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Présidentielle : Emmanuel Macron renoue avec le "en même temps" lors de son grand meeting

ÉLYSÉE 2022 Le président-candidat a tenu lors de son unique meeting de campagne samedi à renouer avec le "en même temps" de 2017 en musclant sa jambe gauche avec davantage de place dans son discours accordé au social, à l’éducation et à la santé. Se recentrer pour devenir incontournable. Le président-candidat Emmanuel Macron a renoué, samedi 2 avril, avec le fameux "en même temps" qui avait fait son succès en 2017. Surnommé depuis le début de son quinquennat "président des riches" par ses opposants, le chef de l’État semblait jusqu’ici assumer, durant cette campagne présidentielle de 2022, d’être devenu un candidat de droite, avec notamment deux propositions phares marquées politiquement : la retraite à 65 ans et le Revenu de solidarité active (RSA) conditionné à 15-20 heures de travail. Son discours à La Défense Arena devant plus de 30 000 personnes, selon les organisateurs, axé sur le social, l’éducation et la santé, avait pour but de démontrer l’inverse. "En 2017, nous portions un projet d’émancipation, de lutte contre l’assignation à résidence. Malgré les crises nous n’avons jamais renoncé. Nous avons tenu nos promesses", a-t-il lancé en introduction d’un long satisfecit de son action depuis cinq ans, visant à souligner qu’il avait aussi réalisé des mesures de gauche. Un constat partagé par ses soutiens venus des quatre coins de la France pour assister à cet unique grand meeting de campagne. "Emmanuel Macron a réussi la synthèse des idées progressistes économiques et sociétales et c’est ce qui m’a attiré chez lui en 2017", raconte Aurore, 34 ans, gérante d’une auto-école à Poitiers et ancienne militante LGBT. "Entre la crise des Gilets jaunes, le Covid-19 et maintenant la guerre en Ukraine, il a quand même eu à gérer un quinquennat très compliqué, mais il a su aider les entreprises pendant la crise sanitaire et a appliqué le ‘en même temps’. La PMA, la fin de la taxe d’habitation, les droits des femmes comme grande cause du quinquennat, l’écologie pas punitive, ce n’est pas rien. Il incarnait le progrès en 2017 et il l’incarne toujours." "Je me suis engagé derrière Emmanuel Macron dès 2017 alors que je n’avais que 13 ans", affirme Tom, désormais âgé de 18 ans et membre des "JAM" (Jeunes avec Macron), venu de Nancy, où il fait ses études en sciences politiques. "J’ai vu en lui l’espoir de passer outre le clivage gauche-droite avec un projet réunissant des personnalités venues de différents horizons. C’est vrai qu’il a eu tendance à se déporter à droite, mais il ne faut pas oublier la PMA, la contraception gratuite pour les jeunes femmes, le dédoublement des classes." La fin du clivage droite-gauche voulue par Emmanuel Macron était symbolisée dans les premiers rangs des tribunes par la présence de deux anciens chefs du gouvernement assis côte à côte : Manuel Valls, Premier ministre de François Hollande, et Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre de Jacques Chirac. Il y avait aussi un peu plus loin Jean-Pierre Chevènement assis à proximité de Christian Estrosi, mais aussi Édouard Philippe et le gouvernement dans son ensemble. Session de rattrapage avec les enseignants Le président-candidat a plusieurs fois martelé "nous l’avons fait" au sujet des grandes et petites réformes menées au cours de son quinquennat, mais l’objectif semblait bien de muscler sa jambe gauche. "L’ascenseur social reste encore trop en panne", a-t-il regretté, avant de promettre une "révolution" de l’éducation grâce à "nos enseignants, à qui l’on doit tant" – et qui avaient massivement voté pour lui en 2017. "Quand nous avons rouvert les écoles en mai 2020, je sais ce que nous leur avons demandé. Je veux personnellement les remercier", a assuré le chef de l’État. "Vous pouvez les applaudir !", a lancé Emmanuel Macron à la foule, alors qu’il avait choqué de nombreux enseignants, le jour de la présentation de son programme à la presse, le 17 mars, en accusant certains d’entre eux d’avoir "disparu" dans la nature au moment du premier confinement. Même session de rattrapage vis-à-vis des personnels de santé au moment d’évoquer leur engagement tout au long de la crise sanitaire et les avancées du Ségur de la santé, notamment en matière de rémunération. "Sans doute, nous avons bien fait, mais nous ne pouvons pas ne pas regarder en face l’épuisement de tant de soignants et j’ai une pensée pour eux", a déclaré Emmanuel Macron, avant, là encore, d’appeler le public à les applaudir vivement. Le président du "pragmatisme" et du "dépassement politique" Pour autant, le président de la République n’a pas renié ses deux propositions sur la retraite à 65 ans et le RSA conditionné. "Pour financer tout cela, il n’y aura pas de hausse d’impôt, il n’y aura pas de hausse de notre dette, nous le ferons en travaillant davantage, en produisant. Il n’y pas d’État social, d’État-providence s’il n’y a pas d’État productif fort", a-t-il affirmé. Une position qui séduit Christelle, 40 ans, fonctionnaire habitant Levallois, en banlieue parisienne. "Il faut être pragmatique. C’est ce qui m’intéresse chez lui, il sait s’adapter aux réalités. Sur le RSA, son message consiste à dire que le politique ne peut pas tout, que les gens sont responsables de leurs choix et que chacun doit se prendre en main. Ce n’est pas choquant de demander quelque chose en contrepartie d’une allocation. Quand on est éloigné du travail depuis longtemps, certains sont blessés psychologiquement et n’ont plus la force de sortir de chez eux. Dans ces cas-là un petit coup de pouce qui prendrait la forme d’une obligation de donner de son temps peut faire du bien." Un peu plus loin dans les tribunes, Mathieu, un chef d’entreprise de 52 ans, est venu de Vanves, en banlieue parisienne également, pour assister à son premier meeting politique. Ancien électeur de Nicolas Sarkozy, il partage le même constat sur le "pragmatisme" d’Emmanuel Macron au sujet des retraites. "Son approche n’est pas trop politisée et c’est ce dont nous avons besoin. Les sujets majeurs comme la retraite ne sont ni de droite ni de gauche : c’est un problème structurel, on n’a pas les moyens de ne pas réformer. Et pour cela, il faut être pragmatique et accepter de travailler plus longtemps." Conscient que son succès dépend en partie de sa capacité à réunir des électeurs de gauche et de droite, Emmanuel Macron a vanté en fin de meeting, après 2 h 15 de discours, le "dépassement politique" et appelé "toutes celles et ceux de la social-démocratie au gaullisme, en passant par les écologistes qui ne nous ont pas encore rejoints, à le faire". Confronté à la progression dans les sondages de la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, mais aussi à la dynamique Jean-Luc Mélenchon sur sa gauche, Emmanuel Macron a enfin tenté de réintroduire le clivage "progressistes vs nationalistes" afin de représenter l'unique vote utile pour des électeurs de gauche encore hésitants. "C’est le combat du progrès contre le repli, le combat du patriotisme et de l’Europe contre les nationalismes. Les choix d’avril sont simples, au fond."

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