Suicides dans la police : "Ça dure depuis 25 ans", déplore le co-fondateur de "SOS Police en détresse"
C'est un début d'année noir pour la police : en moyenne, un policier s'est suicidé tous les trois jours au mois de janvier. Mais ce phénomène n'est pas une vague ponctuelle, "ça dure depuis 25 ans", déplore vendredi 28 janvier sur franceinfo Christophe Girard, enquêteur à la brigade des stups de la sûreté départementale de Côte d’Or et co-fondateur de "SOS Police en détresse", une association d’entraide entre policiers.
"45 policiers se suicident par an" depuis 25 ans, poursuit Christophe Girard. D'après les plus de 6 000 appels reçus par l'association en 2021, "le diagnostic (...) c'est un syndrome de stress post-traumatique par accumulation qui vient et qui nous conduit à la dépression." Pour le co-fondateur de "SOS Police en détresse", la solution ne vient pas du fait de laisser son arme au vestiaire, mais plutôt de faire de la prévention autour du stress post-traumatique et surtout "parler, que ce soit avec des collègues, des amis, des psychologues. Il faut absolument vider le vase qui se remplit au fur et à mesure".
Les mots "suicide" et "dépression" encore tabous
Les mots "dépression", "suicide" restent "des mots pas faciles à dire", admet Christophe Girard, et "pas qu'au sein de la police. Je pense que c'est le cas dans toute la société française." Pour autant, il dit avoir "espoir", notamment du fait de la nouvelle orientation prise par le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux : "Il nous a donné son accord pour faire des interventions dans les écoles de police pour sensibiliser les jeunes élèves aux risques du métier, et le suicide en fait partie. Et il nous a aussi donné son accord pour aller à Montréal, se faire former au programme 'Ensemble pour la vie' et essayer d'en rapporter un maximum de choses." Ce programme de prévention du suicide chez les policiers de Montréal a permis de faire baisser drastiquement le nombre de suicides en l'espace de 20 ans.