TEMOIGNAGE. "Plus je réponds mal aux clients, plus mes patrons sont contents de moi !"
Maeva, Française émigrée en Australie, est (bien) payée pour être infecte avec les clients dans un restaurant très, très original ! Une spécialité qui a fait d'elle une star des réseaux sociaux.
"Tu veux du sel ? Ben, ouvre les yeux, il est sur la table d'à côté ! Pour le dessert, mon pote, t'attends. J'ai pas que toi à servir !" C'est simple, dans ce restaurant, la serveuse est tout bonnement infecte ! "Ouais, ouais, et j'assume", ose-t-elle clamer. Maeva Carpaye, Française embauchée en juillet au pied levé, n'hésite pas à rembarrer ouvertement les clients, les sert à la vitesse de l'escargot et se permet de leur dire de "se démerder" quand leur demande la fatigue. Elle vit à Gold Coast, une charmante cité balnéaire australienne au bord du Pacifique.
"Après le service, mes deux jeunes patrons me félicitent si j'ai été bien odieuse", assure-t-elle. "Ma lettre de motivation leur a tapé dans l'œil. J'assurais que déjà, étant française, je ne pouvais pas être aimable et que je détestais le genre humain." On croit rêver, mais non, tel est bien le concept de la chaîne de restaurants Karen's Diner, créée aux Etats-Unis et essaimant dans le monde, avant d'arriver, un jour peut-être, en France. Sa devise ? "Le meilleur burger, le pire service."
"Mes copines françaises m'ont encouragée à répondre à l'annonce, parce que je suis odieuse"
"Bien sûr, les gens viennent ici pour rigoler. Certains ont de la repartie, au point que je dois parfois me retenir pour ne pas devenir sympa", explique Maeva. La seule chose qui la gêne est la présence des enfants, à qui elle donne un exemple déplorable. Pour la jeune femme de 23 ans, bilingue après une année à Los Angeles, ce rôle de composition est presque un entraînement : "J'étais partie à L.A. prendre des cours de théâtre pour devenir actrice. Puis, après le confinement, j'ai bifurqué vers l'Australie."
Quand elle y débarque en mars, elle trouve un emploi dans un bowling et au Karen's Diner, qui lui offre un job, inattendu et artistique à sa façon. "Ce sont mes copines françaises qui m'ont encouragée à répondre à l'annonce, parce que je suis odieuse... Non, en fait, je suis une hyperactive, corrige-t-elle. Tellement spontanée que je sors des phrases sans filtre, n'hésitant pas à traiter de connards ceux qui sont vraiment des connards. Aucune méchanceté là-dedans. C'est juste que la vérité m'échappe !", explique Maeva, capable d'être aussi extravertie qu'enfermée dans ses pensées.
Son compte TikTok, où elle fait "quand même un peu la gueule", cartonne
Son talent à faire admirablement "la gueule" fait le bonheur des clients, qui en redemandent. Maeva vit surbookée : "Je bosse souvent de la fin de matinée à minuit, allant du bowling au Karen's ou l'inverse. Je n'ai même pas eu le temps d'aller à la plage !" Elle n'a pas davantage eu le temps de chercher un studio et partage une chambrée de quatre filles dans une auberge de jeunesse, mais elle n'y est guère que pour dormir. Elle se concentre sur la chance d'être payée 27 $ (environ 28 €) de l'heure, soit un peu plus du Smic australien, et le double le week-end, sans compter les pourboires.
Un job et un pays dont elle vante les mérites sur les vidéos de son compte TikTok, Maevadb, qui lui ont valu le million de vues et 22 000 abonnés en un mois. Evidemment, elle y fait "quand même un peu la gueule..." Mais c'est parce que sa réputation en dépend, conclut-elle dans un grand éclat de rire. Preuve que la fille odieuse est en vérité super sympa !