TÉMOIGNAGE. “Si l’assistante sociale avait insisté, mon fils ne serait pas mort de faim”
Le petit Bronson aurait-il pu être sauvé ? C’est la question qui hante tous les esprits au Royaume-Uni depuis la découverte du corps du petit garçon mort de faim chez son père, après que ce dernier a été foudroyé par une crise cardiaque. Pour sa maman, Sarah Piesse, 43 ans, la réponse est cruellement évidente : oui ! Effondrée, elle est en effet convaincue que “si l’assistante sociale avait insisté pour entrer alors qu’elle n’avait reçu aucune réponse le 2 janvier, Bronson serait toujours en vie”. Séparés, Sarah et Kenneth avaient eu trois enfants, Bronson, 2 ans, une fille de 3 ans et un garçon de 7 ans.
Six mois plus tôt, lorsque que Sarah avait déménagé dans un nouvel appartement, le couple avait décidé d’un commun accord que le petit dernier resterait vivre avec son père “qu’il adorait”, tandis que Sarah aurait la garde des deux aînés. Père et fils ont été vus pour la dernière fois le 26 décembre, à un goûter chez des amis habitant à Skegness, une petite ville côtière. Kenneth leur a même envoyé un message de remerciement : “Merci de prendre soin de nous, ça compte énormément pour moi et Bronson.” Puis, silence radio. Le sexagénaire, sans emploi, avait déjà été victime de problèmes cardiaques. Parce qu’il était considéré comme fragile, les services sociaux organisaient des visites hebdomadaires à son domicile.
Le petit garçon a été retrouvé recroquevillé par terre, blotti contre la jambe de son papa
Le 27 décembre, ils ont ainsi averti Kenneth d’une visite, programmée le 2 janvier. Le jour J, personne ne répond à l’assistante sociale qui se présente. Intriguée, elle signale l’absence du père de famille et de l’enfant à la police. Elle revient sonner deux jours plus tard après avoir “cherché d’autres adresses où l’enfant aurait pu être”, mais sans prévenir la maman. Elle trouve à nouveau porte close, et fait un second signalement à la police. Cinq jours plus tard, le 9 janvier, elle a réussi à récupérer une clé auprès du propriétaire de l’appartement.
C’est elle qui ouvre la porte et découvre l’impensable : Kenneth semble avoir été emporté par une crise cardiaque foudroyante dans son salon. A ses côtés, le petit Bronson, en pyjama, est trouvé sans vie, recroquevillé par terre, blotti contre la jambe de son papa. Selon les premiers éléments de l’enquête, Kenneth pourrait avoir succombé à une crise cardiaque le 29 décembre et le petit garçon, se retrouvant seul, est mort de faim et de déshydratation. Seul leur chien Skylar a survécu.
Trop petit pour accéder aux placards, Bronson n’a pas pu s’alimenter
“Cela signifie que si la travailleuse sociale avait insisté pour entrer le 2 janvier, Bronson serait encore en vie”, enrage Sarah. Une maman d’autant plus éprouvée qu’elle a dû identifier, sur place, le corps de son enfant… Une épreuve effroyable. “Je ne pouvais pas le soulever, car son corps était trop fragile. Il avait été laissé là trop longtemps, a-t-elle confié, en larmes, au journal The Sun. Je ne pouvais que le caresser, le toucher.” Trop petit pour accéder aux placards, Bronson n’a pas pu s’alimenter. Sarah se souvient que Kenneth avait placé la nourriture hors de portée des mains du petit gourmand. “Il lui manquait 5 cm pour ouvrir le frigo, se lamente-t-elle. Je sais qu’à Noël, ils avaient mangé du poulet, à la place de la dinde, car Bronson adorait ça. Le réfrigérateur devait être rempli de restes. Si seulement il avait été un peu plus grand, il aurait survécu.” Sarah ne dort plus, hantée par de sombres visions. “Je ne cesse de penser à mon fils affamé. […] Je ne peux pas le supporter. Il a vécu ses derniers instants seul et il devait avoir tellement soif et faim. Il a dû pleurer, être perdu avec Kenny, là, par terre… Je ne peux que prier pour qu’il ait cru que son papa dormait.”
Personne n’aurait entendu un enfant affamé pleurer ?, s’interroge aussi la maman, qui a vu Bronson pour la dernière fois en novembre et devait le retrouver en janvier pour lui offrir son cadeau de Noël. “Kenny et moi nous étions disputés en novembre.Nous restions en contact, mais je lui ai laissé de l’espace. […] Les services sociaux étaient présents, je savais qu’ils étaient là. Je leur faisais confiance”, regrette-t-elle, amère. L’assistante sociale, extrêmement choquée, est en arrêt pour raison de santé, mais n’a pas été suspendue. Une enquête sur des manquements éventuels des agents de police du Lincolnshire a été ouverte. “Les circonstances effroyables dans lesquelles sont morts Kenneth et Bronson sont tout simplement choquantes”, a déclaré le directeur régional de la police britannique, Derrick Campbell. “Rien ne ramènera mon petit Bronson”, conclut la maman.
Article paru dans le numéro 972 de Closer.