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Insolite et Faits divers

Pourquoi il ne faut pas avoir peur des requins en Méditerranée, comme celui aperçu sur une plage à Hyères dans le Var

Un requin peau bleue de deux mètres a été aperçu ce mercredi 27 juillet sur la plage de l'Almanarre à Hyères dans le Var. Rien d'anormal et d'inquiétant, une cinquantaine d'espèces de requins peuplent la Méditerranée. Il arrive parfois qu'ils s'égarent jusque sur nos côtes. La peur des squales est très ancrée dans l'imaginaire collectif. Les experts expliquent pourtant qu'il n'y a pas de danger. Petit moment de stress  ce mercredi 27 juillet. La plage de l'Almanarre à Hyères dans le Var serait fermée suite à la découverte d'un requin près du bord. Contacté, le service de communication du Service Départemental d'Incendie et de secours du Var SDIS, nous a donné ces précisions : Le requin a été vu  près de la plage du Port Hélène exactement dans une eau qui afficha aujourd'hui 25 degrés nous a précisé Salomé Vermersch, "beach marshall" sur la plage de l'Almanarre à Hyères. Il s'agit d'une femelle, "c'est confirmé par mes soins par les images qui nous ont été transmises dans la journée et fait au moins 2 m de long. Il faut rester à distance pour la sécurité de l'animal et pour ne pas la stresser'", nous précise Nicolas Ziani, biologiste marin fondateur du Groupe phocéen d'études des requins. C'est bien ce secteur qui est concerné et pour le coup, surveillé. La mairie a effet précisé qu'à "la demande du Groupe Phocéen d'Etude des Requins, en lien avec le CNRS, les accès à la plage de Port Hélène et à la digue donnant sur l’hôpital San Salvadour ont été neutralisés par la Police municipale." Une opération devrait se tenir pour  savoir comme aider cette femelle venue donner naissance. Qui est ce requin bleu ? Le requin bleu, appelé aussi requin peau bleue, est régulièrement aperçu dans les eaux de notre littoral. "Il y a des milliers de requins bleus au large surtout en été", nous explique Nicolas Ziani, responsable scientifique et fondateur du Groupe phocéen d'études des requins. Cette année là déjà, pendant plusieurs jours, la présence d'un requin bleu femelle avait suscité durant le mois d'avril la curiosité dans le port de l'Estaque à Marseille."Ces requins restent en surface car ils sont très sensibles à la température de l'eau et au soleil. On en voit dans les ports et les calanques. Ils viennent dans les eaux côtières pour chercher de la nourriture ou donner naissance. Chaque été on en voit un dans un port. Le requin bleu est opportuniste, il est attiré par les rejets de nourriture". Sans danger pour l'homme Ce requin bleu (Prionace glauca) est sans danger pour l’homme. C’est le cas de la plupart des 50 espèces recensées en Méditerranée, dont la grande majorité ne quitte jamais les grandes profondeurs de la Grande Bleue. Certains requins vivent jusqu'à 4.000 mètres de fonds.Il y a peu de risque qu’un humain en aperçoive un jour le bout d’un aileron. Les autres sont considérés comme inoffensifs par les spécialistes et vivent très loin des côtes, au grand large. En 2012, on a cru en voir un sur nos côtes mais la dentition a confirmé qu'il s'agissait en fait d'un requin Mako qui ne se nourrit que de gros poissons". Le Mako est de la famille du Grand requin blanc. Ce beau spécimen a été capturé par l'objectif du plongeur biologiste et photographe sous-marin Anthony Leydet qui a partagé sur son compte Instagram le cliché pris dans les eaux du Parc National des Calanques près de Marseille. Moins d'une dizaine de requins ont été signalés par des plaisanciers le long de nos côtes ces dernières années. Leur présence est indiquée sur cette carte : La population de requins dans les eaux méditerranéennes est évaluée à environ 500 individus. Il en existe une très grande variété. La plupart ne dépasse pas deux mètres.Les profondeurs abritent aussi de plus grands spécimens comme le requin renard à gros yeux, le requin marteau ou encore le requin pèlerin, un géant mangeur de plancton totalement inoffensif bien qu'impressionnant avec ses 10 mètres de long. Menacés de disparition De l’homme ou du requin, le squale est celui qui a le plus de raison d’avoir peur de disparaître.Mako, requin taupe, grand requin blanc, requin taureau, requin féroce, requin à peau bleue, requin-marteau, requin gris, aiguillat commun, centrine commune, squale chagrin commun, ange de mer commun, ces 12 espèces de Méditerranée sont sur la liste rouge mondiale des espèces en danger critique d’extinction établie par les experts de l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui évalue l’état des populations à travers le monde.L'association Longitude 181, qui mène des actions de sensibilisation depuis 2002 auprès du grand public, a publié un poster téléchargeable des espèces de Méditerranée à protéger. L' association Aileronsoeuvre elle aussi à la protection des requins de Méditerranée. Elle tente de sensibiliser le public et les pêcheurs plaisanciers à la préservation des squales comme ce requin peau bleue (Prionace glauca), "en danger critique d’extinction en Méditerranée" mais qui n'est une espèce protégée.Elle rappelle que c'est "le dernier grand requin pélagique que l’on peut encore observer dans nos eaux méditerranéennes" et que "sa population a diminué de plus de 90% au cours des dernières  décennies. Selon le baromètre de l'UICN, les populations de requins bleus, requin-marteau commun, grand requin blanc, requin féroce et squale chagrin commun ont baissé entre 2007 et 2016.Plusieurs facteurs sont en cause, principalement les prises accidentelles dans les filets, les déchets plastiques et la dégradation de leur habitat naturel par l'homme. La lenteur de la reproduction de certaines espèces joue aussi contre elles. La femelle requin blanc n’atteint sa maturité sexuelle qu’à 12 ans, elle a peu de petits et sa gestation dure de 7 mois à 2 ans."Les changements climatiques et leur incidence sur l’écosystème marin entraînent également des transformations de l’environnement qui menacent l’espèce, en impactant la distribution des populations ainsi que celles de leurs proies" souligne le WWFqui se bat pour la survie des requins dans le monde. Nul besoin d’ajouter une pression supplémentaire sur ces espèces déjà malmenées" plaide l'association qui a publié un guide de bonnes pratiques pour encadrer l'observation des requins. Une mauvaise réputation fantasmée Le requin est mal-aimé, il peine à inspirer la compassion du grand public.  Les mâchoires en carton-pâte du requin de Steven Spielberg ont durablement traumatisé les baigneurs du monde entier. Depuis 1975 la peur du mangeur d'homme a la vie dure. Il n'y aurait pourtant pas eu plus de 100 attaques d'hommes recensées en Méditerranée depuis le Moyen-Age. "Cinq attaques ont été recensées en France sur cette période, affirme Nicolas Ziani. La dernière monte à 1989 dans les eaux italiennes et c'était lors d'une chasse sous-marine. Le requin a été attiré par le signal envoyé par les poissons en détresse". Un grand timide En cas de rencontre fortuite avec un homme, c’est souvent le requin le plus stressé des deux. "Le requin est timide, insiste Nicolas Ziani, on a vu en 2012 un requin de 5 mètres tourner autour d'un bateau, quand il s'approche de lui, il s'enfuit". A la vue d’un bipède, la plupart des requins préfère tourner les nageoires.  "Il ne s'intéresse pas à l'homme sauf s'il est appâté avec des poissons qui saignent dans l'eau", soulignait le biologiste.Pour autant, il est recommandé aux plaisanciers qui viendraient à croiser un requin de ne pas s’approcher et de ne pas tenter de le toucher. Cela pourrait susciter un comportement de défense.  C'est d'ailleurs le cas avec la femelle de Hyères. "Elle est stressée et donne des coups de mâchoire si on s'en approche, précise Nicolas Ziani. Ce mercredi après-midi, l'opération de sauvetage n'est pas encore clairement définie. Régulateurs des autres espèces Si vous observez un squale dans les eaux du littoral en Paca, la bonne conduite à tenir est d’alerter les autorités et les associations de bénévoles. Les requins sont indispensables à la préservation des écosystèmes marins."Ce sont des prédateurs terminaux, ils mangent les animaux malades et morts. Ce sont des régulateurs-clés des autres espèces, milite Nicolas Ziani, il faut les respecter".Le scientifique multiplie les interventions auprès du public pour porter sans relâche ce message. Que faire si vous voyez un  animal ? Le groupe  diffuse notamment chaque été le message comme quoi il faut les joindre en cas de rencontre  : Et Nicolas Ziani, de conclure : "si ce n'est pas un requin, cela peut être une tortue ou une raie que les estivants croiseront cet été !

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