Procès des attentats du 13-Novembre : les proches de Guillaume Valette témoignent des "balles psychiques qui l'ont lentement mais sûrement tué"
Procès des attentats du 13-Novembre : les proches de Guillaume Valette témoignent des "balles psychiques qui l'ont lentement mais sûrement tué"
Guillaume Valette "est sorti vivant et physiquement indemne" du Bataclan le 13 novembre 2015, mais il "a reçu des balles psychiques qui l'ont lentement tué". Devant la cour d'assises spéciale, mardi 26 octobre, les proches de ce trentenaire qui s'est suicidé en novembre 2017, se sont succédé à la barre. Tous ont raconté comment Guillaume, considéré comme la 131e victime des attentats, a été "envahi par le stress post-traumatique au point de mettre fin à ses jours".
"Délire hypocondriaque" et "dépression majeure"
"Puisqu'il n'est plus là pour le faire, c'est moi qui vais vous raconter son 13-Novembre", annonce son père, Alain. Lors de l'attaque du Bataclan, Guillaume se cache dans une loge. Pendant des heures, il "n'a rien vu, mais tout entendu", témoigne l'homme en costume bleu, assis devant la cour. Son fils est "marqué" par les "cris des blessés", mais aussi "l'horreur" de la fosse qu'il découvre lorsqu'il est évacué. "Ma vie ne sera plus la même", prévient le jeune homme après les attaques.
L'après-Bataclan de Guillaume s'est décomposé en "deux périodes". Il fait d'abord face un état de stress post-traumatique et se replie sur lui-même. Alain se souvient des pleurs de Guillaume "au premier anniversaire des attentats". "Je n'oublierai jamais le bruit de ces mitraillettes", dit le garçon à ses parents. "C'était la première fois qu'il nous reparlait des attentats. Ça a duré 30 secondes, et il s'est refermé", souffle Alain.
A partir de l'été 2017, l'état de Guillaume "empire" et se mue en "délire hypocondriaque mêlé d'une dépression majeure". "Les psychiatres ont mis ces mots sur le parcours de soin de Guillaume, mais sur le moment, nous étions des parents démunis", confie son père. Une "première alerte" survient en juillet. En pleine nuit, Guillaume se réveille "en hurlant". Quelques jours plus tard, il est pris d'une crise d'angoisse au travail. C'est à cette période que Guillaume se persuade qu'il est atteint d'une maladie grave, malgré les examens médicaux qui attestent de sa bonne santé physique.
"Le terrorisme l'a tué à petit feu"
"On assistait impuissant à la dégradation de son état" psychique, poursuit Alain. En août 2017, Guillaume est emmené aux urgences, puis admis en psychiatrie. "Jusqu'à sa mort, il ne sortira plus du parcours hospitalier." Guillaume met fin à ses jours le 19 novembre 2017 dans sa chambre. Il laisse une note dans laquelle "il persiste" et évoque un "cancer de l'œsophage" non soigné. "Les psychiatres ont compris trop tard", déplore Alain. A travers l'histoire de son fils, il espère montrer que les "blessures psychiques devraient être mieux comprises et mieux appréhendées".
"Toutes les victimes du 13-Novembre sont des blessés de guerre", insiste sa mère dans une lettre lue à la cour par Frédéric, l'un des frères de Guillaume. "Le terrorisme ne l'a pas tué le 13 novembre 2015, le terrorisme l'a tué à petit feu", écrit-elle encore.
"Est-on faible parce qu'on ne supporte pas la violence ou parce qu'on finit par l'accepter ?" interroge quant à lui un autre frère de Guillaume. Il s'est suicidé "non pas parce qu'il était faible, mais parce qu'il était blessé sur le plan psychique", insiste à la barre Christophe, aux côtés de ses proches. "Pour nous Guillaume Valette, c'est la 131e victime. En témoignant je vous dépose notre douleur et je vous remets son histoire", conclut-il.