news-details
Arts et People

TÉMOIGNAGE. "A 4 ans, j'étais déjà sur la piste d'un cirque"

Adèle Fame s'est entraînée durant vingt ans pour atteindre l'excellence aux sangles acrobatiques. Une vie d'artiste épanouie... obtenue au prix d'une enfance sacrifiée. Adèle Fame, 26 ans, virevolte sans protection à plusieurs mètres au-dessus de la piste du cirque Bouglione, simplement reliée à deux longues sangles de tissu. "Avec les sangles, il ne peut pas y avoir de filet, car je dois pouvoir toucher le sol ; ni de corde, car elle m'entraverait dans mes mouvements", explique tranquillement la jeune femme. Son agilité et sa souplesse sont telles que les spectateurs en oublient complètement la puissance musculaire extrême qu'il faut pourtant déployer pour réaliser un tel numéro. "Au départ, c'est une discipline masculine, confie l'artiste. Il y a donc très peu de femmes qui pratiquent à haut niveau. J'ai été très inspirée par le travail de Natalia Egorova Bouglione qui est une des premières à avoir pratiqué les sangles acrobatiques. Alors aujourd'hui, me produire au cirque Bouglione est un immense bonheur." Mais avant d'y prendre du plaisir, il a fallu à Adèle, quatrième génération d'une famille de cirque, de longues années d'un entraînement forcené. "Ma mère m'a entraînée à la russe et c'était l'enfer" "Mon grand-père était dompteur, mon père acrobate puis technicien, et ma mère était une grande trapéziste russe. A 4 ans, j'étais déjà en piste. A 6 ans, j'avais mon propre numéro." Une passion en héritage qui laisse peu de place au reste. Adèle suit l'école par correspondance, voyage dans le monde entier, le tout rythmé par un entraînement sans relâche. "Ma mère m'a tout appris. Elle m'a entraînée à la russe et c'était l'enfer. Peu importe le froid ou la chaleur, il fallait pratiquer. Ma mère me disait que, si je ne m'impliquais pas, je terminerais dans la rue comme SDF ou prostituée. Je reconnais que c'était extrême." Adèle se confie avec pudeur sur cette jeunesse pas comme les autres. "Mon enfance a été sacrifiée. Je n'ai ni joué ni lié d'amitié avec des enfants de mon âge. J'étais considérée par ma mère comme une adulte. Ce n'est pas anodin. A l'adolescence, j'ai traversé une période d'angoisse et de dépression que j'ai réussi à surmonter il y a à peine six ans. Si, un jour, j'ai des enfants, je ferai autrement. S'ils le désirent, je leur apprendrai l'acrobatie, mais en continuant l'école. J'aimerais qu'ils aient une enfance baignée d'amour, de jeux, de paroles, de complicité." "Sans mes années de labeur et de sacrifice, je n'aurais pas ce niveau" Malgré tout, l'artiste a conscience que c'était le prix à payer pour atteindre l'excellence. "Il ne faut jamais regretter. Sans mes années de labeur et de sacrifice, je n'aurais pas ce niveau. J'ai inventé des figures, j'ai une carrière internationale qui me permet de voyager et de me produire dans des cirques renommés. Me produire chez Bouglione, au Cirque d'hiver, était un rêve. Je me pinçais tous les matins en quittant ma caravane." Très présente sur Instagram (@adele.fame), Adèle, qui parle sept langues, partage sa passion avec de nombreux fans qui la félicitent et l'encouragent. "Ça me donne la force de progresser, ça me porte beaucoup. Je me produis seule, je suis totalement indépendante. Alors mon public, c'est tout pour moi. Quand je suis sur les sangles, je suis dans la maîtrise totale. Je me sens aimée et protégée. Je me sens à ma place, comblée."

You can share this post!