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Arts et People

TÉMOIGNAGE. “Ancien SDF, j'ai lancé une plateforme pour mettre en relation sans-abri et familles d'accueil”

1/3 - Pierrot et Biancka Avec sa chienne Biancka, Pierrot a tout connu. La vie sous un toit, en couple, et puis la rue. Aujourd'hui, elle le soutient à fond ! Quand la chance a souri à Pierrot, cet ancien SDF aurait pu en profiter tranquillement avec sa chienne Biancka. Mais il a créé un site pour aider les autres à s'en sortir. Et soudain, une inconnue vous propose un logement ! Quand Pierrot a reçu cette offre via Facebook, il s'est demandé sur qui il allait tomber. Et sur quoi. C'est que l'ex-enfant placé n'est pas vraiment habitué aux cadeaux qui lui tombent du ciel. En décembre 2020, cela fait alors deux ans et demi que Pierrot, 24 ans, dort dans la rue à Montpellier, malgré des périodes d'emploi. "Je touchais 980 € de chômage, je pouvais mettre 400 € dans un loyer, charges comprises, sauf que, si l'on n'apporte pas de garanties, aucun propriétaire n'accepte de louer !", dénonce-t-il. Son témoignage dans le journal local fait mouche et c'est la cheffe d'une PME, et non une travailleuse sociale, qui lui ouvre les portes de son studio en duplex : "Le plus beau pour moi, c'était la douche et la cuisine", se souvient le jeune homme, qui signe son bail et file chez Lidl. "Je rêvais d'un pâtes-escalope, tellement meilleur et moins cher que les tacos. Manger dans la rue est ruineux !" Pourtant, la vie normale ne reprend pas d'un coup. Pierrot a perdu l'habitude de dormir enfermé. Il ne cesse de repenser à ceux qui sont restés dans la rue La première semaine, en plein hiver, il dort fenêtres ouvertes ! Intimidé par le lit, il se réfugie sur le canapé avec Biancka, sa fidèle compagne à quatre pattes. "J'étais décalé, j'ai dû tout réapprendre", soupire-t-il. Biancka aussi. Avant la rue et le macadam pour seul dortoir, Pierrot vivait sous un vrai toit, en couple. Il a occupé tous les emplois possibles en intérim, de la charpente aux espaces verts, avec un gros problème né sur les fins de chantier : l'alcool. Pierrot ne s'en cache pas : "Il a fallu ma pancréatite en mai 2020 pour que je décroche grâce aux trois semaines d'hôpital. Ça m'avait fait tout perdre, même ma copine, mais je ne pouvais pas le faire seul. Je buvais sans plaisir, pour ne pas trembler et risquer des crises de manque." Maintenant que c'est derrière lui, dans ses nuits hachées, le jeune homme réfléchit : il pense aux autres, restés à la rue, sans salaire. Lui qui vient de s'inscrire sur Facebook y a croisé la chance. De quoi lui donner une idée... Jusque tard le soir, il met en relation des gens de toute la France "Je me suis dit que j'allais mettre en lien des familles d'accueil qui peuvent mettre à disposition une chambre ou même une caravane, et les SDF. Ceux qui n'ont pas de problèmes d'addiction", précise-t-il. Il crée un site (pierrot-biancka. webador.fr) depuis son téléphone et avec un tuto. "Je n'y connaissais rien !", se souvient-il en riant. Articles et télés, la médiatisation de son initiative généreuse fait le reste. Pierrot est submergé. Aujourd'hui, sept jours sur sept et jusque tard le soir, il met en relation des gens de toute la France. "J'ai toujours aimé aider les autres, mais je crois avoir trouvé ma vocation", affirme-t-il, avec l'espoir que des dons permettent de financer un local de distribution de fournitures essentielles aux gens de la rue. Avec les premiers dons, il s'est déjà acheté un ordinateur, la baguette magique avec laquelle il multiplie les miracles. Loading widget Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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