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Économie et marchés

Russes et Américains se disputent le premier tournage de cinéma dans l'espace

Le réalisateur russe Klim Chipenko, lors d'une conférence de presse au centre d'entraînement des cosmonautes Iouri-Gagarine, près de Moscou, le 13 mai 2021. La Russie a annoncé jeudi qu'elle comptait envoyer une équipe de cinéma à bord de la Station spatiale internationale en octobre. Mais l'agence spatiale russe Roscosmos se heurte aux ambitions de la Nasa. Les Américains travaillent eux aussi sur un projet de tournage à bord de l'ISS, avec l'acteur Tom Cruise.  La Russie a annoncé, jeudi 13 mai, l'envoi d'une équipe de cinéma dans l'espace pour tourner un film de fiction à bord de la Station spatiale internationale en octobre. Cette annonce intervient dans un contexte où l'agence spatiale Roscosmos est à la peine : elle tente de se relancer après des scandales de corruption et fait face à la concurrence de la société Space X d'Elon Musk. Autre annonce faite jeudi, celle d'envoyer vers l'ISS le richissime homme d'affaires japonais Yusaku Maezawa et son assistant Yozo Hirano chargé de documenter l'aventure. Le voyage commencera le 8 décembre à bord d'une fusée Soyouz. Roscosmos a précisé que la mission durerait 12 jours et que l'entraînement de l'équipage débuterait en juin. Une actrice et un réalisateur russes à bord de l'ISS La vedette russe Ioulia Peressild, 36 ans, et le réalisateur Klim Chipenko, 37 ans, rejoindront l'ISS en octobre. Ils doivent y tourner "le premier film de fiction dans l'espace", une œuvre dont on ne connaît que le nom provisoire : "Le Défi". "Souhaitez-nous bonne chance !", a écrit sur Instagram Ioulia Peressild, connue principalement en Russie pour des longs-métrages historiques. >> À lire aussi : Pourquoi la Russie veut quitter l’ISS pour construire sa propre station spatiale Ce nouveau film est coproduit par la première chaîne de télévision russe, Pervyi Kanal, et Dmitri Rogozine, le patron de Roscosmos, qui veut que la Russie soit la première à réaliser un tel projet. Le PDG de Pervyi Kanal, Konstantin Ernst, a affirmé que ce tournage ferait partie d'un projet plus large, incluant des documentaires, pour faire renaître chez les Russes "l'amour et la passion" de la conquête spatiale. En parallèle, la Nasa envisage une collaboration avec Tom Cruise pour le tournage d'une scène du futur film de la star..    Les Russes écartés au profit des Américains et Européens  L'annonce de la reprise des expéditions touristiques vers l'ISS intervient après que Moscou a perdu en 2020 le monopole des vols habités vers la station spatiale. Depuis mai 2020, les fusées de SpaceX peuvent y envoyer des spationautes, décrochant les juteux contrats de la Nasa mais aussi européens.  Cela représente un manque à gagner de dizaines de millions de dollars par siège pour la Russie. Roscosmos et Space Adventures avaient déjà collaboré à huit reprises, entre 2001 et 2009, pour envoyer de richissimes entrepreneurs dans l'espace. Le dernier en date fut le fondateur du Cirque du Soleil, le Canadien Guy Laliberté. L'excentrique milliardaire japonais qui lui succèdera a fait fortune dans le commerce en ligne. Il cultive la passion de l'espace et a même déjà prévu d'emmener huit personnes pour l'accompagner dans un voyage autour de la Lune, prévu pour 2023 avec Space X. Ni Space Adventures ni Roscosmos n'ont révélé la somme que Yusaku Maezawa va débourser pour réserver deux des trois sièges de la capsule Soyouz. Selon le magazine Forbes, un siège est facturé entre 20 et 35 millions de dollars pour huit à douze jours à bord de l'ISS. Cette manne n'est pas négligeable, le budget de Roscosmos ayant subi des coupes sévères. Le secteur russe a aussi été longtemps gangréné par la corruption et souffre de la perte de contrats de lancement de satellites. La Russie s'associe à la Chine pour reconquérir l'espace  Outre le tourisme spatial et le cinéma, Dmitri Rogozine entend mener une série d'ambitieux projets spatiaux. Notamment celui d'abandonner à l'horizon 2025 l'ISS, en fin de vie, pour se doter d'une station strictement russe, à l'image de l'Union soviétique qui avait créé la sienne (Mir). Moscou et Pékin ont en outre signé un protocole d'accord pour construire une stationspatiale "à la surface ou en orbite" de la Lune. La Russie avait renoncé à un projet lunaire de Washington jugé trop américano-centré.  Mais aucun de ces projets russes n'a de budget ni de calendrier précis. Le jour du 60e anniversaire du premier vol dans l'espace de Iouri Gagarine, le président Vladimir Poutine a ordonné un passage en revue des projets en cours, soucieux que Moscou reste une grande puissance spatiale.   Avec AFP

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