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Pluie de critiques contre Nicolas Sarkozy après ses propos sur une Ukraine "neutre"

Le plaidoyer de Nicolas Sarkozy pour une Ukraine "neutre" et un référendum censé "entériner" l'annexion de la Crimée suscite les critiques en rafales de politiques et d'experts qui jugent "honteux" les propos de l'ex-président et l'accusent d'être "acheté" par la Russie de Poutine. De retour dans les médias avec un nouveau tome de ses mémoires - avant son procès en appel dans l'affaire Bygmalion à l'automne - l'ancien locataire de l'Élysée a déclenché une tempête au coeur de l'été. Dans un entretien-fleuve au Figaro mis en ligne le 16 août en fin de journée, l'ex-président dénonce tous azimuts les choix de ses successeurs, de l'immigration aux émeutes de banlieue et du Sahel à l'Ukraine. Quitte à se mettre en porte-à-faux avec la diplomatie française en défendant le "compromis" avec Moscou, fut-ce au prix de la Crimée pour laquelle, dit-il, "tout retour en arrière est illusoire". Les répliques n'ont pas tardé. Julien Bayou a ouvert le feu jeudi matin : "Un ancien président ne devrait pas dire ça", a estimé le député écologiste sur LCI, fustigeant une interview "lunaire" et "choquante". Nicolas Sarkozy commet "une faute terrible", mais "on le comprend mieux quand on sait qu'il est acheté par les Russes", a-t-il ajouté, évoquant les liens entre Nicolas  Sarkozy et une société d'assurance russe. Un contrat à trois millions d'euros, objet depuis 2021 d'une enquête du parquet national financier pour "trafic d'influence" et "blanchiment de crime ou délit". Une preuve de plus de "l'emprise des élites par la Russie" selon Julien Bayou, au même titre que les activités dans le pétrole de François Fillon et l'emprunt bancaire de Marine Le Pen. Dans la majorité également, l'eurodéputée (Renew) Nathalie Loiseau a déploré sur X (ex-Twitter) "la dépendance d'une partie de la classe politique européenne aux vues de Vladimir Poutine", tandis que son collègue belge Guy Verhofstadt se demande s'il faut "rire ou pleurer" des déclarations de Nicolas Sarkozy, emblématiques des "erreurs tragiques" vis-à-vis d'une Russie devenue "un État terroriste". "Logique criminelle" L'analyse de Nicolas Sarkozy "illustre puissamment la confusion des élites françaises sur la Russie et affaiblit encore une fois la voix de notre nation en Europe. Pathétique", a déploré l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, allié du Parti socialiste. La ligne officielle n'a pas changé : "La position de la France au sujet de la guerre d'agression russe en Ukraine est bien connue", a fait savoir de son côté le Quai d'Orsay. "Aussi longtemps que nécessaire, la France et l'Union européenne seront présentes aux côtés des Ukrainiens", a pour sa part déclaré Pierre-Alexandre Anglade, président de la commission des Affaires européennes du Palais Bourbon. Le pouvoir ukrainien n'en attend pas moins, rejetant toute velléité de référendum et blâmant la "logique criminelle" de Nicolas Sarkozy, qui "justifie la guerre d'agression" du Kremlin, ce qui équivaut à une "complicité directe", selon Mykhailo Podolyak, conseiller du président Volodymyr Zelensky. La tonalité est bien différente à Moscou, où l'ancien président russe Dmitri Medvedev qui, à ce titre, côtoya Nicolas Sarkozy a salué ses "déclarations à la fois audacieuses et justes". Les spécialistes des relations internationales étaient également circonspects, à l'image de François Heisbourg qui juge que cette "interview pro-Poutine honteuse" pourrait "mettre dans le pétrin" l'ex-président français, "et pas seulement politiquement". Membre comme lui de la Fondation pour la recherche stratégique, Bruno Tertrais a ironisé sur un entretien qui "pourra faire rire, pleurer ou susciter de la commisération". Avant de renvoyer vers un ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy qui "tape très fort" : l'ancien coordonnateur adjoint du renseignement Jérôme Poirot a condamné sur LCI les propos de l'ex-chef de l'État qui selon lui "n'a aucun recul sur ce qui s'est passé" ni "sur ce qu'il a fait" durant son mandat. L'invasion de la Géorgie en 2008, malgré son intervention pour bloquer l'adhésion à l'OTAN de ce pays du Caucase, ne l'empêche pas d'affirmer aujourd'hui qu'il connaissait "les lignes rouges de Poutine". "On tombe de sa chaise", s'est offusqué Jérôme Poirot, interrogeant: "Quelles étaient les lignes rouges du président Sarkozy ? Quelle était la vision qu'il avait de la sécurité de la France ? (...) Simplement satisfaire les desiderata de Vladimir Poutine ?"

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