteur français à être choisi en première position de la draft NBA. Mais avant que "Wemby" parvienne à passer du statut de "plus gros potentiel de l'histoire du basket" à celui de star confirmée, le chemin à parcourir est encore long. Car la carrière de Tony Parker, c'est avant tout un riche palmarès qui sera honoré, samedi 12 août, à Springfield, dans le Massachusetts, lors de la cérémonie d'intronisation au Hall of Fame. Quatre fois champion NBA (2003, 2005, 2007, 2014), élu meilleur joueur de la finale en 2007, six fois sélectionné au All Star Game NBA (2006, 2007, 2009, 2012, 2013, 2014), champion d'Europe avec les Bleus en 2013, médaillé d'argent à l'Euro 2011, deux fois médaillés de bronze à l'Euro 2005 et à l'Euro 2015, Tony Parker fait aussi partie, avec Michael Jordan, Kobe Bryant et LeBron James, des quatre seuls joueurs de l'histoire de la NBA à avoir cumulé dans sa carrière plus de 4 000 points et 1 000 passes décisives en playoffs (la phase finale du championnat NBA). Une carrière hors norme que France 24 vous propose de découvrir ou de redécouvrir au travers d'une sélection de dix moments marquants ou méconnus de l'ancien numéro 9 des San Antonio Spurs. De la frustration pour ses débuts professionnels La carrière de Tony Parker est souvent décrite comme une succession de réussites, mais ses débuts professionnels ont d'abord été marqués par la frustration. Le jeune meneur signe son premier contrat en 1999 au PSG Racing. Âgé de 17 ans, il devient dans le club parisien la doublure de Laurent Sciarra, alors meneur de l'équipe de France. Limité à 10 minutes de temps de jeu en moyenne sur la saison, il fait part de sa frustration sur le blog qu'il rédige à l'époque sur le site Internet du club. "Cette année, Laurent [Sciarra] fait une de ses meilleures saisons mais le problème, c'est que je n'ai pas seulement envie de jouer quand il joue mal, j'ai aussi envie de jouer quand il est bon. Je voudrais juste jouer régulièrement et être utile à l'équipe. Quand je vois Juan-Carlos Navarro, un jeune meneur espagnol de 18 ans, contre qui j'ai déjà joué, qui arrive à jouer 10 minutes par match en Euroligue au FC Barcelone alors qu'il a devant lui le meneur de l'équipe nationale espagnole Nacho Rodriguez et Anthony Goldwire – un drafté NBA – et que moi, j'ai juste un seul meneur devant moi et que je ne joue pas, je me dis que le PSG n'est pas un club pour les jeunes", écrit-il en février 2000. Tony Parker reste toutefois optimiste. "Lorsque mon heure viendra, je serai prêt et j'en surprendrai plusieurs", affirme-t-il sur le site du club. Il lui faudra toutefois attendre sa deuxième saison parisienne et le départ de Laurent Sciarra pour confirmer les attentes placées en lui. Devenu meneur titulaire de l'équipe, il conclut la saison 2000/2001 avec 14,7 points de moyenne, 2,7 rebonds, 5,6 passes décisives et 2,3 interceptions en 33 minutes par match et est élu à 19 ans meilleur espoir du championnat de France. Deux reportages à voir sur le site de l'INA : le premier diffusé en septembre 1999 sur France 3 lors de sa première saison professionnelle et le second diffusé en novembre 2000 sur France 2 lors de sa seconde saison parisienne. Un match face aux Américains qui le met sur orbite Malgré une première saison professionnelle très frustrante, un événement lui permet de se faire remarquer aux États-Unis. Le Nike Hoop Summit oppose chaque année, au mois d'avril, une sélection des meilleurs jeunes basketteurs américains aux meilleurs jeunes basketteurs du reste du monde. En finissant la rencontre avec 20 points, 7 passes décisives, 4 rebonds et 2 interceptions face aux meilleurs meneurs américains de sa génération, Tony Parker se fait un nom en tapant dans l'œil de la plupart des recruteurs des franchises NBA, à une époque où encore aucun meneur européen n'avait réussi à s'y imposer. "Ma principale motivation pour ce match était de me montrer car les Américains disaient : 'Tony Parker est bon mais on ne l'a jamais vu jouer contre les États-Unis, il a peut-être peur et c'est pour cela qu'il reste en France', raconte-t-il sur le site Internet du PSG Racing. Je voulais donc leur prouver que je pouvais jouer contre eux. Je pense les avoir surpris par ma performance. Après ce match, j'ai beaucoup été sollicité et mon père a reçu des coups de fil de nombreux recruteurs. Je sais maintenant que je vais réaliser mon rêve de jouer en NBA." Un titre européen en Juniors à l'origine de son attachement aux Bleus Tony Parker, c'est aussi l'amour du maillot tricolore. Ce lien indéfectible avec l'équipe de France naît à l'été 2000 à Zadar, en Croatie. En compagnie notamment de Boris Diaw, Mickaël Pietrus et Ronny Turiaf, Tony Parker remporte le titre européen avec l'équipe de France Juniors (moins de 18 ans). Il est également élu meilleur joueur du tournoi. "Quand on gagne l'Euro Juniors en 2000, je me fais cette promesse : revenir chaque été en équipe de France tant que l'on n'aura pas décroché le première médaille d'or en compétition internationale de l'histoire du basket français", explique-t-il dans sa biographie, "Tony Parker, au-delà de tous mes rêves" (Solar Éditions, 2019). Une rencontre décisive avec Gregg Popovich La carrière de Tony Parker n'aurait sans doute pas été la même sans Gregg Popovich, son entraîneur durant dix-sept saisons aux San Antonio Spurs. Arrivé au Texas en 2001 à l'âge de 19 ans, le jeune meneur français est certes talentueux, mais a encore beaucoup de choses à apprendre. Gregg Popovich voit en lui un futur très grand joueur et décide alors d'être constamment sur son dos. Une relation quasi-filiale s'installe entre les deux hommes. "C'est un entraîneur qui est à la fois dur car très exigeant, mais qui est aussi très proche de ses joueurs", expliquait il y a quelques semaines l'ancien coéquipier de Tony Parker, Boris Diaw, dans un entretien avec France 24. "Je me souviens d'un réveillon de Noël en 2002 que nous avions passé chez lui avec Tony [Parker] alors que je ne jouais pas encore en NBA. Ça m'avait déjà surpris qu'un joueur passe Noël chez son entraîneur. Puis, à un moment dans la soirée, je me rends compte que Pop et Tony ont disparu. Je cherche un peu dans la maison. Et là je les trouve dans une pièce en train de faire une session vidéo avec Pop montrant à Tony ce qu'il avait mal fait lors du match précédent. Même un soir de Noël, il voulait faire progresser Tony." "Il ne me laissait aucun répit. C'était parfois très dur. J'avais parfois les larmes aux yeux en rentrant chez moi après l'entraînement", explique Tony Parker dans une vidéo (voir ci-dessous) produite par les San Antonio Spurs après sa retraite. "Mais avec le recul, je sais que ça m'a rendu plus fort mentalement et qu'il m'a permis de donner le meilleur de moi-même." Hasard de l'histoire, Gregg Popovich doit lui aussi être intronisé au Hall of Fame le 12 août 2023. Changer sa mécanique de tir pour passer un cap Le jeu de Tony Parker a toujours été basé sur sa vitesse. Capable de faire la différence sur son premier pas et de marquer en pénétration grâce à son fameux "tear-drop" – un tir en cloche permettant d'éviter le contre de ses adversaires qui est devenu sa signature (voir la vidéo ci-dessous) – le jeune meneur est en revanche plus maladroit lorsqu'il s'agit de tirer de loin, voire même à mi-distance. Conscient de devoir progresser dans ce domaine s'il souhaite un jour faire partie des meilleurs joueurs de la ligue, il commence en 2005 un travail avec Chip Engelland, un entraîneur spécialiste du tir. "J'ai entendu les critiques sur mon shoot et je vois bien que les défenses resserrent vraiment sur moi. À un moment donné, des shoots de loin, il faut en mettre. (…) À l'été 2005, je passe un mois à Los Angeles avec lui, à ne faire que shooter. Je change un peu mon geste, je replace mon pouce plus au centre de la balle, comme lorsque je fais mon tear-drop. Il faut que je parte plus droit, que ma main n'aille pas trop vers l'arrière", décrit-il dans sa biographie. Le travail paie : alors qu'il n'affichait que 45,3 % de réussite aux tirs lors de ses quatre premières saisons NBA, Tony Parker voit son adresse bondir à 54,8 % de réussite lors de la saison 2005/2006. C'est aussi cette même année qu'il est sélectionné pour la première fois au All Star Game, un match de gala réunissant chaque année en février les 24 meilleurs joueurs de la ligue. Consécration individuelle La consécration arrive en 2007. Cette année-là, Tony Parker remporte avec les San Antonio Spurs son troisième titre NBA après ceux de 2003 et 2005. Mais alors que son rôle avait été limité lors de ses deux premières finales, il survole les débats en 2007 face aux Cleveland Cavaliers du jeune LeBron James. Tony Parker tourne en quatre matches à 24,5 points de moyenne à 56,8 % de réussite aux tirs, 5,0 rebonds et 3,3 passes décisives en 37,8 minutes. Il est élu meilleur joueur de la finale, devenant alors le premier européen et seulement le deuxième joueur étranger après le Nigérian Hakeem Olajuwon à recevoir cet honneur. La "Parkermania" s'empare de la France l'espace de quelques semaines En 2003, la France avait déjà pu constater l'effet Tony Parker en équipe de France. Cet été-là, le Français venait de gagner son premier titre NBA et les médias nationaux "mainstream" s'étaient alors jetés sur le phénomène avec un nombre record – une cinquantaine – de journalistes français accrédités pour le championnat d'Europe. Mais en 2011, c'est une véritable "Parkermania" qui s'empare de la France. Cette année-là, Tony Parker revient jouer dans le championnat national en portant les couleurs de l'ASVEL – club dont il est à l'époque actionnaire minoritaire – durant le lock-out NBA. Un conflit entre propriétaires NBA et syndicat des joueurs empêche la saison 2011/2012 de reprendre normalement. Plusieurs joueurs européens décident alors de jouer dans leur pays d'origine le temps qu'un accord soit trouvé. Tony Parker dispute un total de sept matches avec l'ASVEL, tournant sans forcer à 20,3 points, 4,9 rebonds et 6,3 passes décisives. Surtout, chaque rencontre se joue devant des salles combles, où des dizaines de journalistes ne couvrant pas habituellement le basket se pressent. La parenthèse enchantée pour le basket français se termine fin novembre après l'annonce d'un accord en NBA. Patron du "Big Three" des Spurs Les trois saisons qui suivent – 2011/2012, 2012/2013, 2013/2014 – sont celles de l'apogée de Tony Parker aux San Antonio Spurs. Il n'est plus seulement un joueur majeur de l'équipe, mais en devient le vrai patron, devant les deux autres membres du fameux "Big Three", Tim Duncan et Manu Ginobili. Après six ans d'absence, les Spurs retrouvent les finales NBA en 2013 face au Miami Heat de LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh. Le premier match de la série symbolise à merveille le nouveau statut du Français. C'est lui qui prend – et marque – le tir décisif en fin de rencontre (voir vidéo ci-dessous). Puis, lors du temps-mort qui suit et alors qu'il ne reste qu'une poignée de secondes à jouer, il prend la place de l'entraîneur Gregg Popovich pour donner les dernières consignes défensives à ses coéquipiers (voir seconde vidéo ci-dessous). Les Spurs s'inclineront finalement en sept manches (3-4) cette année-là, mais prendront leur revanche sur Miami en 2014 en s'imposant en cinq rencontres (4-1). Un discours à jamais gravé dans l'histoire des Bleus Si Tony Parker connaît de nombreux succès en NBA, il n'en va pas de même avec les Bleus. Médaillé de bronze à l'Euro 2005, médaillé d'argent à l'Euro 2011 avec une première qualification aux Jeux olympiques à la clé, Tony Parker doit attendre l'Euro 2013 pour enfin devenir champion d'Europe et ainsi tenir la promesse qu'il s'était faite à lui-même en 2000. En demi-finale, la France rencontre l'Espagne, sa bête noire. Les Bleus ont en effet buté sur les Espagnols en quart de finale de l'Euro 2009, en finale de l'Euro 2011 et en quart de finale des Jeux olympiques 2012. Ils espèrent pouvoir prendre enfin leur revanche, mais se retrouvent menés de 14 points à la mi-temps. C'est alors que Tony Parker prononce un discours resté dans les mémoires grâce à une caméra de Canal+ présente dans le vestiaire pour le tournage d'un documentaire, "Délivrance" (voir vidéo ci-dessous). La star de l'équipe de France trouve les mots pour galvaniser ses coéquipiers et renverser la situation. En seconde mi-temps, les Bleus remontent au score et finissent par l'emporter 75 à 72 après prolongation. Tony Parker termine la rencontre avec 32 points. La France battra ensuite la Lituanie en finale pour gagner la médaille d'or. Son numéro 9 des Spurs à jamais retiré Tony Parker prend sa retraite en 2019, à 37 ans, après dix-sept saisons passées aux San Antonio Spurs (2001-2018) et une dernière année aux Charlotte Hornets (2018-2019), dont le propriétaire et dirigeant est Michael Jordan, l'idole de sa jeunesse. Quelques mois après sa retraite, la franchise texane l'honore en mettant aussi son numéro 9 à la retraite. Désormais, plus aucun joueur ne peut porter ce numéro aux Spurs. "Même dans mes rêves les plus fous, jamais je n'aurais imaginé avoir une telle carrière", déclare Tony Parker lors de la cérémonie de retrait de son maillot, mettant le point final à sa carrière, celle d'un des plus grands champions de l'histoire du sport français.

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