Salaires trop faibles, pas assez de candidats : les piscines manquent de maîtres-nageurs sauveteurs
De nombreux établissements se retrouvent parfois contraints de réduire les horaires d'ouverture ou de certains cours de natation face au manque de main-d'œuvre. Le secteur met en avant les salaires et la dévalorisation du métier.
Mais ou sont passés les maîtres-nageurs ? La réouverture des piscines l'an dernier, après la crise du Covid-19, a révélé un cruel déficit en France de "MNS", les maîtres-nageurs sauveteurs diplômés. Il en manquerait de 2 000 à 7 000, ce qui pose des problèmes pour l'apprentissage de la nage des enfants et qui met en difficultés les piscines et autres équipements aquatiques. Or seuls 800 personnels sont formés chaque année, contre le double il y a une vingtaine d'années. Une formation qui reste par ailleurs onéreuse – de 6 000 à 7 000 euros – et qui aboutit à un métier souvent dévalorisé.
À la piscine du Blanc-Mesnil, ce matin-là, c'est Alexis, un ancien nageur spécialiste du dos, qui officie aux cours d'aquagym, tandis que Michel, un ancien joueur de water-polo, arrivé de Slovaquie il y a quelques années, surveille les nageurs, prêt à intervenir : "Je suis venu en tant que joueur de water-polo et cette passion m'a amené à devenir maître-nageur et ainsi apprendre aux enfants à nager", sourit-il.
Crise des vocations et salaires
Comme les sept autres "MNS" de cette piscine, ce dernier est choyé par Xavier, le directeur de la piscine : dès que l'un d'eux est absent, tout devient compliqué. "On a un gros souci de manque de maîtres-nageurs et c'est déjà arrivé qu'on ferme des créneaux sur l'aquagym. On a encore des personnels conscients du problème et qui font des heures supplémentaires", précise-t-il.
Il existe des milliers de postes à pourvoir en France : ils sont souvent remplacés par de simples diplômes de sauvetage, mais qui, eux, n’ont pas le droit de donner des cours de natation. Cette crise des vocations est un véritable problème, admet Axel Lamotte, le secrétaire général adjoint du syndicat de la profession : "Il y a des piscines où il y a un seul maître-nageur et quinze surveillants aquatiques. Il y a beaucoup de collègues qui ont des postes fixes, des CDI, et qui quittent le métier parce qu'effectivement les salaires de 1 350 à 1 400 € de départ ne sont pas du tout à la hauteur des responsabilités."
Pas de risque particulier sur les plages
Et pourtant, malgré la pénurie, on peut parfois trouver du personnel qualifié. "On est en sous-effectif donc on est beaucoup sur de l'intérim. Ils préfèrent être en intérim parce que c'est beaucoup plus avantageux pour eux niveau salaire", glisse Elodie, chargée de gestion à l'Odyssée, une piscine d'Aulnay-sous-Bois.
Si le manque de MNS a des conséquences sur l'apprentissage de la natation, ils ne devraient toutefois pas affecter la surveillance des plages cet été. "Le seul pré-requis pour surveiller les plages, c'est d'avoir le brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA), d'être juste surveillant de baignade. Ils ne font pas d'enseignement de la natation, ils n'ont pas besoin d'être diplômé d'Etat", précise sur franceinfo Julien Lalanne, responsable de la baignade à la mairie d'Hossegor, dans les Landes.
Dans ce département, les 420 surveillants de l'été sont d'ores et déjà recrutés. Enfin, à partir de la rentrée prochaine, les universités pourront former à leur tour des MNS à travers la filière Staps, sans pour autant avoir la garantie que cela suffise à rendre le métier plus attractif.