Régionales en France : "Des élections sans surprise ni électeurs"
À la Une de la presse, ce lundi 28 juin : les réactions aux résultats du second tour, hier, des départementales et des régionales en France. Un scrutin marqué, une nouvelle fois, par une abstention quasi record, à un an de la présidentielle.
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Hier, le second tour, hier des régionales et des départementales en France a été marqué, de nouveau, par un taux d’abstention quasi record : 65%.
Après un premier tour «calamiteux», «le deuxième n’a pas mobilisé davantage», «comme si, quel que soit l’enjeu, donner de la force à ses idées ou barrer la route à celles que l’on combat, l’électeur ne voyait pas l’intérêt» de voter : L’Humanité évoque une «grève civique» qu’il attribue en premier lieu à «la dépolitisation du scrutin» par Emmanuel Macron, et à «l’ultrapersonnalisation de la vie publique autour du duel fantasmé Macron-Le Pen à la présidentielle de 2022».
Des élections «sans surprise ni électeurs»: Médiapart parle, lui, de «fatigue démocratique», et cite l’analyse du sociologue Jérémie Moualek : «Les citoyens ont le sentiment que les élus sont totalement imperméables à la nature des votes".
Vu de Belgique, le niveau d’abstention en France est perçu comme le «symptôme» d’une «démocratie abîmée» par une «présidence solitaire, la marginalisation des corps intermédiaires et la faiblesse d’une opposition réduite à de vaines vociférations» : «Ce qui urge, prévient Le Soir, c’est de comprendre les laissés-pour-compte de la politique, et leur démontrer que leur destin n’est pas une fatalité».
Premier grand perdant de ces élections : le Rassemblement national de Marine Le Pen, qui ne remporte finalement aucune région. «Le RN recalé» : Libération salue «l’efficacité» du front républicain en Paca, où le candidat du RN, Thierry Mariani, a échoué face au LR Renaud Muselier, malgré les efforts de son parti pour «lisser son discours». Une stratégie de «dédiabolisation» qui aurait éloigné les électeurs frontistes des urnes, selon une partie du Rassemblement national.
«RN, le coup d’arrêt» : Le Parisien/Aujourd’hui en France évoque lui aussi «un coup dur pour Marine Le Pen», qui misait beaucoup sur les régionales pour «démontrer le bien-fondé de sa stratégie de normalisation». Son parti est finalement le premier à faire les frais de l’abstention, d’où le dessin de Ranson, dans lequel un électeur se réjouit : «De plus en plus fort ! On arrive à faire barrage au Rassemblement national sans bouger de la maison». «Magie du télétravail», répond sa femme.
Pour le quotidien suisse Le Temps, l’abstention massive s’est transformée en «piège fatal» pour le RN. «À moins d’un an de la présidentielle d’avril 2022, le 17e congrès du Rassemblement national, les 3 et 4 juillet, sera celui de la douleur et des questions qui fâchent», prédit le journal.
Autre grande perdante, La République en marche, le parti présidentiel. Aucune région, non plus, pour la majorité. «Ça se complique pour Macron», titre L’Opinion. Le président «rêvait d’enjamber les régionales», mais «la dynamique» électorale a «changé de camp», estime le journal, pour qui elle n’est plus ni du côté du RN, ni de celui de LREM. La défaite de l’extrême droite est d’ailleurs présentée comme «l’autre mauvaise nouvelle pour le chef de l’État, qui voit commencer à s’éloigner son scénario préféré : un second tour de l’élection présidentielle face à une Marine Le Pen facile à battre».
«Macron, Le Pen, la double sanction»: d’après Le Figaro, à un an de la présidentielle, le jeu politique n’aurait «jamais été aussi ouvert», même si «le paysage post-électoral», au lendemain des régionales, «est en partie en trompe-l’œil», car l’abstention dans ce scrutin ne signifie pas que les électeurs s’abstiendront autant en 2022.
Marine Le Pen et Emmanuel Macron perdants. En Allemagne, le Frankfruter Allgemeine Zeitung note aussi bien l’échec de la stratégie de Marine Le Pen, qui a cherché à «nationaliser» le scrutin, que l’incapacité persistante de LREM à s’implanter localement.
Les sortants, eux, sont confortés, puisque les présidents de région ont tous été reconduits. «La gauche et la droite reviennent dans la partie» et La Croix se réjouit de voir les électeurs choisir «la modération et l’expérience, dans une époque qui pratique beaucoup le dégagisme», même si le niveau extrêmement élevé de l’abstention aurait dû amener les vainqueurs à «une plus grand modestie», selon lui.
Un sentiment partagé par Le Monde, qui voit «la revanche des partis de 'l’ancien monde' ternie par l’abstention record. [...] Leur score, en pourcentage des suffrages exprimés, apparaît élevé. Rapporté au nombre d’inscrits, il fond et amoindrit leur légitimité», note le journal.
«La prime aux sortants profite à plein à la droite classique», selon le quotidien libanais L’Orient Le Jour, qui voit les barons républicains Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez «retrouver leur élan» pour mettre le «cap sur 2022». Mais d’ici là, la droite française va devoir parvenir à un consensus pour réussir à les départager, ce qui ne sera pas une mince affaire : le quotidien espagnol El Pais n’a pas oublié «les combats fratricides (qui) ont fracturé la droite depuis une décennie» et n’est «pas certain» que ses dirigeants réussissent désormais à «faire la paix»…
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