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Sports

Rugby : Fabien Galthié a toujours faim de Coupe du monde

XV de France L'ex-joueur Fabien Galthié a disputé quatre Coupes du monde avec le XV de France et perdu une finale. Cet entraîneur chevronné espère enfin gagner cette compétition avec le costume de sélectionneur, au terme de quatre saisons remarquables à la tête des Bleus. Un stratège exigeant dont le prochain défi sera le match contre l'Uruguay, jeudi à Lille. Deux décennies après, l’auteur de ces lignes se souvient encore très bien de la colère de Fabien Galthié. Il interrogeait alors le capitaine du Stade français sur les ambitions du club parisien qui disputait le Challenge européen lors de la saison 2002-2003, la dernière de Fabien Galthié en tant que joueur. La question ne mentionnait pas le fait qu’il avait déjà remporté cette compétition avec son club précédent, Colomiers, en 1998. Et la répartie de Galthié avait été cinglante, le demi de mêlée soulignant un manque criant de rigueur et de professionnalisme. Ce compétiteur au fort caractère était adepte de ce type de recadrage. Son ancien coéquipier Mathieu Blin se souvient ainsi de joutes verbales lorsqu’ils ont commencé à s’entraîner ensemble, en 2001, sous les couleurs du Stade français. "On s’est vite pris la tête sur le terrain à cause de sa façon de me parler. Mais il aimait en fait qu’on lui réponde, il testait ses coéquipiers", se souvient l’ancien talonneur parisien, de huit ans son cadet. Issu d’une famille d’agriculteurs lotois frappée par la crise, Galthié a été profondément marqué par ces épreuves et assume sa dureté. Les deux joueurs ont ensuite trouvé leurs marques et se sont côtoyés pendant deux saisons sur le terrain, jusqu’au titre de champion de France décroché en juin 2003. Fabien Galthié ne l’avait encore jamais gagné. Le jour de la finale, il était capitaine du Stade français et a montré la voie en inscrivant le premier essai de son équipe, qui a nettement battu le Stade toulousain (32-18). "C'était un joueur qui s’intéressait déjà énormément au jeu et à l’entraînement. Avec le coach (du Stade français) Nick Mallett, il avait déjà la mainmise sur l’équipe", raconte Mathieu Blin, devenu consultant rugby pour la chaîne Canal+. Fabien Galthié deviendra rapidement l’entraîneur de ce club parisien après sa retraite sportive, décrochant en 2007 le bouclier de Brennus avec Fabrice Landreau, chargé des avants. Il entraînera ensuite les clubs de Montpellier et Toulon, sans décrocher de nouveau titre. Meilleur joueur du monde en 2002 Sous le maillot de l’équipe de France, Fabien Galthié a décroché 64 sélections, remportant deux fois le Tournoi des Cinq Nations et une fois celui des Six Nations (en 2002), avec un Grand Chelem à la clef. Il a également disputé la finale de Coupe du monde 1999 perdue par la France contre l’Australie, une semaine après avoir joué en demi-finale un match d’anthologie contre des All Blacks battus 43 à 31 alors qu’ils menaient de 14 points à la 45e minute. Un parcours international récompensé en 2002 par un titre de meilleur joueur du monde. Sa trajectoire en équipe de France n'a pourtant rien eu de linéaire. Fabien Galthié a connu des débuts fulgurants : sélectionné chez les Bleus pour la première fois à 22 ans, il se retrouve titulaire moins de quatre mois plus tard pour la Coupe du monde 1991. L’aventure se termine alors en quarts de finale face à l’Angleterre mais Fabien Galthié a gagné la confiance de l’encadrement français, qui s’appuie sur lui pour le Tournoi 1992. La suite est plus difficile pour Fabien Galthié, dont les performances font débat. Il n’est pas retenu pour la Coupe du monde 1995 organisée en Afrique du Sud. Il veut quand même découvrir la nation arc-en-ciel et pose son sac de rugby au mois d’avril dans le club de False Bay, situé près du Cap. Ses projets changent soudainement deux mois plus tard : le demi de mêlée titulaire des Bleus s’est blessé lors du dernier match de poule des Bleus, qui ont besoin d’un remplaçant pour les phases finales. Déjà dans le pays, Fabien Galthié rejoint vite le groupe français et obtient la place de titulaire lors de la demi-finale perdue à Durban contre l’Afrique du Sud. Le même scénario se répète quatre ans plus tard. Galthié n’est pas sélectionné et voit le début de la Coupe du monde 1999 dans son canapé. Jusqu’à ce que le demi de mêlée Pierre Mignoni se blesse. Fabien Galthié est rappelé et titularisé au poste de numéro 9 pour la phase finale. En tout, il dispute quatre Coupes du monde dans sa carrière, qui se termine lors de l'édition 2003, à l’issue d’une demi-finale perdue par les Bleus. Un décès dans sa famille le contraint alors à rentrer rapidement en France, sans même disputer avec les Bleus le match pour la troisième place. Avant de quitter l’Australie, il déclare au quotidien Le Monde : "Je trouve normal de ne pas jouer cette petite finale. Elle correspond déjà à l'avenir du rugby français. Et moi, je ne représente pas l'avenir, c'est clair." Une connexion avec Antoine Dupont A posteriori, ces propos font sourire tant cet entraîneur de 54 ans incarne aujourd’hui les espoirs du rugby français. Il a rejoint l’encadrement des Bleus comme entraîneur adjoint lors de la Coupe du monde 2019 avant d’en devenir le sélectionneur début 2020. Depuis, il a décroché 32 victoires en 40 matches, la dernière en date étant celle obtenue contre la Nouvelle-Zélande (27-13) en match d’ouverture de la Coupe du monde 2023. Soit un ratio exceptionnel de victoires de 80 %. Dès le début de son mandat, il a imprimé sa marque. Pour dévoiler son programme de préparation en vue de la Coupe du monde 2023, il convoque les journalistes dans le village de Montgesty où il a passé ses premières années. Très attaché à ses racines, il profite de ce rendez-vous médiatique pour rappeler l’importance du terroir et des petits clubs. Son message est clair : les acteurs du rugby français doivent travailler ensemble pour aider les Bleus à atteindre leur objectif ultime. Il a été entendu par la Fédération française de rugby et la Ligue nationale en charge des clubs professionnels, qui se sont mises d’accord pour libérer plus de joueurs qu’auparavant. Fabien Galthié a obtenu davantage de temps de préparation, plus de moyens pour travailler et un staff étoffé. "Il avait une réflexion déjà très poussée en arrivant et il a trouvé le bon équilibre. Il sait s’entourer et utiliser l’expertise des membres de son staff", analyse Mathieu Blin, qui souligne que ce gros travailleur ne ménage pas ses efforts. Brillant chef d’orchestre, Fabien Galthié a notamment pu profiter de l’éclosion de nombreux talents au sein des équipes françaises de jeunes et de la présence d'un soliste exceptionnel, Antoine Dupont. Il entretient une relation très particulière avec ce joueur qui occupe, comme lui auparavant, le poste de demi de mêlée du XV de France. Galthié a logiquement confié au meilleur joueur du monde 2021 le capitanat des Bleus et la mission de décrocher, avec ses coéquipiers, la coupe Webb Ellis qui manque encore au palmarès du sélectionneur français.

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