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Procès du 13-Novembre : le parquet requiert la perpétuité incompressible contre Salah Abdeslam

ATTENTATS DE PARIS Avocats et victimes des attentats du 13-Novembre pénètrent vendredi 10 juin 2022 dans la salle d'audience spéciale du palais de justice de Paris. Neuf mois après l’ouverture du procès des attentats du 13-Novembre, et au terme de trois jours de réquisitions, les trois avocats généraux ont requis, vendredi, la perpétuité incompressible à l'encontre de Salah Abeslam. À procès hors norme, peine exceptionnelle. Les avocats généraux ont requis la perpétuité à l'encontre de Salah Abdeslam assortie d'une période de sûreté "incompressible". Cette sanction, qui rend infime la possibilité d'obtenir un aménagement de peine et donc une libération, n'a été que très rarement requise et prononcée qu'à quatre reprises.  Depuis mercredi, les trois représentants du Parquet national antiterroriste (Pnat), Camille Hennetier, Nicolas Braconnay et Nicolas Le Bris, se sont relayés durant près de quinze heures dans un long récit à trois voix, décortiquant par le menu la minutie de la logistique des attentats partant de la genèse des motivations meurtrières aux ultimes attaques. De mémoire de magistrat, l'exercice est une première.  Vendredi après-midi, c'est d'abord Nicolas Le Bris qui a ouvert le dernier volet des réquisitions en revenant sur les attaques aux abords du Stade de France, sur les terrasses parisiennes et au Bataclan qui ont fait 130 morts et 350 blessés. "Quasi simultanément, les lions vont entrer dans Paris et Saint-Denis", relate-t-il faisant allusion aux "lions du califat" dont parlait l'organisation État islamique. "Ceux qui ont commis ces crimes abjects ne sont rien d'autre que des vulgaires terroristes, des criminels", poursuit l'avocat général d'un ton posé.  397 récits de souffrance  Ces lieux ont-ils été choisis au hasard ? L'avocat général en doute. Les cibles choisies n'ont rien d'aléatoire, "à chaque fois, il s'agit de terrasses bondées" qui se trouvent à des angles de rues qui offrent "un très large angle de tir" et plusieurs "chemins de fuite".   Nicolas Le Bris évoque, ensuite – non sans émotion dans la voix – la salle de concert ciblée par les terroristes. "Toutes les personnes qui s'y trouvaient au moment de l'arrivée des jihadistes doivent être considérées comme des otages de ces derniers." Reprenant à son compte les témoignages de "souffrances" des victimes, l'avocat général avoue "avoir pris en pleine face" les 397 récits de victimes venues déposer à la barre mêlant survivants et proches des personnes décédées. "Avant d'entendre ces récits, mes collègues et moi-même n'avions pas encore pris conscience de toutes douleurs." Seule solution pour échapper au déluge "d'écrous et de mitraille", fuir au péril de sa vie, "faire le mort ou se faire minuscule". Dans la salle, "le sang des victimes se mélange en une gigantesque flaque étendue et visqueuse". Une "douce soirée de novembre qui se termine en cauchemar". En somme, des "vies fracassées".    "Loyauté déplacée"  Pas question pour le magistrat de passer sous silence la "bravoure et le courage des forces de l'ordre" des "primo-intervenants" du Bataclan. Leur action a "vraiment été déterminante", saluant également la BRI, la Brigade de recherche et d'intervention, et le Raid.   Puis c'est au tour du deuxième avocat général, Nicolas Braconnay, de prendre le relais. Il évoque d'une voix claire la suite des attentats, la cavale, les caches. Et notamment le retour de Salah Abdeslam en Belgique. L'occasion de revenir sur les cas de Mohammed Amri, Hamza Attou et Ali Oulkadi, tous accusés d'avoir aidé Salah Abdeslam dans sa fuite. Nicolas Braconnay dénonce la "loyauté déplacée vis-à-vis d'un copain du quartier", un certain état psychologique, mais aussi "une complaisance idéologique pour la violence jihadiste, atmosphère dans laquelle ils baignaient depuis plusieurs mois".   Après une suspension de séance, c'est au tour de Camille Hennetier d'apporter les derniers éléments des réquisitions. L'avocate générale, calme et sereine, revient sur "les derniers instants de la cellule terroriste". Neuf terroristes sont morts, après les attentats et l'assaut du Raid à Saint-Denis le 18 novembre 2015. Les autres "vont devoir se terrer". Elle explique que les accusés n'ont "pas grandi dans la misère, ni dans l'opulence". Ils ont au contraire "quasiment tous ont bénéficié d'une enfance qu'ils qualifient d'heureuse, ou sans histoire". Raison pour laquelle, "la prison est la seule réponse sociale acceptable pour protéger la société", assure-elle.

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