Terrorisme : "Une centaine de détenus vont sortir et doivent être suivis de près", précise Éric Dupond-Moretti
Un nouveau projet de loi antiterroriste va être examiné, mercredi 28 avril au matin, en Conseil des ministres. L’un de ces piliers concerne la justice, notamment le sort des personnes détenues pour avoir été condamnées pour terrorisme. Combien de personnes sont-elles concernées ? "Cela concerne un peu moins d’une centaine de détenus, qui ont été condamnés, qui vont sortir [de détention] et qui doivent impérativement être suivis de près", explique Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux et ministre de la Justice, est l’invité des "4 Vérités", mercredi 28 avril.
Que change la loi ? "Ce qui change c’est qu’aucun détenu terroriste aujourd’hui sortira sans être doublement suivi : par des mesures administratives et par des mesures judiciaires qui contraignent le terrorise à rester au contact de la justice. Cela peut durer jusqu’à cinq ans", précise le garde des Sceaux.
"Se servir d’un cercueil comme d’un marchepied, cela me dégoûte"
Depuis les attentats survenus en 1986, il y a eu une vingtaine de lois antiterroriste qui ont été votées en France, et pourtant les terroristes, on l’a vu à Rambouillet vendredi 23 avril avec l’assassinat d’une policière, arrivent à passer entre les mailles du filet. "Il faut être un menteur et un incompétent pour dire que le risque zéro n’existe pas. […] Mais en même temps, on ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas de suivi : 32 attentats ont été déjoués", indique le ministre de la Justice.
Le ministre de la Justice est accusé de laxisme par Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, qui reprend le terme de "ministre des détenus". "Elle ment, parce que la phrase n’est pas complète, mais elle est habituée au mensonge. [...]Il y a peu de temps que je fais de la politique et il y a quelque chose que je viens de découvrir et auquel je ne peux pas m’habituer : c’est le cynisme à des fins politiques. Se servir de cet attentat comme d’une bonne affaire politicienne, se servir d’un cercueil comme d’un marchepied, je vais vous dire, Monsieur : cela me dégoûte", précise Éric Dupond-Moretti.
Il y aura une loi Sarah Halimi, annoncée dimanche 25 avril par le ministre de la Justice, afin de combler un vide juridique qui semble être apparu dans cette affaire. "Il s’agit de distinguer celui qui est pris de folie et celui qui est pris de folie parce qu’il a consommé des psychotropes. Il y a donc un vide juridique sur lequel il faut travailler. Je rendrais mes travaux fin mai, en attendant je consulte, je vais recevoir des psychiatres, des magistrats, des avocats", conclut le garde des Sceaux.