Prêtre tué en Vendée : les habitants partagés entre recueillement et colère à Saint-Laurent-sur-Sèvre
Au-delà du recueillement ou de la révolte, c’est l’incompréhension qui domine à Saint-Laurent sur Sèvre en Vendée, au lendemain du drame.
Lundi, l’ambiance était étonnamment recueillie au pied de la basilique où "le père Olivier", Olivier Maire de son nom complet, célébrait la veille encore la messe dominicale. Ce dernier, tué le 9 août à Saint-Laurent-sur-Sèvre en Vendée, était une figure locale de ce petit bourg de près de 3600 âmes.
Bertrand Lemaire qui tient la librairie religieuse face à l’église connaissait très bien la victime. "Je le voyais tous les jours, c’était un frère pour moi.Il venait chez moi, il avait donné un concert hier après-midi, ma femme s’y trouvait. Il avait célébré la messe hier, sa dernière messe à 18h30. Il a fait une merveilleuse homélie au point que certaines personnes sont allées le trouver pour le remercier d’avoir parlé de la sorte", relate-t-il.
"Le père Olivier", qui a célébré la communion de nombreux enfants, était bien connu des habitants. C’est lui qui avait accepté de recueillir dans le cadre de son contrôle judiciaire l’unique suspect de cette affaire au sein de la congrégation des pères monfortains qu'il dirigeait. Emmanuel, cet homme de nationalité rwandaise, âgé de 40 ans était en effet déjà poursuivi pour avoir tenté d’incendier la cathédrale de Nantes en juillet 2020.
La piste terroriste non retenue
"Je prie pour le père Olivier Marie, pour le repos de son âme, pour son assassin aussi. En espérant qu’il aura la miséricorde de dieu s’il est prêt à la recevoir", à condition qu’il reconnaisse son acte partageait Estéban Berthomé, l’un des fidèles de la paroisse avant d'aller prier avec d’autres.
Malgré le drame, ici on ne regrette pas d’avoir fait le bien, ajoute l’un des membres de la congrégation. Des mots d’apaisement que ne partageait pas une partie du public. C’était le cas de Thibault, catholique lui aussi et voisin de la commune. "Ce sont des gens qui n'ont rien à faire chez nous. Soit ils sont admis en France en situation régulière, et là, il n’y a aucun problème ce sont des délinquants comme les autres. Soit ils ne sont pas en France comme les autres et auquel cas il y a un problème. Il y a un vrai problème de sécurité. Vous vous rendez compte ?"
"On est à Saint-Laurent-sur-Sèvre, le trou le plus paumé de France, et on ne peut pas l'expulser parce qu'il est sous contrôle judiciaire. C'est ça l'excuse. Mais nous, on est catholique. Demain, on doit flipper à chaque fois qu'on doit aller dans une église ?"
L’arrêté d’expulsion du territoire français dont le suspect faisait l’objet est en effet suspendu en attendant l’issue de cette procédure. La piste terroriste n'est pas retenue par la justice. Au-delà du recueillement ou de la révolte, c’est l’incompréhension qui domine à Saint-Laurent.