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Sainte-Soline : un rapport incrimine l'État et souligne un usage "disproportionné" des armes

La responsabilité des pouvoirs publics est "engagée" lors de la manifestation du 25 mars à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, contre les "mégabassines", conclut un rapport d'observateurs de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) publié lundi. Le document pointe une "volonté délibérée de ne pas porter secours au plus vite". Des affrontements ont opposé manifestants et gendarmes, samedi 25 mars à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres (France). Entrave aux secours des blessés, usage "disproportionné" des armes par les forces de l'ordre... Un rapport publié lundi 10 juillet par la Ligue des droits de l'Homme (LDH) pointe la responsabilité de l'État lors de la violente manifestation du 25 mars à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, contre les mégabassines. "Sainte-Soline est très emblématique de la période que nous vivons en matière d'atteinte aux libertés et de répression des mobilisations sociales", a déclaré devant la presse le président de la LDH, Patrick Baudouin. "La volonté politique était claire : la manifestation de Sainte-Soline ne devait pas avoir lieu" et toute personne qui bravait l'interdiction préfectorale "s'exposait à des risques pour son intégrité tant physique que morale", soulignent dans leur rapport plusieurs observatoires des libertés publiques et des pratiques policières, dont la LDH est à l'initiative avec le Syndicat des avocats de France (SAF) et la Fondation Copernic. Ce compte-rendu de 150 pages s'appuie sur le travail de terrain des observateurs présents lors de la mobilisation, théâtre de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Sur place, les observateurs relèvent entre autres "l'usage de GM2L, GENL, ASSD, lanceur Cougar et de LBD, toutes classées comme armes de guerre", précise le rapport. "La priorité donnée à des enjeux de maintien de l'ordre sur toute autre considération a révélé son absurdité lors des entraves aux secours", incriminent les auteurs. "La responsabilité des pouvoirs publics, et notamment de l'État, est manifestement engagée du fait de l'absence d'anticipation, puis de la volonté délibérée de ne pas porter secours au plus vite, cela en plus des responsabilités pénales liées aux conséquences d'une possible non-assistance à personne en danger", ajoutent-ils. 5 015 grenades lacrymogènes tirées, environ une par seconde Dans un communiqué, la préfète des Deux-Sèvres Emmanuelle Dubée a indiqué qu'elle prendrait connaissance dans le détail du rapport mais "réfute à nouveau les accusations sur une prétendue entrave délibérée aux secours". La manifestation avait rassemblé de 6 000 à 8 000 personnes selon les autorités – 30 000, d'après les organisateurs. Ces derniers ont fait état de 200 blessés, dont 40 graves, côté manifestants. D'après les données officielles, 5 015 grenades lacrymogènes ont été tirées, soit environ une par seconde. La gendarmerie a eu recours aussi à 89 grenades de désencerclement de type GENL, 40 dispositifs déflagrants ASSR et 81 tirs de LBD. Dans deux rapports, préfecture et gendarmerie ont défendu une riposte ciblée et proportionnée face à 800 à 1000 manifestants présentés comme "radicaux". Les observateurs dénoncent au contraire les "nombreuses blessures causées par l'usage disproportionné et à plusieurs reprises non nécessaire des armes" par les forces de l'ordre. Parmi eux, deux manifestants grièvement blessés, Serge D. et Mickaël B., lors d'affrontements avec les forces de l'ordre, ont passé plusieurs semaines dans le coma. Le délai de prise en charge de Serge D. à Sainte-Soline est dénoncé par les organisateurs et des observateurs pour qui les autorités ont entravé l'intervention des secours. "Ces derniers se sont rendus auprès du blessé et n'ont pu confirmer le diagnostic que 46 minutes après le premier appel aux secours", souligne le rapport. Les autorités justifient le délai d'intervention des secours par la nécessité, pour les gendarmes, d'assurer leur sécurité. Une "rhétorique guerrière et fallacieuse" Par ailleurs, les auteurs du rapport affirment que la zone a été le théâtre d'un "déploiement massif de moyens de surveillance, comprenant des mesures de renseignements prises à l'encontre de personnalités du mouvement opposées aux mégabassines et de certains élus". Ils déplorent aussi la communication officielle sur le déroulement de la manifestation, alimentée par une "rhétorique guerrière et fallacieuse, alimentée par le ministère de l'Intérieur". Ou encore les "déclarations hâtives" de Gérald Darmanin qui ont contribué "à la divulgation de fausses informations" et constitue une "réécriture alarmante des événements". Gérald Darmanin avait déclaré en conférence de presse le 27 mars – deux jours après la manifestation – qu'aucune arme de guerre n'avait été utilisée et que les gendarmes n'avaient pas lancé de LBD en quad. "Partout en France, (...) on assiste à un nombre croissant d'arrêtés d'interdiction de manifestation, à une répression tant policière que judiciaire des manifestants et à de nombreux cas de blessés en manifestation", alerte le rapport. Mi-juin, le gouvernement a annoncé la dissolution du mouvement des Soulèvements de la Terre (SLT), l'un des organisateurs avec le collectif "Bassines non merci" et la Confédération paysanne. Avec AFP

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