TÉMOIGNAGE. « J’ai placé mon enfant lourdement handicapé pour oublier qu’il existe »
Son enfant lourdement handicapé, une mère célibataire de trois enfants, a choisi de le placer en établissement de soins afin d’oublier son existence. Elle qui élève seule ses deux fils âgés de sept et 12 ans, ne voyait plus que cette option depuis le décès de son mari il y a trois ans des suites d’un accident du travail.
Cependant, avec le recul, elle soupçonne que cet « accident » ait été en réalité un suicide. En effet, son mari avait également du mal à accepter d’élever un enfant profondément handicapé. Une confession lourde et douloureuse faite anonymement sur un forum Reddit.
Un enfant lourdement handicapé
Quand elle était enceinte, elle a appris que son fils serait atteint du syndrome de Down. A ce moment-là, le couple pense être en mesure de le gérer même si la maladie est grave. Mais, à la naissance, ils découvrent qu’il souffre d’une délétion chromosomique. Un trouble plutôt rare qui empêche leur enfant « d’être ». « Il n’est rien. Il ne semble pas avoir de conscience ou n’en avoir jamais eu une » notait-elle. « Ses yeux sont bloqués dans une position, il ne réagit pas au bruit, au toucher ou à la douleur » poursuivait-elle. Depuis sa naissance, son fils, selon ses dires, n'est « capable de rien ». Nourri par sonde, sous oxygène, il porte des couches et son état ne se modifiera jamais.
Un enfant négligé
Pire pour ses parents, il n’a jamais émis le moindre son ni tenté de communiquer. « Il n’a même jamais vraiment pleuré quand il était bébé » écrivait-elle. Son fils ne semble pas non plus avoir essayé d’interagir avec eux ou son environnement. Si elle n’est pas « contrariée » parce que son enfant est « spécial » avec des besoins particuliers, elle l’est parce que « cette chose prend 200% de mon temps et ne fait rien ». Pour elle, il n’est pas son enfant. Pourtant, depuis le premier jour, c’est elle qui s’est assurée seule de répondre à tous ses besoins, même les plus compliqués. Un jour, elle réalise qu’elle a « négligé » les besoins de son enfant de 12 ans étant trop occupée avec son fils handicapé.
La colère d’un enfant
« Je ne l’aime pas. Il n’a aucune personnalité, rien à aimer » soulignait-elle. « Notre fils aîné a souffert parce que ce frère inexistant a dévoré toute sa vie » poursuivait-elle. En effet, elle retarde ses rendez-vous médicaux car elle est seule à s’occuper de tout, même si une infirmière venait 20 heures par semaine. Elle qui avait repris ses études de droit a dû mettre en pause ses projets. Mais ce qui l’a poussé à abandonner son fils, c’est lorsqu’elle a entendu son aîné se plaindre face à son frère handicapé de lui avoir « volé » sa mère. Entendant du bruit, elle s’était rendue dans la chambre de son fils cadet et a découvert une scène qui ne l’a même pas choquée.
Un corps vide
« J’ai vu mon fils aîné le frapper et crier que c’était à cause de lui s’il n’avait pas de mère et pas de père » racontait-elle. Son fils ajoute qu’il est la cause de son manque d’amis et d’activités. « Il a dit : « Je ne t’ai pas demandé et j’espère que tu mourras ! » » ajoutait-elle. Assistant à la scène, sans être horrifiée, elle voit que son fils handicapé ne réagit pas. « Aucun signe de douleur, de peur ou de bouleversement » décrivait-elle. S’il respire, « il n’est pas vivant ». Ne comprenant pas qui est sa mère ou ses frères ou le lieu dans lequel il se trouve, elle prend donc la décision de l’envoyer vivre dans un établissement spécialisé. « Il n’a pas besoin d’être chez moi. Si génétiquement il est mon fils, il ne fait pas partie de la famille » affirmait-elle.
Un mari qui n’y arrive plus
Le qualifiant « d’erreur génétique », elle aurait préféré faire une fausse couche plutôt que de lui donner naissance. Néanmoins, elle ne peut s’empêcher d’imaginer que si son fils a réellement une conscience, il doit être malheureux et qu’elle n’est pas en mesure de l’aider. « S’il a des goûts et des dégoûts, personne ne sait ce que c'est. S'il souffre, il ne peut le dire à personne, il ne peut pas communiquer » soulignait-elle. Malgré toutes les thérapies suivies, rien n’a modifié son état. Cependant, elle lui reproche de lui avoir pris son mari. En effet, ce dernier faisait de multiples heures supplémentaires afin de payer les soins de leur cadet que l’assurance ne couvrait pas. « Il était fatigué et vaincu » se souvenait-elle.
Un choix compréhensible
Quant à son ainé, elle l’a mis de côté, ignorant le fait qu’il devait aussi gérer la mort de son père. Désormais, elle compte faire de lui sa priorité et laisser son fils handicapé « être le problème de quelqu’un d’autre ». A l’avenir, elle ne veut plus penser à lui et ne se sent pas coupable de ressentir cela. Dans les commentaires, la plupart des utilisateurs sont venus apporter leur sympathie à la maman célibataire. D’autres ont aussi partagé leurs propres expériences de travail auprès d’enfants handicapés. De fait, beaucoup la comprenait et la rassurait dans sa décision. Un notamment déclarait : « Malheureusement, dans la grande majorité des cas, un traitement « miraculeux » pour les maladies cérébrales n'existe pas et le mieux que vous puissiez faire est ralentir la progression des dégâts ». Et de conclure : « Je suis désolé pour ce que votre famille a vécu et je vous souhaite le meilleur ».