Sites pornographiques : comment vérifier l’âge des utilisateurs ?
L’ARCOM, le gendarme des télécoms qui a succédé au CSA, est passé à l’offensive depuis décembre 2021, pour bloquer plusieurs sites pornographiques majeurs, accusés de ne pas empêcher l’accès des mineurs.
Les sites pronographiques convoqués cette semaine devant le Tribunal judiciaire de Paris, ont réussi à gagner un mois. Prochaine audience : le 4 octobre 2022. En attendant, chacun cherche encore la solution technique idéale.
Les Britanniques auraient-ils un temps d’avance sur les Français ? En Grande-Bretagne, certains sites pornographiques utilisent l’estimation de l’âge par l’envoi d’un selfie vidéo depuis près de trois ans ! On parle évidemment d’intelligence artificielle. Comment ça marche ? Très simplement : avec votre smartphone, vous allez filmer vous-même votre visage et envoyer cette vidéo au site qui, le plus souvent, a passé un accord avec une entreprise spécialisée. C’est notamment le cas de Yoti, outre-Manche, dont l’algorithme est entraîné sur des millions de visages de volontaires.
Marge d’erreur : un an et demi
Avec quel résultat ? La marge d’erreur ne dépasse pas un an et demi pour les 13-24 ans. Un an et demi, ça n’est pas rien, mais cette technologie bloquerait déjà tous les mineurs de moins de 16 ans et demi, sur les sites interdits aux moins de 18 ans, en France. Sachant que le premier contact avec la pornographie a aujourd’hui lieu à 11 ans en moyenne, ce serait déjà une première barrière.
Et puis, l’estimation de l’âge par Yoti est arrivée sur Instagram aux États-Unis au début de l’été, pour ne pas proposer les mêmes contenus, selon que chacun a plus ou moins de 18 ans, mais aussi pour vérifier que les inscrits ont bien 13 ans ou plus, qui est l’âge minimum pour ouvrir un compte. Et donc, cette marge d’erreur va diminuer assez rapidement.
Problème : comment garantir le respect de la vie privée ? Il ne faudrait pas, en effet, pouvoir relier l’activité en ligne, à l’identité. Qui a envie que son visage soit associé à l’utilisation d’un site pornographique ? Cette solution via un tiers de confiance, en France, a quand même la préférence de la CNIL, la commission nationale informatique et libertés. De son côté, Yoti met en avant le respect de l’anonymat. L’entreprise assure qu’elle se concentre uniquement sur l’âge, et qu’elle supprime la vidéo dès que l’âge est validé. Meta fait la même promesse, ce qui reste néanmoins à démontrer.
Date de naissance certifiée
Autre solution potentielle… l’application officielle d’identité numérique, autrement dit l’appli mobile du gouvernement, en test depuis le début de l’été, qui charge vos infos sécurisées dans le téléphone, via la puce sans contact logée dans la nouvelle carte d’identité, au format carte de crédit. L’application est prévue pour un partage sélectif de vos données. En clair, vous pouvez ne partager que votre date de naissance avec un site et évidemment pas votre nom. C’est donc une piste très intéressante.
Enfin, n’oublions pas le rôle des parents. Le gouvernement prépare un décret, dans le prolongement de la loi du 2 mars 2022, pour installer, par défaut, un système de contrôle parental sur les téléphones portables, ordinateurs et tablettes vendus en France. Il pourra limiter le temps passé devant l’écran mais aussi le type de contenus accessibles. Ensuite, libre aux parents de l’activer ou pas, ce qui promet de belles négociations avec les ados, d'ici quelques mois !