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Arts et People

TÉMOIGNAGE. "Mère et fille, nous gérons un sex-shop en famille"

1/4 - Caroline et Adèle Il manquait à Strasbourg une boutique de curiosités érotiques, avec des conseils et des femmes. Ce duo mère-fille a donc décidé d'ouvrir un love store nommé (Dé)boutonné.e.s. Caroline, 50 ans, et Adèle, 25 ans, ont ouvert un sex-shop fun et coloré en centre-ville de Strasbourg. Ce qui est moins courant, c'est qu'elles sont mère et fille. Tout est parti d'une blague autour d'un verre. Adèle, la fille, diplômée en communication, cherchait un défi à relever, et pourquoi pas, à lancer une entreprise. Caroline, la mère, était déjà à la tête de trois magasins de vapoteuses. "Je ne sais plus qui a lancé l'idée, cherche Caroline, mais chez nous, la sexualité n'a jamais été taboue. Les BD olé olé traînaient dans la bibliothèque. J'étais à l'écoute, si besoin. Quoi de plus naturel, tant ça fait partie de la vie." Adèle se souvient avoir fait son éducation sexuelle théorique entre 12 et 15 ans, au hasard des articles sur Internet et en parlant avec ses copines : "Plus qu'avec ma mère, mais sans culpabilité aucune." Ses premiers joujoux, Adèle les achète en ligne avec ce regret : "Il y en a des millions, et on ne sait vraiment pas quoi prendre, ni sur quoi on va tomber !" Quant à Caroline, elle rentre parfois de l'étranger ou de Paris en faisant des allusions à ses trouvailles : "Il y a des magasins... bien sympas !" Eclats de rire. Chacune sait de quoi on parle, sans en parler. Les deux savent aussi qu'à Strasbourg, une boutique élégante et sympa, avec des conseils et des femmes, ça manque. Du coup, le verre se finit en "tope là !" Après un petit business-plan signé maman, elles ont ouvert leur magasin dans le centre-ville il y a un an et demi. "C'est un magasin bienveillant envers toutes les sexualités" Le succès de leur love store, répondant au nom de (Dé)boutonné.e.s, a vite été au rendez-vous : "A cause du nom aussi, s'exclame Adèle, la pro de la com, qui dit bien que c'est un magasin inclusif, bienveillant envers toutes les sexualités, les genres ou non-genres !" De fait, leurs clients sont le plus souvent des femmes, des personnes hésitantes cherchant du sur-mesure et une ambiance rassurante, et même des curieux qui, finalement, se laissent tenter." "Nous, ce qu'on aime, c'est quand quelqu'un vient de la part d'un client précédent que l'on a comblé", souligne Adèle, qui adore la vente, tout comme sa maman Caroline : "Tout le monde n'est pas obligé d'avoir une sexualité. Mais chacun.e devrait avoir la sexualité dont il/elle a envie. Nous, on satisfait la demande, et on essaie même de la précéder !" "On avait un peu peur que les gens jugent notre lien mère-fille" Le plaisir étant la clé de leur succès, reste à choisir, voire tester "la marchandise". Là encore, la pudeur demeure un peu entre mère et fille. "On a des codes, éclate de rire Caroline. Je dis par exemple : « J'ai lu dans Télérama que ce produit trucmuche était particulièrement efficace ! » Adèle comprend. Elle me confirme ensuite l'avoir lu dans Le Monde... ou pas." Les amis d'Adèle, dont certains sont clients de la boutique, se montrent évidemment admiratifs de cette complicité qu'ils ne partagent pas avec leurs parents. Le compagnon de Caroline lui-même a investi dans le concept familial. "On avait un peu peur que les gens jugent de travers notre lien mère-fille, se souvient Adèle, mais finalement, ça rassure les plus intimidés !" Et pour pimenter le tout, Adèle, très créative, a lancé des speed datings, des conférences sexo sur le polyamour ou le maintien du désir, un jeu de société érotique et même des ateliers bondage.

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