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Arts et People

TEMOIGNAGE. “Amputée après un accident, je milite pour des tests d'aptitude pour les conducteurs”

Pauline a été percutée par un chauffard en attendant devant un fleuriste et elle a perdu sa jambe. Depuis, elle se reconstruit grâce à l'amour, sa passion pour le tennis et son combat pour la sécurité routière. C'est le second été de sa nouvelle vie. A 28 ans, Pauline Deroulède s'apprête à enchaîner les incontournables d'un été réussi : la plage, les apéros entre amis et les fêtes de famille. Cette année, la pétillante Parisienne redoute cependant les regards insistants et le flot de questions. Le 27 octobre 2018, Pauline a été fauchée sur un trottoir parisien par la voiture hors contrôle d'un conducteur de 90 ans. Quand la jeune femme est sortie de sept mois d'hôpital et de rééducation, c'était avec une prothèse à la place de sa jambe gauche. Souvent, les souvenirs de ce jour fatidique l'assaillent... Totalement consciente après le choc, elle se pose des milliers de questions. "Qu'est-ce que je fais à 50 m de mon scooter garé sur le trottoir ? Où est ma jambe ? Et Typhaine ?" Entrée cinq minutes chez le fleuriste, Typhaine, la compagne de Pauline, en ressort pour tomber sur une scène de guerre. "C'est notre accident, pas seulement le mien, analyse Pauline avec empathie. Typhaine a tout vu, des images gravées à jamais, y compris ma jambe..." Transportée à l'hôpital, elle a une obsession : "Il faut me recoller ma jambe !" Lorsque Typhaine se penche au-dessus d'elle en attendant les secours, c'est pour l'apaiser par une promesse : "Je vais t'aimer toute ma vie." "De quoi me donner le courage de me battre !", sourit Pauline. Transportée à l'hôpital militaire de Percy, elle a une obsession : "Il faut me recoller ma jambe !", lance-t-elle au médecin, qui rétorque illico que "ça ne va pas être possible". "A l'hôpital militaire, j'avais la chance d'être entourée de héros qui avaient mené des vraies guerres, vu et vécu pire que moi, et un soldat, ça pleure pas, donc moi non plus ! Du moins, je me suis appliquée." Son équipe civile de choc, sa super maman et Typhaine, est là tous les jours. "Mais j'étais fâchée avec mon corps. La prothèse n'entrait pas dans l'idée que je me faisais du glamour ! Quand Typhaine me disait « t'es belle », j'avais du mal !" A peine sortie du bloc, elle s'est lancée le défi de participer aux Jeux Paralympiques 2024 Après son premier passage au bloc, cette grande sportive parie sur l'impossible. "Je veux faire les JO paralympiques 2024 ! Etre très shootée aux antidouleurs m'a autorisée à avoir cet objectif fou !" Fou ? Pas tant que ça. Pauline, assistante- réalisatrice sur les plateaux de télévision, avait renoncé à une carrière sportive pour être raisonnable. Elle se lâchait sur les courts de tennis où elle enseignait le week-end. Adieu le raisonnable, c'est l'heure du défi ! L'entraînement lui a rendu son corps de gagnante : depuis 2019, quatorze heures par semaine, elle enchaîne tennis en fauteuil au club de Feucherolles (Yvelines), muscu, abdos, crossfit. Objectif JO, comme promis. "Là, j'assume bien mieux mon technic body à défaut du perfect body. Mais j'ai vu le piège du confort de vivre en jogging sans prothèse, pas question !" Dans sa valise, Pauline embarque robes d'été et bikinis comme avant. Elle a tout de même une âme sœur qui veut l'aimer toute sa vie, et la dignité, c'est sa marque de fabrique ! Elle a déjà rencontré le ministre de l'Intérieur et a mobilisé des députés Au-delà de sa colère et de son sentiment d'injustice, la jeune femme a un deuxième combat : que ça n'arrive plus à d'autres. Elle milite pour instaurer des contrôles périodiques d'aptitude à la conduite, tous les cinq ou dix ans. Elle a déjà rencontré le ministre de l'Intérieur de l'époque, Christophe Castaner, et a mobilisé des députés. "J'ai bon espoir, malgré le frein de l'impopularité d'une telle mesure auprès de l'électorat âgé." Etonnamment, Pauline a un allié de poids, le responsable de son accident ! "Il y a trois semaines, le juge d'instruction a accepté que j'entre en contact avec sa femme. Lui, n'en avait pas la force, mais il écoutait, rongé par la culpabilité." Si le procès à venir ne peut rendre ni sa jambe ni l'insouciance passée des étés de Pauline, sa détermination, elle, est inébranlable. Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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