Policière municipale attaquée : "Il faut renforcer considérablement notre arsenal", assure la présidente de la commission des Lois à l'Assemblée nationale
"Il faut qu'il y ait des mesures judiciaires extrêmement fortes à la sortie de prison", explique Yaël Braun-Pivet après l'attaque au couteau vendredi contre une policière municipale en Loire-Atlantique.
"Il faut renforcer considérablement notre arsenal", a assuré samedi 29 juin sur franceinfo Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des Lois de l'Assemblée nationale, après l'attaque au couteau vendredi contre une policière municipale à La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique). L'assaillant présumé, un homme de 39 ans, était inscrit au fichier des signalements de la prévention de la radicalisation à caractère terroriste et effectué plusieurs peines de prison pour des faits de droits communs.
franceinfo : Comment contrôler ce type de profil ?
Yaël Braun-Pivet : C'est une question fondamentale, extrêmement compliquée, et sur laquelle, effectivement, nous nous interrogeons. Nous travaillons depuis des années pour suivre ce type d'individus. Il faut qu'il y ait des mesures judiciaires extrêmement fortes à la sortie de prison. Ce que l'on voit aujourd'hui, c'est qu'il y a un vrai nœud dans la prise en charge.
Il y a deux façons de faire : il y a celle qu'on a faite avec cet individu par ce qu'on appelle un suivi socio-judiciaire qui est prononcé lors de la condamnation. Donc, les juges vous condamnent à huit ans de prison, et en plus de cette peine, il y a tant d'années de suivi quand vous sortirez de prison. Ensuite, il y a ce que nous allons proposer dès mardi à l'Assemblée, qui est que lorsque le juge a prononcé des mesures de suivi en détention et que l'on se rend compte que la personne reste encore dangereuse, à ce moment, un juge pourra prononcer un suivi après la libération.
Quels types de suivi est possible ? Nous ne pouvons pas mettre un policier derrière chaque personne qui sort de prison.
Non, nous ne pouvons pas, et de toute façon, ça ne serait pas très efficace parce qu'on voit bien que là, ce sont des individus qui peuvent agir de façon non préméditée. Donc, cela peut être du suivi somme toute très classique, avec déclaration de domicile, répondre aux convocations d'un juge, obligation de travail et obligation de formation. Cela peut aussi être des obligations de suivre des soins psychologiques. Et puis, pour les détenus qui sont radicalisés, ça peut être également un suivi très poussé sur cette deradicalisation. Nous avons une étendue de suivi qui, à chaque fois, doit être affinée en fonction des profils et en fonction de l'évolution de ces situations.
L'avocat de cet assaillant présumé dit que c'est pendant sa rétention qu'il s'est radicalisé. Est-ce que cela est assez pris en compte aujourd'hui ?
Nous y travaillons depuis longtemps et nous mettons beaucoup de moyens sur la réinsertion, la formation, le désengagement de la radicalisation. Il faut bien évidemment travailler sur le suivi psychiatrique en détention mais tout le monde sait qu'on manque, malheureusement, de psychiatres. Il faut renforcer la possibilité de prendre en charge ces individus en détention. Ensuite, il y a aussi, évidemment, un service de renseignement pénitentiaire, que nous avons créé sous ce quinquennat pour justement détecter les individus potentiellement dangereux dans nos prisons.
Il y a toute cette gamme de travaux que nous faisons. Je rappelle également que ce sont 1 900 personnes de plus qui travaillent à la DGSI sous ce quinquennat. Donc, il faut renforcer considérablement notre arsenal. Il faut agir à tous les étages pour essayer de préserver au mieux la sécurité de nos concitoyens et bien évidemment, des forces de l'ordre. Pourtant, il serait vain de dire que le risque zéro existe, mais ça n'empêche qu'il faut qu'on multiplie les efforts pour protéger au mieux tous ceux qui interviennent et encore plus nos forces de l'ordre.