"Je ne peux plus me promener seule" : une ex-ministre évoque les menaces et les insultes qu'elle subit au quotidien
Invitée sur le plateau de C à vous ce jeudi 27 octobre, Agnès Buzyn s'est confiée sur son quotidien. Depuis le début de la pandémie de coronavirus, l'ex-ministre de la Santé se dit constamment menacée.
Depuis deux ans, la vie d'Agnès Buzyn est remplie de menaces. Ministre de la Santé en poste lorsque la pandémie de Covid-19 s'est déclarée sur le territoire, elle a rapidement laissé sa place à Olivier Véran pour remplacer Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de Paris. Mise en examen pour "mise en danger de la vie d'autrui" pour sa gestion de l'épidémie, Agnès Buzyn était invitée sur le plateau de C à vous ce jeudi 27 octobre. L'ancienne membre du gouvernement a notamment expliqué avoir "payé très cher, sur les réseaux sociaux" son positionnement au sujet de la pandémie mais aussi ses déclarations sur les médecins médiatiques et parfois controversés, comme ce fut le cas avec Didier Raoult. Très émue, Agnès Buzyn a révélé avoir été la cible d'internautes mal intentionnés.
"C'est à partir de ce moment-là où vous avez été violemment attaquée, notamment par la fachosphère... Et la violence elle continue, aujourd'hui ?", lui a demandé Anne-Elisabeth Lemoine. Sur le plateau de France 5, l'ex-ministre a révélé avoir "reçu, encore avant-hier à la Cour des Comptes, un courrier recommandé d'insultes, de menaces". Depuis le début de la pandémie de coronavirus, Agnès Buzyn assure ne plus pouvoir se "promener seule dans la rue". "Pour quelqu'un qui a donné sa vie au service public, à l'hôpital public, qui a dédié sa vie à essayer de sauver des gens, (...) oui, ça c'est dur", a-t-elle répondu, très émue. Il y a quelques jours, Le Monde a dévoilé les pages d'un journal qu'elle a tenu au début de la pandémie. Dans celui-ci ? Plusieurs messages envoyés à Emmanuel Macron et Edouard Philippe, alors Premier ministre.
Agnès Buzyn : "Cela a foutu ma vie en l'air"
Le 11 janvier 2020, Agnès Buzyn les alertait à propos d'une l'épidémie apparue en Chine, "pas encore dans les médias" mais qui "peut monter". "Non seulement j'avais vu mais prévenu. J'ai été, de très loin en Europe, la ministre la plus alerte. Mais tout le monde s'en foutait. Les gens m'expliquaient que ce virus était une 'grippette' et que je perdais mes nerfs", a-t-elle déclaré au Monde, expliquant devoir être escortée par un agent de sécurité pour tous ses déplacements. "J'ai été, de très loin en Europe, la ministre la plus alerte. Mais tout le monde s'en foutait", a-t-elle insisté selon des propos rapportés par Le Monde. La plupart de ses messages sont restés sans réponse avant que le gouvernement ne prenne cette épidémie au sérieux.
Pendant des semaines, elle aurait continué d'alerter l'exécutif sur les risques liés à cette maladie malgré sa démission forcée du ministère de la Santé. "Le plus grand regret de ma vie, c'est de ne pas avoir géré cette crise, a-t-elle confié, les larmes aux yeux, sur le plateau de C à vous ce jeudi 27 octobre. Je n'aurais jamais dû partir. (...) Je n'étais plus aux affaires, le président avait des conseillers, et visiblement leurs avis étaient discordants avec les miens." Plus de deux ans et demi après, Agnès Buzyn reste amère. "Cela a foutu ma vie en l'air", a même affirmé l'ancienne ministre de la Santé, qui évoque une "pression" venue d'un haut pour la forcer à démissionner.